Le 8 janvier dernier, l’Association de la Chimie du Végétal réunissait à Lille adhérents et acteurs institutionnels pour célébrer ses 5 ans. L’occasion pour elle de présenter les chantiers engagés mais également de débattre sur les enjeux stratégiques de la filière à horizon 2020. La Chimie du Végétal est au cœur d’enjeux majeurs tant sur le plan économique que sur le plan industriel en France et en Europe avec comme objectifs : – de développer l’utilisation de matières premières végétales pour la chimie et ses clients, – d’offrir de nouvelles fonctionnalités aux marchés avec des solutions innovantes : technologiques, environnementales et sociétales. C’est dans ce contexte que l’ACDV souhaite plus que jamais affirmer la position de la filière qu’elle représente et l’élever dans les prochaines années au rang de leader international. Un objectif qui ne pourra être atteint sans un soutien fort des pouvoirs publics français et européens.
Qu’est-ce que la Chimie du Végétal ?
La Chimie du Végétal consiste en l’utilisation de ressources végétales (dite biomasse) afin de produire des dérivés chimiques, au service des industries en aval et, in fine, des consommateurs. Depuis l’antiquité, l’Homme a eu recours à la Chimie du Végétal pour développer de nouveaux pigments, détergents, ingrédients cosmétiques, etc. Cette chimie prend depuis quelques années un nouvel essor, dans un contexte de concurrence internationale rendant les choix français et européens d’aujourd’hui stratégiques pour les entreprises et la société. Les emballages, les films et papiers font figurent, à ce stade, de « vedettes de la Chimie du Végétal » mais, les applications potentielles sont bien plus nombreuses. Beaucoup de produits – cosmétiques, détergents, fibres textiles, produits d’hygiène et d’entretien – sont déjà fabriqués à partir de matières premières végétales. Les programmes de R&D récemment lancés permettront d’élargir les gammes des produits bio-sourcés déjà disponibles. UNE CHIMIE BASEE SUR LES CARBOHYDRATES (PLANTES, BOIS, ETC.) Il est désormais possible de développer un grand nombre de produits issus d’une chimie « bio-sourcée », c’est à dire issue de la biomasse (matières végétales). Certains d’entre eux ont la spécificité d’offrir de nouvelles fonctionnalités qui n’existaient pas jusqu’alors. – Exemples : plastiques PbaxRnew (Arkema) polyamides Solvay, solvants (Solvay, DRT, biolubrifiants (Novance).« La Chimie du Végétal est pour l’industrie chimique l’occasion de questionner son savoir-faire industriel dans son ensemble, à travers la mise au point de nouveaux procédés, de nouveaux matériaux, l’utilisation de nouvelles ressources et le développement de nouvelles fonctionnalités » Christophe Rupp-Dahlem, Président de l’ACDV
Une filière dynamique sur un secteur leader
Le développement de la filière de la Chimie du Végétal en France prend appui sur des bases économiques et industrielles solides. – Les forces de la Chimie du Végétal en France- Un monde agricole développé : Par leur position de leader agricole, la France et l’Union Européenne sont à même de fournir des matières premières en quantité et qualité mais également à des prix compétitifs.
- Des leaders français présents dans la conception de bio-raffineries : Les industriels français sont en capacité d’aller jusqu’à 4 générations de transformation de la matière. Exemple : « blé » => première transformation « amidon » => hydrolyse « glucose » => hydrogène « sorbitol » « isosorbide » => Polymères
- Une industrie chimique française compétitive : Les industriels de ce secteur occupent la 2ème place en Europe après l’Allemagne (avec des acteurs reconnus mondialement : Arkema par exemple). A court et moyen termes, le maillage agricole français ainsi que l’implantation régionale de la filière joueront un rôle essentiel dans son développement et apporteront de nouvelles perspectives pour ces régions : – Création d’emplois, avec un doublement potentiel du nombre d’emplois : plus de 40 000 emplois pour 2020 en France selon une étude de l’ADEME en mai 2012. – Nouveaux débouchés agricoles. Exemple : les sacs plastiques fabriqués grâce à de la fécule de pommes de terre. – Pérennisation d’outils industriels. Exemple : bioraffineries – Dynamisme économique régional. La région Picardie fait ici figure d’exemple .
Nouveau contexte : les réponses de la filière
– Une nouvelle filière au service de l’innovation Le pétrole a rendu possible le développement technologique et économique de nos sociétés. Il est à l’origine de la quasi-totalité de nos produits de consommation courante : construction, emballages, textiles, automobile, aéronautique… Toutefois, depuis les années 80, il est clairement apparu qu’il était nécessaire de développer de nouvelles matières. Toute l’industrie s’est alors engagée dans une phase de transition vers des voies complémentaires. Dans cette lignée la chimie bio-sourcée est apparue comme une solution totalement adaptée car répondant à deux enjeux forts :- 1 – répondre aux nouvelles exigences de durabilité,
- 2 – rendre possible des innovations et permettre à la France voire à l’Europe d’accéder à une place de leader en matière de développement de produits à forte valeur ajoutée et de création d’emplois en France.
Les conditions de réussite de la filière
Le succès de la Chimie du Végétal en France et à l’international reposera, dans un futur proche, sur des conditions incontournables qui ont été clairement énoncées par Christophe Rupp-Dahlem, Président de l’ACDV, lors de la journée anniversaire de l’association. – Soutenir la R&D et faciliter l’installation d’unités industrielles innovantes pour asseoir la filière, développer les emplois et être compétitif A ce stade la filière française est à l’origine de nombreuses innovations mais faute de moyens, les premières productions industrielles se font encore à l’étranger. Dans ce contexte les bioraffineries existantes doivent être considérées comme des points d’ancrage pour ces futures unités. – Bénéficier d’une fiscalité incitative, en étant force de propositions concrètes et ciblées La filière Chimie du Végétal étant émergente, le développement des produits bio-sourcés qui ne sont pas encore compétitifs, doit être soutenu. La création d’un contexte réglementaire et fiscal favorable nécessite de travailler sur une palette d’outils complémentaires adaptés à la nature des différentes familles de produits bio-sourcés (intermédiaires, polymères et matériaux, produits de consommation). Plusieurs types de mesures peuvent être envisagées, et notamment une fiscalité avantageuse pour les produits bio-sourcés comme par exemple un crédit d’impôt, des TVA réduites, des crédits facilités, etc. Pour déterminer des mesures fiscales adaptées au cadre français et européen, il est essentiel de mettre en place un groupe de travail avec des représentants du Ministère de l’Economie et des Finances, et des Ministères concernés par la Chimie du Végétal. – Devenir un acteur majeur de la bio-économie intégrant la méthode Analyse de Cycle de Vie (ACV) développée par l’ACDV en collaboration avec l’ADEME L’économie circulaire dans laquelle s’inscrit la bio-économie repose sur trois piliers :- 1 – l’amélioration des procédés,
- 2 – la Chimie du Végétal,
- 3 – le recyclage.
En synthèse
TEMPS FORT
Le 4 février a eu lieu un rendez-vous entre les représentants de la filière (Union des Industries Chimiques) et le Ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg dans le cadre du Comité stratégique de filière « chimie et matériaux » (CSF).Objectifs pour la Chimie du Végétal
: Obtenir le soutien des pouvoirs publics pour le développement d’unités de production en France et créer un observatoire de la biomasse.Plaquette
flyercorporatefr-web.pdfMembres de l’ACDV