Alors que les cours du pétrole et des métaux sont de plus en plus tendus en raison d’une demande mondiale croissante, les grandes entreprises et les investisseurs se ruent vers de nouveaux gisements, et notamment des gisements de pétrole non-conventionnel. Madagascar est ainsi une nouvelle cible, comme le révèle le rapport des Amis de la Terre « Madagascar : nouvel eldorado des compagnies minières et pétrolières ». Mais dans un contexte politique très fragile, ce phénomène risque d’exacerber des conflits avec les populations et de dégrader, encore davantage, des écosystèmes en sursis.
QMM/Rio Tinto, Sherritt, Madagascar Oil et bien-sûr Total ! De grands groupes pétroliers et miniers aussi bien que les juniors lorgnent sur l’île de Madagascar. Car la surconsommation de ressources telles que les hydrocarbures, les métaux, l’eau ou le bois a conduit les pays industrialisés à augmenter leur demande et à s’assurer que leur accès aux biens naturels soit satisfait. C’est ainsi que l’île de Madagascar, qui abrite une impressionnante diversité biologique et minérale et de nombreux gisements de pétrole offshore et non-conventionnel, attire nombre de compagnies étrangères. Le développement de méga-projets miniers, ainsi que de projets de pétrole offshore ou non-conventionnel (sables bitumineux, huiles lourdes, etc.) dont l’extraction est encore plus nocive que celle du pétrole conventionnel est une réelle menace pour l’île. Même si aujourd’hui, leur exploitation ne semble pas encore rentable, la donne pourrait changer rapidement, comme l’explique Viviana Varin, chargée de campagne pour les Amis de la Terre : « L’or noir est une épée de Damoclès pour Madagascar. Si les prix du pétrole repartent à la hausse, l’exploitation des sables bitumineux pourrait devenir rentable et ne ferait qu’exacerber les difficultés de ce pays convoité de toute part». Ces compagnies sont aussi attirées par la faiblesse de la législation malgache qui ne permet ni la protection de l’environnement, ni un quelconque bénéfice pour la population. Selon Holly Rakotondralambo, membre d’un collectif œuvrant pour la protection de l’environnement à Madagascar : « Nous ne sommes pas préparés à faire face à l’arrivée massive des multinationales extractives car nous sommes frappés par une profonde crise socio-politique, mais aussi parce que les cadres législatifs minier et pétrolier leur sont trop favorables et conduisent à un pillage des ressources. » L’érosion de la biodiversité touche l’île depuis quelques décennies et les populations craignent que ce phénomène s’accélère avec l’arrivée des industries minières et pétrolières. Une équation qui pourrait rapidement devenir insoluble entre les besoins fondamentaux des populations et l’appétit des multinationales. L’exploitation des sables bitumineux étant encore plus dangereuse pour l’environnement et le climat, les Amis de la Terre soutiennent la demande visant à exclure les carburants issus de sables bitumineux du marché européen. Viviana Varin explique : « Une discussion est actuellement ouverte pour réviser la directive carburant et la proposition d’exclure le pétrole issu de sable bitumineux est sur la table. Jusqu’à présent, la France n’a pas exprimé son soutien public à cette proposition, ce qui est en contradiction avec la volonté clairement affichée du gouvernement de lutter contre les changements climatiques ». Lire la synthèse du rapport : Lire l’intégralité du rapport :