Après Kyoto et avant Copenhague.
La crise, l’impératif écologique et le climat
Le 7ème Forum Mondial du Développement Durable a tenu ses assises de conclusions les 19 et 20 novembre 2009 à Paris, à l’Institut du Monde Arabe.
Profitant de la proximité, dans quelques semaines, du sommet de Copenhague, les débats qui y ont eu lieu sur le réchauffement climatique ont dressé une vision globale des défis auxquels l’humanité est confrontée dans ce 21ème siècle naissant : pénurie alimentaire, problèmes d’eau et d’énergie, migrations, risques de conflit.
La diversité et la qualité des intervenants de multiples pays, scientifiques, représentants d’administration, de l’industrie ou de la société civile, fournirent une large variété d’éclairages permettant de cerner les enjeux du sommet de Copenhague, les espoirs qu’il porte et les déceptions qui pourraient en sortir. La participation de Ministres, dont certains en activité – notamment la Secrétaire d’Etat à L’Ecologie et au Développement Durable, Madame Chantal Jouanno, le Premier Ministre du Burkina Faso, Tertius Zongo…, a ancré le débat dans le processus de décisions.
La croissance démographique humaine s’est faite en puisant sans souci dans les ressources que la Terre pourvoyait. Maintenant, la population mondiale va atteindre un niveau tel que la mise en place d’une gestion globale solidaire et efficace de ces ressources devient impérative.
Le sommet de Copenhague peut et doit être une étape essentielle sur cette voie. Le réchauffement climatique frappera de façon indistincte tous les pays, même si la gravité des consèquences en sera différenciée. La prise de conscience est enfin réalisée et, aujourd’hui, chaque Etat étudie et évalue quel pourrait être sa contribution dans la lutte commune. Mais au bout des comptes, des négociations longues et difficiles seront à mener pour arriver à un partage équitable des efforts ; le délai est trop bref pour y atteindre un compromis quantifié. L’espoir, à Copenhague, portera donc avant tout sur la mise en place, au niveau international, d’un organisme de contrôle, pendant de l’OMC et d’un OIT renforcé, permettant de suivre l’évolution des différents pays vers leurs futurs objectifs chiffrés et de contrôler la tenue de leurs engagements. L’espoir portera aussi sur une décision de créer des ressources financières supplémentaires, dans un monde qui tente de se remettre d’une crise économique et financière majeure, afin d’aider les pays les plus démunis à résoudre leur problèmes fondamentaux et créer les bases d’un développement durable.
Mais le processus qui peut sortir du sommet de Copenhague ne peut s’apprécier uniquement à l’aune des principes vertueux qui le ponctuera. Il doit se juger aussi sur son efficacité ; les pays riches devront baisser leurs émissions de gaz à effet de serre ; les plus pauvres auront la possibilité de les augmenter et recevront de plus un soutien financier pour leur développement. Les mécanismes qui seront mis en place devront donc éviter les effets d’aubaine qui ne conduiraient qu’à des transferts de pollution ; ils devront être basés sur l’internalisation des données économiques de l’ensemble de la chaine de production et de commercialisation, gaz à effet de serre, santé,…. Par ailleurs, il faudra être attentif à ce que les marchés ne puissent générer une bulle écologique par des paris sur le rêve plutôt que sur le concret et le réel, bulle dont l’éclatement risquerait de tuer tous les efforts de prévention contre le réchauffement climatique. La recherche, l’innovation et les technologies nouvelles ont un rôle essentiel à jouer pour bâtir le futur, mais à un rythme malheureusement plus lent qu’on ne le voudrait.
Au plan politique, un consensus semble se dessiner vers un objectif de limitation du réchauffement à 2°C sur la base des simulations menées par les spécialistes. Beaucoup d’incertitudes fragilisant cet objectif, compromis entre les connaissances actuelles sur la modélisation du climat, le choix d’une valeur techniquement atteignable et politiquement acceptable par tous.
C’est pourquoi il n’est pas possible de concentrer uniquement les efforts sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais il faut aussi y intégrer les moyens de lutte contre les conséquences du réchauffement en déployant des actions préventives dans les territoires qui seront le plus touchés, tels les régions de delta, les zones en risque d’aridité ou de pluies diluviennes.
L’humanité s’est trouvée un ennemi commun, le réchauffement climatique et semble prête à développer des actions concertées. Or les débats du Forum ont souligné l’étroite corrélation ente les moyens de lutte contre ce phénomène et ceux engagés contre la malnutrition et la pauvreté. Ils ont aussi fait ressortir la nécessité d’une gouvernance mondiale renforcée et du déploiement de moyens financiers supplémentaires. La crise économique mondiale a préparé les dirigeants à cette prise de conscience ; saisiront-ils à Copenhague l’occasion de montrer que les leçons du passé et du présent ont été comprises ?
De cette convergence des temps et des objectifs, il fut question lors de l’ouverture et de la conclusion du Forum avec les interventions de MM Christian Masset, Directeur Général de la Mondialisation (MAEE), Dominique Baudis, Président de l’Institut du Monde Arabe et Emile H. Malet, Directeur de la revue Passages et du Forum.
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