A l’occasion de la présentation en avant-première du film CAUGHT, nous avons rencontré l’activiste écologiste canadien Dax Dasilva. Ce film, réalisé en collaboration avec Sea Shepherd, consacré aux ravages de la surpêche et aux prises « accidentelles » de dauphins, a été rendu possible grâce au fondateur de Age of Union.
Age of Union c’est le nom d’une nouvelle organisation environnementale internationale. A but non lucratif son objectif est de soutenir et rendre visible une communauté mondiale d’activistes engagés pour protéger les espèces et les écosystèmes menacés. « La prochaine décennie sera cruciale » estime Dax Dasilva dans cet entretien, le premier réalisé par un média français. « Je veux montrer par mon parcours que puiser dans notre spiritualité et nos passions peut s’avérer utile dans la réalisation de soi pour devenir les acteurs du changement que nous voulons voir dans le monde. » Fort d’une confiance inébranlable en l’être humain, l’homme d’affaires porte sa fondation avec la foi d’un missionnaire des temps modernes qui compte bien participer à la construction d’un monde meilleur. « Nous devons absolument modifier le discours que nous tenons sur l’environnement. Pour en faire un discours porteur d’espoir ». Rencontre avec un entrepreneur atypique devenu le partenaire de nombreuses ONG telles que Sea Shepherd en France. Né à Vancouver, il grandit dans une famille venue d’Ouganda. Dès l’âge de 14 ans, il révèle son homosexualité, alors qu’il fréquente une école catholique pour garçons. A 16 ans, il participe aux manifestations de la Bataille de Clayoquot Sound pour protester contre l’exploitation forestière d’une forêt ancienne. Surnommé la Guerre dans les Bois, ce mouvement est encore à ce jour le plus important acte de désobéissance civile canadien. « C’est à ce moment là que je me suis rendu compte à quel point l’environnement était important pour moi » nous confie Dax Dasilva. Il poursuivra des études supérieures en informatique à l’Université de la Colombie-Britannique, avant de se tourner vers les sciences religieuses et l’histoire de l’art. Par la suite, il déménage à Montréal en 2001 et devient l’un des porte-parole des droits LGBTQ+. En 2005, Dax Dasilva crée Lightspeed. Fondée sur les principes d’inclusion et de diversité, l’entreprise devient l’une des sociétés informatiques les plus prometteuses au Canada. Aujourd’hui, la société cotée à la Bourse de New York et Toronto fournit des plateformes de commerce électronique des plus avancées. Ses solutions informatiques sont utilisées par des professionnels du commerce de détail et de la restauration dans plus de 100 pays. En 2019, il publie un livre intitulé Age of Union. Fondé sur quatre piliers — le leadership, la culture, la spiritualité et la nature —, il se veut un guide pour toute personne déterminée à devenir un acteur du changement. Age of Union fournit donc des conseils pratiques à ceux qui souhaitent créer une entreprise ou une organisation à but non lucratif, tout en encourageant la protection de l’environnement. « C’est une boîte à outils pour toute personne qui souhaite changer les choses, de quelque manière que ce soit, et réaliser son plein potentiel. Je crois que chaque individu a le pouvoir de transformer notre monde pour de bon ». Dax Dasilva n’a jamais caché son appétence pour la spiritualité. « Fondamentalement, la spiritualité, c’est la croyance qu’on est connecté avec le reste. Qu’il y a quelque chose de plus grand qui nous dépasse » confesse Dax. « C’est aussi le fait de dire qu’on est tous égaux entre humains, mais aussi entre les différentes espèces. La spiritualité, c’est quelque chose qui nous connecte. Si on est les égaux des animaux, ça amène forcément à vouloir les protéger ».« Là où il y a action, il y a espoir »
Pour joindre le geste à la parole, Dax Dasilva a lancé en 2021 Age of Union Alliance, une organisation à but non lucratif qui soutient des projets sur le terrain visant à protéger les espèces et les écosystèmes menacés dans le monde. Dax Dasilva injecte alors 40 millions de dollars dans la création de la fondation. « J’ai fondé Age of Union comme une initiative environnementale axée sur l’action, en raison de l’urgence immédiate de sauver les espèces et écosystèmes menacés sur la planète », explique le fondateur d’Age of Union. « La prochaine décennie sera cruciale : nous devons absolument modifier le discours que nous tenons sur l’environnement, en un message porteur d’espoir. Par les efforts de conservation d’Age of Union, nous espérons inspirer un changement fondé sur la notion que tous les gestes, petits et grands, lorsqu’ils sont concertés, peuvent modifier pour le mieux la trajectoire de notre planète. » Depuis un an, la fondation a déjà soutenu dix projets, de la protection de la forêt Dulan à Bornéo menacée par des mines de charbon avec le programme Kalaweit à la préservation de la rivière Las Piedras au Pérou avec le programme de gardes forestiers JungleKeepers. Parmi ses autres contributions, la fondation a fait don de 4,5 millions d’euros à Sea Shepherd pour lutter contre la pêche illégale et prévenir les prises accidentelles de dauphins.Un partenariat avec Sea Shepherd pour protéger les dauphins
