Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, a annoncé ce vendredi l’interdiction du pesticide CRUISER OSR, utilisé pour l’enrobage des semences de colza, en raison d’effets néfastes soupçonnés sur les abeilles. “La France retrouve son rôle de leader précurseur en matière de gestion des homologations de produits phytosanitaires. Cette décision indique une volonté de protection de l’environnement et de préservation des insectes pollinisateurs, en particulier des abeilles” déclare Henri Clément, porte-parole de l’UNAF et auteur d’Une vie pour les abeilles, tout juste paru aux éditions Rue de l’échiquier.
Cela ne doit pas nous faire oublier que le marché des pesticides est en hausse en 2011. En volume, la hausse est de 1,3% tandis qu’en valeur la progression atteint +5% pour un chiffre d’affaires approchant 1,9 milliard d’euros.
Pourquoi ? « Le lobby des pesticides met en cause les conditions météorologiques. C’était déjà le cas en 2007, ce sera très certainement encore le cas en 2012. Les conditions météorologiques font partis des facteurs à prendre en compte et seront toujours fluctuantes au gré des années » estime l’ONG Générations Futures. « En fait, cette hausse pointe surtout le manque total de volonté politique de pousser en profondeur un changement du système agricole qui conduit à l’immobilisme, à la reprise en main très nette de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA) – et de ses représentants- et donc à un échec, à ce jour, du plan Ecophyto ».
Les ventes d’herbicides ont grimpé de 17%. Générations Futures s’interroge : « Pourquoi ne pousse-t-on pas plus les techniques alternatives à ces produits potentiellement dangereux ? Pourquoi la France n’est pas plus agressive pour défendre un verdissement de la PAC au niveau européen ? Pourquoi favorise-t-on la mise en marché de semences enrobées qui ne fait que renforcer un système agricole intensif ? Pourquoi la France continue-t-elle à demander des dérogations à l’utilisation de certains pesticides ? Ou est la cohérence ? »
Premier pays agricole européen, la France est aussi le plus grand utilisateur de pesticides. Au niveau mondial, le marché des pesticides est en nette progression, +15% en valeur malgré la présence des OGM dans de nombreux pays censés réduire l’usage de ces produits.
« Alors que les mesures prises dans le cadre du Grenelle de l’environnement annonçait -50% de pesticides en 2018, +6% de bio en 2012 force est de constater que les résultats ne sont pas au rendez-vous. Nous comptons sur le nouveau Gouvernement pour savoir prendre les mesures qui s’imposent dans les mois qui viennent pour mettre au cœur de ses politiques publiques la protection de la santé et de l’environnement et la promotion de systèmes alternatifs respectueux de l’Homme et de la planète » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « Nous saurons être vigilants » conclut-il.