« L’économie verte en trente questions » est le nouveau Hors-Série d’Alternatives Economiques, en partenariat avec l’Institut Veblen, publié en Mars 2013. A découvrir aussi l’ Économie verte : marchandiser la planète pour la sauver ?, nouveau numéro de la collection « Alternatives Sud » – Points de vue du Sud aux Éditions Syllepse. « Alors que le chômage ne cesse de progresser, la tentation est grande de considérer que l’environnement peut attendre. Comme si les impératifs de court terme – relancer l’économie et l’emploi – s’opposaient aux enjeux de long terme – lutter contre le changement climatique, réduire notre dépendance énergétique. Bien au contraire, la triple crise économique, sociale et écologique nous invite à questionner les finalités de l’économie. Que doit-on produire ? En mobilisant quelles ressources ? Avec quels résultats ? Comment aller vers un nouveau plein emploi ? Et comment produire de quoi nourrir, loger, vêtir, déplacer, éclairer les neuf milliards d’hommes et de femmes que comptera demain notre petite planète tout en respectant ses limites ? Bref, penser un modèle social qui soit juste, soutenable et désirable. C’est à ces questions que répond ce hors-série poche. Il dresse un état des lieux détaillé de la crise écologique. Il donne des clés pour rendre notre économie plus durable. Il s’interroge sur les instruments à mobiliser pour réussir la transition.<:i> »
L’économie verte en trente questions
Hors-série poche Alternatives Economiques n° 61 Mars 2013 En kiosque actuellement (9,50 euros) Editorial – Vous avez dit « économie verte » ? par Philippe Frémeaux, éditorialiste à Alternatives Economiques, président de l’Institut Veblen pour les réformes économiques Est-il raisonnable de laisser croire, face au défi du chômage, qu’on pourrait concilier une croissance indéfinie de l’économie et une économie réellement verte, c’est-à-dire soutenable ? La réponse est non Le terme d’économie verte est aujourd’hui utilisé à toutes les sauces. Il sert tout d’abord à désigner les activités qui diminuent ou réparent les atteintes à l’environnement. Dans cette acception, l’économie verte se réduit à ce compartiment de l’économie dont l’expansion est portée par les politiques environnementales actuelles. C’est ainsi qu’on peut entendre nos ministres se féliciter de la multiplication des emplois verts, sachant qu’en pratique, ceux-ci sont d’autant plus nombreux qu’on produit davantage de déchets et qu’on gagne plus d’argent à les ramasser et à les trier. Le terme économie verte est également largement utilisé pour vanter des innovations techniques qui se présentent comme bonnes pour l’environnement, mais qui sont d’abord des moyens de continuer à produire et à consommer comme avant. Certes, progrès technique et innovation devraient nous permettre de produire demain en utilisant moins de ressources et moins d’énergie. En revanche, il n’est pas sérieux d’imaginer que la possession par tous d’une voiture électrique roulant à l’électricité nucléaire soit la solution à la demande de mobilité des 9 milliards de personnes que comptera demain notre petite planète ! De manière plus systémique, enfin, la notion d’économie verte est présentée comme le moyen de réconcilier l’écologie et l’économie. Les investissements que supposerait sa mise en oeuvre seraient ainsi le moyen de relancer la croissance. Et il faut bien avouer que celle-ci n’est jamais aussi désirable que lorsqu’elle a disparu, comme c’est le cas aujourd’hui en Europe. De fait, à mesurer les risques politiques liés à l’approfondissement de la crise de la zone euro, on ne peut que souhaiter que les voies d’une sortie de l’austérité sur notre continent soient rapidement dégagées. Mais est-il pour autant raisonnable de laisser croire, face au défi du chômage, qu’on pourrait concilier une croissance indéfinie de l’économie et une économie réellement verte, c’est-à-dire soutenable ? La réponse est non. Au cours des dernières décennies, grâce à la montée des services et à l’optimisation des procédés industriels, la consommation de ressources entraînée par la création d’une unité de produit intérieur brut supplémentaire a plutôt diminué. Mais la corrélation demeure positive entre la croissance de l’activité – telle qu’elle est définie aujourd’hui – et celle de l’utilisation des ressources. Autant dire qu’aller vers une vraie économie verte, c’est-à-dire propre à satisfaire les besoins de toute l’humanité sans détruire les bases naturelles de la vie, suppose des transformations bien plus profondes de nos modes de production et de consommation que ce qui nous est généralement proposé aujourd’hui. Des transformations qui, loin de nous faire vivre moins bien, pourraient au contraire nous permettre de vivre mieux si nous prenons les bonnes décisions. Pourquoi il faut changer de cap – Et si Malthus finissait par avoir raison… La croissance spectaculaire de l’économie mondiale depuis deux siècles s’est