« Lorsque nous avons lancé Age of Union en octobre 2021, l’un des premiers partenaires avec lequel nous avons souhaité travailler était Sea Shepherd » précise Dax Dasilva. « Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd, a été une grande source d’inspiration pour moi, aussi loin que je puisse me rappeler. Ce que Sea Shepherd a réussi à faire au cours des 50 dernières années, notamment sauver la population de baleines de l’extinction, est une véritable source d’inspiration. » Son partenariat avec Sea Shepherd a permis de financer le navire « M/Y Age of Union » pour des missions dans les eaux françaises. Ces missions révèlent les conséquences dramatiques des méthodes de pêche non sélectives et dangereuses, en mettant l’accent sur les prises illégales de dauphins au large des côtes françaises, alors que le gouvernement français n’intervient pas. Environ 10 000 dauphins sont abattus chaque année par la pêche commerciale non réglementée de la côte atlantique française dans le golfe de Gascogne, soit deux fois plus que tous les autres pays réunis. « Les effets de ces actes injustifiés continueront à détruire nos océans et tout ce qui y vit si nous n’agissons pas maintenant » considère Dax Dasilva. « Même si nous ne sommes pas capables de voir ces magnifiques créatures dans nos vies quotidiennes, il y a un immense monde sous-marin et nous n’avons partagé qu’un petit fragment de l’importance qu’ils ont pour nous et notre environnement. Nous ne pouvons pas fermer nos yeux et laisser nos espèces les plus précieuses se faire prendre dans ces filets. » « C’est ce qui a réuni Age of Union et Sea Shepherd – la mission partagée de sauver la faune marine et de préserver les écosystèmes océaniques fragiles. Si un grand nombre de personnes s’inquiète des méthodes de pêche pratiquées en France, peut-être que le gouvernement français fera mieux respecter les lois destinées à protéger ces espèces. » C’est l’objectif du film CAUGHT qui revient sur la mission Dolphin. Pour Dax Dasilva « la seule façon de sauver les écosystèmes océaniques et de protéger les espèces importantes comme les dauphins, est de comprendre ce qui se passe au-delà de ce que nous pouvons voir ». Quant on lui demande quelle personnalité l’inspire aujourd’hui, Dax Dasilva n’a aucune hésitation : « Lamya Essemlali ! » (la présidente de Sea Shepherd France). « Lamya est vraiment une incarnation de ces acteurs du changement. C’est l’héroïne du film et une femme d’action ». Le film CAUGHT fait parti de la sélection officielle du Wildscreen Film Festival 2022. Une satisfaction pour Dax Dasilva. « L’objectif avec les films réalisés autour des missions de préservation soutenues par ma fondation, c’est d’aider à une prise de conscience et d’inviter les gens à s’impliquer pour inciter les gouvernements à prendre des mesures ». Dans notre entretien consacré à Lamya Essemlali, la présidente de Sea Shepherd confirme d’ailleurs que depuis la sortie de Caught des solutions sont discutées actuellement avec le ministère de l’Ecologie en France. Comme quoi, la force des images permet la prise de conscience même chez les dirigeants. Et Dax Dasilva ne compte pas en rester là, le prochain film qui sera présenté au public est consacré à la protection des gorilles au Congo. Et la aussi il y a urgence. Le gorille des montagnes est désormais en danger critique d’extinction sous l’effet couplé du braconnage, de la perte de son habitat et des maladies apportées par l’Homme.« Je crois dans la puissance de l’art et de la culture pour influencer la façon dont nous considérons le monde autour de nous »
En attendant la mise en ligne de ces films sur le site de la fondation, Dax Dasilva vient d’inaugurer Centre Terre à Montréal. Le site accueille un espace d’exposition d’art environnemental de 10 000 m2 où le public pourra explorer le littoral français, le fleuve Saint-Laurent, ainsi que l’Amazonie péruvienne par l’entremise de photos et de vidéos qui illustrent la démarche de conservation de la fondation avec ses partenaires Sea Shepherd, Conservation de la nature Canada et Junglekeepers. Dans la partie interactive, les visiteurs découvriront l’œuvre d’Aude Guivarc’h, une allégorie de l’état de notre planète et de l’incidence de l’activité humaine sur sa santé. « Je crois dans la puissance de l’art et de la culture pour influencer la façon dont nous considérons le monde autour de nous » explique Dax Dasilva. « Alors que des dangers, anciens et nouveaux, continuent de menacer la Terre, nous espérons inspirer le changement en employant l’art pour rappeler à l’humanité non seulement son rôle dans la destruction de précieux écosystèmes, mais sa responsabilité de restaurer et préserver la Terre pour sa beauté naturelle. » Fort de son parcours personnel, Dax Dasilva a inventé une approche nouvelle qui combine l’art, le cinéma, la musique, la technologie et l’inclusion culturelle dans les projets environnementaux soutenus par la Fondation. Une approche selon laquelle la tête et le cœur sont intimement liés et sources de solutions. L’entrepreneur devenu activiste nous invite à devenir les acteurs du changement que nous voulons voir : « L’heure ne se prête pas au pessimisme. Nous devons transformer cette énergie en carburant pour trouver des solutions et agir sans attendre. Nous avons bon espoir pour l’avenir, alors retroussons nos manches et mettons-nous au travail! »