dimanche 10 août 2008 par Redaction Tibet Info (JMB)
A la veille de la visite en France du Dalaï Lama – du 12 au 23 août -, Matthieu Ricard [[Fils du journaliste et philosophe français Jean-François Revel, Matthieu Ricard est devenu moine bouddhiste en 1979, et fait notamment office d’interprête du Dalaï Lama lors de ses voyages en France.]] juge dans un entretien avec l’AFP qu’il y a « un contraste ahurissant entre la fête grandiose et la magnificence des JO et la terreur qui continue à régner non seulement à Lhassa mais sur presque l’ensemble du Tibet historique ».
Au Tibet, « chaque rue a son bataillon de la police ou de l’armée, et jusque dans les provinces de l’est, il y a un militaire pour trois habitants. C’est le régime de la terreur », dit Matthieu Ricard, affirmant que « 5 à 10 000 personnes croupissent dans les prisons sans aucun jugement ».
« Il y a deux mondes différents qui se superposent : l’un c’est le slogan des JO, ’un monde, un rêve et une société harmonieuse’, l’autre c’est une répression brutale et un contrôle à 100% qui se poursuit depuis le mois de mars ».
« Après la répression de mars qui a choqué partout, il y a eu une volonté politique dans le monde comme on n’en avait pas vu depuis des années, y compris en France ».
« Une rencontre du Dalaï Lama avec les autorités chinoises s’est avérée impossible. Une délégation du gouvernement en exil a été reçue par Pékin mais cela n’a rien donné », note Matthieu Ricard, selon lequel « une nouvelle session est prévue en octobre après les JO ». Ce sera « une rencontre charnière ».
Il confirme par ailleurs que le Dalaï Lama a préféré le report d’une rencontre avec le président français lors de sa visite, pour ne pas « provoquer » le gouvernement chinois.
« Le Dalaï Lama et le président français ont convenu que provoquer le gouvernement chinois avec une rencontre au moment des Jeux [[Très critiqué pour avoir « renoncé » à rencontrer le chef spirituel bouddhiste, le président français avait assuré que le Dalaï Lama lui-même avait préféré ce report.]] n’amènerait qu’un durcissement de la position des Chinois ». « Finalement, c’est le peuple tibétain qui aurait trinqué ».
« Une rencontre va se faire cette année après les Jeux dans un climat beaucoup plus favorable sans que cela soit ressenti comme une gifle » par Pékin. Pour Matthieu Ricard, « il faut faire comprendre à la Chine que c’est dans son intérêt, dans son souci de stabilité et d’unité, de répondre aux aspirations légitimes des Tibétains ».
« Ceux-ci ne demandent pas grand-chose : ils ne mènent pas un combat séparatiste mais veulent simplement vivre selon leurs traditions, en pratiquant leur langue et leur religion ».
« Si la Chine veut être respectée dans le monde, elle ne peut plus ignorer la question du Tibet. Le Tibet historique représente 27% du territoire chinois et ce n’est pas un problème qui va s’évaporer de lui-même ».
(…)
Source : AFP 10 août 2008
– Lire l’intégralité de l’article sur le site tibet-info.net