faite à crédit, en consommant massivement les ressources épuisables de la planète. Il est temps de changer de modèle. – Bienvenue dans l’anthropocène Les gains d’efficacité énergétique ne suffisent pas à réduire les impacts négatifs de l’homme sur l’environnement. L’activité économique doit s’adapter aux limites de la biosphère. Sans tomber dans l’austérité. Lire la suite – Une prise de conscience trop lente La prise de conscience de la nécessité d’un développement durable s’est accélérée depuis 1972, mais les Etats sont en retard sur les citoyens. – Pourquoi les gouvernements ne font pas le nécessaire La nécessité d’engager la conversion écologique de notre modèle économique est aujourd’hui largement reconnue. Mais pour que les intentions se concrétisent, il faudra lever de nombreux obstacles. – Comment l’économie s’est émancipée de la nature L’environnement a été longtemps réduit par les économistes à un instrument au profit des plus aisés, à un magasin ou encore à une contrainte à dominer. Jusqu’à disparaître avec l’avènement de la théorie néoclassique. – Une nouvelle mesure du progrès Le produit intérieur brut n’est pas à même de rendre compte des effets de l’activité économique sur l’environnement et sa croissance n’est plus synonyme de bien-être. D’où le besoin de nouveaux indicateurs. Les sept plaies de la crise écologique – Le changement climatique s’accélère Les signes du réchauffement se multiplient et la responsabilité humaine ne fait plus guère de doute. De quoi inciter les Etats à faire plus d’efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. – La crise du productivisme agricole Les rendements stagnent depuis les années 1990, alors que la production devra augmenter afin de nourrir une population mondiale en croissance. Une raison de plus pour changer de modèle, car l’agriculture intensive « moderne » est à bout de souffle. – La pénurie d’eau s’aggrave L’accès à l’eau douce est déjà menacé dans de nombreuses régions du monde, par la pollution, les prélèvements excessifs et le changement climatique. Et le problème risque de s’accroître dans les années à venir. – Les ressources halieutiques s’épuisent La pêche intensive et l’aquaculture exercent une pression croissante sur les écosystèmes marins. Et le réchauffement climatique n’arrange pas les perspectives. – La déforestation progresse toujours Malgré les progrès réalisés dans certains pays, les zones forestières continuent de se réduire à l’échelle de la planète, mettant en péril la biodiversité et réduisant les capacités de stockage naturel du CO2. – La biodiversité compromise L’extinction des espèces prend aujourd’hui une ampleur sans précédent. C’est le résultat palpable de l’étalement de l’habitat, de l’agriculture productiviste et de l’exploitation excessive des ressources. – Des produits toxiques de plus en plus disséminés Une fois dans la nature, certains produits toxiques peuvent y rester pendant des siècles, voire des millénaires. Et ils reviennent souvent à l’homme par la chaîne alimentaire. Les clés d’une société durable – Du champ à l’assiette Rendre le nécessaire désirable. S’il est un domaine où cet impératif fait sens, c’est bien celui de l’alimentation. Et c’est possible ! Nous pouvons manger bien, manger sain et manger tous et de manière durable. Mais les conditions sont loin d’être aujourd’hui réunies. Lire la suite – Energie : la révolution des renouvelables Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faudra changer radicalement de système énergétique, en consommant moins et en produisant autrement. – Comment rendre les transports soutenables Pour préserver le droit à la mobilité, les technologies « vertes » jouent un rôle clé, mais ne suffiront pas : il faut aussi réduire la place de la voiture individuelle au profit des transports en commun et des modes alternatifs. – Le transport aérien n’aime pas le vert La consommation de kérosène des avions est en constante diminution, mais les gains d’efficacité énergétique sont annulés par la croissance du secteur. Il va falloir se résoudre à moins utiliser l’avion. – La ville autrement La grande majorité de l’humanité vivra demain en ville. Logement, transports, déchets, les enjeux écologiques sont nombreux. Mais la ville soutenable devra aussi répondre aux aspirations de ses habitants. – Vers un nouveau plein-emploi La transition écologique va créer des emplois, mais aussi en détruire. Elle sera synonyme de progrès si nous parvenons à donner une autre place au travail dans nos vies. – Produire mieux pour détruire moins Nos modes de production et de consommation actuels dilapident les ressources naturelles de la planète. Economie de fonctionnalité, économie circulaire, chimie verte, des alternatives existent. – Consommer moins sans renoncer au plaisir Matraquage publicitaire et dictature des marques, il faut sortir de l’hyperconsommation. Tout en acceptant l’idée que l’acte de consommer est partie intégrante de la