Si les réseaux intelligents (Smart Grids) s’avèrent indispensables à la transition énergétique et à la décarbonation de notre mix énergétique, la digitalisation croissante du système électrique invite à se questionner sur les impacts environnementaux générés par l’explosion de capteurs et de données qu’il faut ensuite transporter, stocker et traiter … L’association Think Smartgrids publie un livre blanc qui détaille en sept axes les bonnes pratiques à mettre en place pour déployer la sobriété numérique dans les projets de réseaux intelligents (Smart Grids), avec de nombreux exemples d’initiatives et projets déjà déployés. En effet, si la transition énergétique impose une digitalisation globale de nos systèmes énergétiques, il est important de mesurer et de réduire les impacts de cette digitalisation.
En mars dernier, l’ADEME et l’ARCEP ont tiré la sonnette d’alarme dans une étude sur l’empreinte environnementale du numérique : avec une croissance des émissions de CO2 de 8 à 9% par an, les émissions du secteur pourraient tripler d’ici à 2050. En parallèle, la réglementation se durcit depuis quelques années pour lutter contre « l’obsolescence logicielle », imposer de nouvelles obligations en termes d’analyse du cycle de vie des matériels et d’éco-conception numérique, réduire l’impact environnemental des centres de données, ou encore encourager la mutualisation des données. Pour appliquer les principes de sobriété numérique aux smart grids, le livre blanc se penche notamment sur l’optimisation des flux et du stockage des données, mais aussi sur la mutualisation de ces données et des infrastructures numériques. Une dizaine d’acteurs ont été interrogés sur leur vision et leurs pratiques par Colombus Consulting, qui a piloté l’étude au sein de la Commission Digitalisation de l’association. Des exemples concrets d’initiatives sont donnés sur sept axes clés :- Réduire l’empreinte du matériel pour la collecte, le stockage et le traitement de données, ainsi que celle des terminaux numériques. Il s’agit aussi bien d’écoconcevoir les matériels que de mener une réflexion sur un dimensionnement « au plus juste », voire sur la nécessité de déployer de nouveaux équipements.
- Revoir l’architecture technique des infrastructures de collecte et traitement des données afin d’optimiser le volume de données stockées, transportées et traitées, tout en apportant le niveau de service attendu.
- Favoriser l’open data et les plateformes mutualisées de stockage et de traitement des données pour éviter les redondances et utiliser les mêmes données pour différents cas d’usage.
- Agir pour la frugalité logicielle avec une conception au plus proche des usages et des besoins.
- Privilégier les cas d’usage avec un bénéfice environnemental démontrable, et en cherchant à éviter de répliquer des projets déjà existants.
- Développer une réelle gouvernance de la sobriété numérique pour inciter l’ensemble des acteurs à se saisir du problème.
- Renforcer la normalisation et l’interopérabilité des données, prérequis essentiel pour faciliter la mutualisation et le partage des données et de leurs traitements. Cette standardisation optimise par ailleurs le stockage et le traitement des données, permet de lutter contre l’obsolescence technologique et de renforcer la cybersécurité.