Le protocole de Montréal est un accord international visant à réduire et à terme éliminer complètement les substances appauvrissant la couche d’ozone : CFC (chlorofluorocarbones), HCFC (hydrochlorofluorocarbones), etc.
La couche d’ozone protège les organismes vivants des effets nocifs du rayonnement solaire ultraviolet. À la fin des années 1970, des recherches scientifiques en Antarctique ont mis en évidence un trou dans la couche d’ozone.
Les activités humaines en sont responsables notamment via l’émission de molécules composées de carbone, de fluor et de chlore qui furent utilisées dans un grand nombre de processus industriels et de produits de consommation. Les CFC sont aujourd’hui définitivement supprimés à l’exception de quantités très minimes et indispensables (utilisation en médecine).
Samedi dernier, les 191 pays ayant ratifié le protocole de Montréal se sont mis d’accord pour accélérer de 10 ans l’élimination des HCFC. La production de ces substances sera gelée en 2013 à son niveau de 2009-2010, avant leur élimination totale, qui a été avancée à 2020 pour les pays développés et 2030 pour les pays en développement. Les pays développés sont convenus de réduire leur production et leur consommation de 75% dès 2010, puis de 90% en 2015. Quant aux pays en développement, ils ont accepté une réduction de 10% en 2015, qui passera à 35% en 2020 et à 67,7% en 2025.
C’est l’une des nouvelles actions mondiales les plus significatives pour lutter contre le réchauffement climatique !
S’il pouvait en être de même pour le protocole de Kyoto…
Le protocole de Kyoto, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, a été ratifié à ce jour par 156 pays à l’exception notable des États-Unis et de l’Australie. George Bush s’oppose à ce modèle qui, estime-t-il, pénalise les pays riches et exonère les pays en voie de développement comme la Chine ou l’Inde, au risque de détruire de l’emploi dans les économies liées par cet accord.
Depuis sa création, le traité est remis en cause par le lobby des sceptiques qui considère que le réchauffement climatique n’est pas d’origine humaine et critique de ce fait l’utilité du protocole de Kyoto qui engendrerait à la place des dépenses inutiles. Aux Etats-Unis, certains scientifiques, industriels des secteurs du pétrole, de l’acier et de l’automobile et hommes politiques de droite continuent de nier l’existence du changement climatique.
En février dernier, le rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) concluait pourtant que « Le réchauffement du système climatique est sans équivoque » et « très vraisemblablement » dû à l’augmentation observée des gaz à effet de serre émis par l’Homme. Le taux de certitude est supérieur à 90%, contre 66% en 2001. Aussitôt, un lobby conservateur longtemps financé par la compagnie pétrolière ExxonMobil offrait 10 000 dollars à des scientifiques pour rédiger des articles critiquant le nouveau rapport et les modèles informatiques sur lequel il reposait…
Lors de la prochaine conférence mondiale sur le réchauffement climatique organisée à Bali début décembre, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, espère faire aboutir un nouvel accord pour succéder au protocole de Kyoto, qui expire en 2012.
L’objectif initial comportait des engagements absolus de réduction des émissions de dioxyde de carbone et de cinq autres gaz à effet de serre (GES) pour 38 pays industrialisés, avec une réduction globale de 5,2 % des émissions d’ici 2012 par rapport aux émissions de 1990. L’UE s’est par ailleurs engagée à réduire les émissions d’au moins 20% supplémentaires d’ici 2020.
Evolution des émissions de gaz à effet de serre de 1990 à 2004 :
– Allemagne : -17 %
– Canada : +27 %
– Espagne : +49 %
– États-Unis d’Amérique : +16 %
– France : -1.7 %
– Grèce : +27 %
– Irlande : +23 %
– Japon : +6.5 %
– Royaume Uni : -14 %
– Portugal : +41 %
S’exprimant au nom de l’Union européenne, le président français Nicolas Sarkozy a assuré lundi lors d’un sommet inédit à l’ONU sur le climat que l’objectif de réduction de 50% des émissions de GES d’ici 2050 « est une absolue priorité pour éviter une catastrophe mondiale« . Il a également de nouveau insisté sur la nécessité de fixer des objectifs globaux et chiffrés. « Si nous ne nous fixons pas d’objectifs nous ne ferons rien« , a-t-il déclaré. Il a rappelé que la France visait pour sa part – 75% d’ici 2050.
En décembre, le plus dur sera donc de parvenir à un consensus avec les États-Unis et les pays en voie de développement comme la Chine ou l’Inde qui font partie des plus grands pays émetteurs de GES et qui utilisent encore l’argument économique pour justifier les réticences à des objectifs négociés de réduction des émissions…
Le problème est d’ordre politique, les pays doivent s’entendre sur les mesures à prendre et sur leur mode de financement (éducation à l’écologie, fiscalité écologique, réorienter le soutien à la recherche vers les innovations technologiques en matière environnementale, crédit d’impôt en faveur des économies d’énergie et des énergies renouvelable, etc.).
Un investissement relativement modeste, aujourd’hui et dans les années à venir, permettra d’éviter ensuite des conséquences catastrophiques et des coûts bien plus élevés. Des technologies propres (Clean Tech) requises pour stabiliser le climat sont déjà disponibles ou le deviendront très prochainement. Mais, compte tenu des politiques en vigueur, elles sont souvent trop coûteuses pour rivaliser avec les activités à forte intensité de carbone.