vie en société. – « La consommation est une façon de remplir le vide » Entretien avec Philippe Moati, professeur à l’université Paris-Diderot La critique de la consommation est désormais surplombée par la problématique écologique : ne pas changer de modèle, c’est aller dans le mur. – La difficile promotion des comportements écologiques : le cas américain Entretien avec Cathy Hartman et Edwin Stafford, professeurs à l’université d’Utah, codirecteurs du Centre de diffusion des énergies renouvelables et des technologies propres. Pourquoi les hommes sont-ils devenus une cible majeure des campagnes « vertes » aux Etats-Unis ? Réconcilier l’écologie et l’économie – Comment l’économie est venue à l’écologie Les économistes de tous bords ont longtemps fait comme si l’environnement n’existait pas. Les choses ont commencé à changer à partir des années 1970. L’économie standard peine cependant toujours à intégrer les limites physiques de la biosphère. – De nouvelles finalités pour l’économie Quels objectifs poursuivre une fois la quête perpétuelle de la croissance mise au placard ? Du bien-être, des objectifs écologiques et sociaux et beaucoup de démocratie. – Les instruments économiques de la transition Normes, taxes, marchés, les outils nécessaires pour orienter le comportement des agents économiques existent. Mais ils ne dispensent pas de définir vers où aller. – Gérer les biens communs de manière coopérative Coopération, gestion décentralisée, droits d’usage collectifs, des solutions existent pour gérer les biens communs autrement que par la privatisation et le marché. – Le rôle des citoyens Pour réussir, la transition écologique devra emporter l’adhésion des citoyens. Ce qui présuppose à la fois plus de place aux modèles économiques alternatifs et une démocratie réellement participative. – La mondialisation à l’épreuve de la transition écologique Dumping écologique et social, coût environnemental des transports, recherche d’efficacité contre-productive, il faut rompre avec les formes actuelles de la mondialisation, sans pour autant renoncer à vivre dans une société ouverte. – Démographie : les vrais enjeux Plus que le nombre d’humains, c’est le mode de vie des plus riches qui fait problème. Pour autant, si nous voulons assurer la satisfaction des besoins de tous en 2050, il importe que la transition démographique se poursuive. – La planification écologique : une ardente obligation L’ampleur des mutations requises par la transition écologique suppose de mettre en oeuvre une nouvelle planification afin d’assurer la cohérence des différentes politiques à mener. Et de dégager un consensus sur les nouvelles finalités assignées à l’économie. En guise de conclusion – Le pire n’est pas sûr ! Nous avons au moins quatre raisons d’espérer… Ressources – Bibliographie et sites Internet Notre sélection de livres, revues, rapports et dossiers en ligne. – www.alternatives-economiques.fr« Économie verte » : marchandiser la planète pour la sauver ?
Nouveau numéro de la collection « Alternatives Sud » Points de vue du Sud – Éditions Syllepse – Centre tricontinental Volume XX (2013), n°1, 191 pages « Green Economy » ! Nouveau paradigme de développement à même de répondre aux crises que le monde traverse ? Modèle de prospérité écologique, alternatif au capitalisme globalisé ? Sortie par le haut des impasses environnementales du productivisme et du consumérisme ? Au mieux, la nouvelle panacée verte apparaît bien en deçà de cette perspective. Pire : dans les mesures préconisées – par le PNUE, l’OCDE, la Banque mondiale… – , elle s’impose résolument à rebours de tout renversement de logique. Le « développement durable » reste l’objectif annoncé, c’est l’« économie verte » qui va y mener. Par la mise sur le marché du « capital naturel », la « valorisation » des « services écosystémiques », la privatisation des ressources, le brevetage du vivant, le « libre-échange » des sols, de l’eau, de l’air, des forêts, de la biodiversité… et la prétendue « gestion efficace » induite, la démarche entend réguler durablement notre rapport à l’environnement, en dynamisant une « croissance créatrice d’emplois », assurant ainsi « un avenir viable au capitalisme ». Le simple greenwashing de l’économie de ces dernières années supplanté par la légitimation du capitalisme vert de demain ! Ou comment adouber pour les temps à venir les fondamentaux d’un modèle de production et de consommation à l’origine même de l’aggravation des déséquilibres sociaux et environnementaux. Pour autant, les réticences de grands pays du Nord et du Sud à adopter l’« économie verte » constituent-elles une alternative salvatrice ? Rien n’est moins sûr. – www.cetri.be – Plus d’information sur ce numéro – Découvrir les sommaires, résumés et liste des numéros parus – Commander un exemplaire ou prendre un abonnement – Adresses et contacts – S’abonner gratuitement au bulletin d’information sur l’Actualité des mouvements sociaux du Sud