Le 8 juillet 2007, avec l’article Les biocarburants, un remède durable ? qui faisait suite à un discours du président brésilien Lula plaidant pour les agrocarburants, nous avions déjà remis en question l’usage de cette source d’énergie alternative.
Nous avions finalement vu que le bilan social et écologique des agrocarburants n’étaient pas durablement profitable pour les hommes et la planète. (érosion des sols, pollution des nappes phréatiques à cause des engrais et pesticides, utilisation massive d’eau pour l’irrigation des cultures, destruction de forêts pour libérer des surfaces agricoles, conditions de travail déplorables de centaines de milliers de travailleurs migrants; et loin d’améliorer la situation économique des pays en voie de développement, la production d’agrocarburants conduit à une spécialisation sur des denrées alimentaires au cours aléatoire prenant la place des productions locales et ne permettant pas l’autosuffisance alimentaire des plus démunis)
Pour compléter le débat, une étude vient de paraître dans la revue Science sur le bilan écologique des agrocarburants.
Si l’on compare l’énergie dépensée pour produire les agrocarburants avec l’énergie qu’ils fournissent : le bilan est assez médiocre, voire négatif !
Et en comparant les émissions de CO2 économisées par les cultures d’agrocarburants et celles évitées par d’autres usages du sol (ex. conversion de cultures en forêts), les scientifiques ont également démontré qu’il vaudrait mieux faire pousser des arbres que cultiver des céréales destinées à faire rouler des automobiles. Par exemple, la culture du blé pour faire de l’éthanol permet d’éviter, par la substitution au pétrole, entre 0,2 et 0,6 tonne de gaz carbonique par hectare et par an. Alors que la conversion, aux Etats-Unis, de cultures en forêts de pins permet (par la croissance des arbres) d’économiser 3,2 tonnes de gaz carbonique par hectare et par an !
En conclusion, si l’on veut privilégier le bilan écologique, il serait mieux avisé de se concentrer sur l’amélioration de l’efficacité énergétique des combustibles fossiles, de conserver les forêts et les savanes, et de restaurer les forêts naturelles et les prairies sur celles des terres qui ne sont pas nécessaires pour l’alimentation.
Bilan écologique des agrocarburants
Le Bioéthanol, une tromperie !
L’objectif du gouvernement français paraît intéressant : inciter les constructeurs d’automobiles à mettre sur le marché des véhicules « flex fuel » c’est-à-dire capables de rouler indifféremment avec de l’essence ou de l’éthanol et promouvoir ainsi une filière agricole fournissant la matière première. Cette nouvelle activité entraînerait des créations d’emploi dans l’agriculture, dans l’industrie de production de l’éthanol, dans la distribution et aussi dans l’industrie automobile par l’étude et la réalisation de moteurs adaptés. Cerise sur le gâteau, le nouveau carburant vert serait moins créateur de gaz à effet de serre. La promotion des ventes de ces nouveaux véhicules verts se ferait donc sous la bannière écologique.
Une belle histoire, mais qui ressemble d’avantage à un conte de fée pour enfants. Car la réalité est toute autre. Un haut fonctionnaire de Bercy Dominique Viel auteur d’Ecologie de l’apocalypse (Editions Ellipses) écrit : « si la combustion du biocarburant ne dégage que des gaz à effet de serre mineurs, ce sont les consommateurs intermédiaires, tracteurs, engrais, épandage, irrigation …qui sont sources d’émissions de CO2 ».
Des chercheurs de l’université de Cornell et de celle de Berkeley aux USA ont démontré que la fabrication de l’éthanol à partir de céréales consomme globalement 30% d’énergie en plus que celle libérée lors de sa combustion.
En somme, beaucoup d’activité, du travail, de l’agriculture intensive avec des pesticides polluant la nappe phréatique pour un bilan énergétique et écologique désastreux.
Mais ce n’est pas tout. Il faudra bientôt choisir entre rouler ou manger car même si toutes les terres cultivables étaient consacrées aux biocarburants, on serait loin de couvrir les besoins. En attendant, le prix du blé, par l’accroissement de la demande ne cessera de grimper avec des risques de pénuries de farine entraînant ainsi des famines dans les pays les plus pauvres.
Mais peu importe toutes ces considérations économiques et humanitaires. Le dossier Ethanol est avant tout un dossier financier qui devra générer du profit pour certains, de l’activité pour d’autres. Lorsque l’on se rendra compte qu’il s’agit d’une erreur, les promoteurs et les différents profiteurs de la filière se seront enrichis grâce aux contribuables, résignés comme d’habitude qui prendront en charge, le compte immense des pertes.
Il n’est peut-être pas trop tard pour réagir. Aussi, je conjure tout d’abord le gouvernement français de revoir d’urgence sa copie, avant de nous faire travailler non pas pour rien, mais avec des pertes et des nuisances sur tous les plans, sauf pour une minorité.
Ensuite, je l’invite à promouvoir les transports en commun, les déplacements en bicyclette en développant les pistes cyclables pour permettre au plus grand nombre y compris les écoliers à se rendre en vélo sur leur lieu de travail ou dans leur école. Il s’agit de créer des conditions de sécurité et des infrastructures suffisantes pour permettre à ceux qui le désirent de rouler pas cher et écologique. Le gain sur le plan de la santé grâce à l’exercice physique, n’est pas non plus à négliger. Il faut donc pour le gouvernement, repenser la ville, les infrastructures routières, la circulation, le travail, la vie. Pour illustrer ce dernier propos, je citerai l’exemple de ces parents qui à tour de rôle encadrent en vélo, les enfants se rendant à l’école. Bravo pour de telles initiatives et carton rouge pour le gouvernement.
Rév. du 09/08/2007/François LITTERST / Ingénieur diplômé en génie énergétique
Bilan écologique des agrocarburants
Bioéthanol – ce qu’il coûte et ce qu’il donne
Il faut un peu plus d’un litre d’équivalent pétrole pour produire un litre de bioéthanol.
Ces chiffres s’entendent depuis les labours jusqu’à la dernière distillation.
Il faut un 1,600 litre d’éthanol pour fournir la même quantité d’énergie qu’un litre d’équivalent pétrole.
Où est la bonne affaire ?
Ce n’est pas parce que le monde entier déraisonne qu’on doit refuser tout effort de réflexion, quelle que soit la position sociale ou politique.