Pendant trois ans, WASTE LAND suit l’artiste brésilien Vik Muniz de Brooklyn, où il vit, à Jardim Gramacho en banlieue de Rio de Janeiro. Dans la plus vaste décharge du monde, il retrouve son Brésil natal pour un projet artistique inédit : photographier les « catadores » (les ramasseurs de déchets recyclables) dans des mises en scène composées à partir d’objets et matériaux rescapés des poubelles. Tout au long de cette aventure, le projet va prendre une toute autre dimension. Au fur et à mesure de sa collaboration avec ces personnages hors du commun, Vik va saisir tout le désespoir et la dignité des catadores, alors même qu’ils parviennent à réinventer leur vie en prenant part à son œuvre d’artiste. Produit par Fernando Meirelles et rythmé par les mélodies de Moby, le film de Lucy Walker propose une réflexion sur la responsabilité de l’artiste envers son environnement et sur l’idée utopique qu’une œuvre peut parfois changer une vie. WASTE LAND nous offre la preuve éclatante du pouvoir de l’art, au-delà de la frénésie des cotes des artistes contemporains, redonnant ainsi un nouveau sens à la valeur de l’œuvre.
Waste Land a reçu une dizaine de prix à travers le monde. Il a notamment reçu le prix du Public de Sundance (2010) et le prix Amnesty International au Festival de Berlin. Il a été également nommé dans la section « Meilleur film Documentaire » lors de la dernière Cérémonie des Oscars. Bande-annonce : En partenariat avec EuroZoom, le distributeur français du film, CDURABLE.info offre aux 15 premiers inscrits 1 place de cinéma pour aller voir Waste Land. Pour cela, il suffit de nous adresser un mail en précisant vos coordonnées en cliquant ici.ART ? ÉCOLOGIE ? PROJET HUMANITAIRE ?
L’artiste Vik Muniz revient dans son pays natal, le Brésil, où il s’embarque dans un projet artis tique avec un groupe d’hommes et de femmes travaillant comme catadores à Jardim Gramacho, une décharge de Rio de Janeiro. Ces ouvriers passent leurs journées à extraire, dans la boue et le sang, des matières qu’ils peuvent recycler en gagnant 20 à 25 US$ par jour. Vik Muniz emploie plusieurs Catadores pour un projet artistique qui sera ensuite exposé dans sa galerie new-yorkaise. Il les photographie puis transforme leurs photos en grands collages élaborés à partir des déchets. DÉCOUVRIR LA BEAUTÉ DANS DES ENDROITS INATTENDUS Les énormes camions poubelles avancent, déversent leurs chargements, pendant que, sous les avalanches de déchets, les ramasseurs glanent tout ce qui peut être recyclable et susceptible d’être revendu. Parmi ces gens à la fois si solides et si démunis, chacun a sa propre histoire à raconter. Le plus âgé d’entre eux, Valter, recycle des ordures depuis sa plus tendre enfance et il en est fier car sinon, dit-il, tout cela polluerait les rivières et abîmerait les sols. Un catadore plus jeune, Tiao, a, quant à lui créé un syndicat pour défendre leurs droits, recevoir des indemnisations équitables, construire des bibliothèques ou simplement remonter le moral des travailleurs. Une vieille femme, Irma, a ouvert un petit restaurant au milieu de la décharge. Suelem, jeune mère célibataire, explique avoir choisi le ramassage des ordures pour échapper à la prostitution et gagner assez pour loger, nourrir et éduquer ses enfants. Isis, une autre jeune femme confesse détester les ordures mais elle n’a d’autres choix que de continuer à travailler comme catadore jusqu’à ce qu’elle trouve autre chose. LA NATURE TRANSFORMATIVE DE L’ART En invitant les catadores dans son studio, Vik Muniz les extirpe un moment de leur vie pour participer à un processus créatif inattendu a partir des éléments mêmes de leur travail quotidien. C’est ensemble qu’ils vont créer. Alors que les images de la décharge se muent peu à peu en photographies puis en collages, l’amitié grandit entre l’artiste et les ouvriers. Lors de la présentation des œuvres d’art, les catadores reçoivent les honneurs du public. Dans les entretiens qu’ils donnent à la presse, ils disent combien cette expérience unique a radicalement transformé leur vie. WASTE LAND est un témoignage sur le pouvoir et l’influence que peut avoir l’art sur la vie des gens. Lucy Walker réussit à montrer la force intérieure et la dignité de ces personnages. Elle nous montre ainsi qu’en dépit de circonstances difficiles, de grandes choses peuvent être accomplies, à condition d’en offrir l’opportunité. WASTE LAND, UN PROJET ARTISTIQUE ET UN FILM CITOYEN Le film nous montre comment une personne, une idée, une envie, peuvent apporter joie et espoir là où il n’y avait que peine et découragement. Il traite de l’omniprésence des déchets, de la société de consommation et de ses laissés pour compte, du recyclage plus que jamais nécessaire mais aussi de l’art, de sa conception et de sa valeur, à tous les sens du terme, valeur marchande et valeur humaine. A son échelle, Vik prouve que l’art peut transformer la vie des gens. « 99 CE N’EST PAS 100 » On ne peut pas voir ce film sans penser à nos propres habitudes de consommation. Recycler ses déchets, c’est penser à Valter et à son expression « 99 ce n’est pas 100 » qui résonne comme le slogan du film. Cet homme qui n’a pas fait d’études, prend l’exemple de quelqu’un qui dirait « ce n’est qu’une canette » et qui choisit donc de ne pas recycler. 3 à 5000 personnes vivent dans cette décharge, 15.000 personnes vivent autour des revenus générés pas les catadores. Par leur travail, les catadores font de Jardim gramacho le lieu où sont obtenus les plus hauts taux de recyclage au monde. Les catadores sont au cœur de cette aventure. Vik Muniz leur propose de prendre part à son projet artistique : certains prennent la pose (en Marat assassiné dans une baignoire trouvée dans la décharge par exemple), d’autres sont photographiés dans leur environnement de travail habituel, tous participent à l’aventure de la transformation de ces déchets dans lesquels ils vivent tout au long de l’ année. DE LA POUBELLE AU MUSÉE A partir de ces photos, projetées à même le sol de son studio à Rio, Vik donne vie avec les mêmes catadores à un assemblage de déchets qui recrée les contours de la photographie initiale. Puis il prend à nouveau cet assemblage hétéroclite en photo, transformant ainsi les rebuts en œuvre d’artiste. L’ironie de l’histoire c’est finalement que ce sont les gens riches qui font tout pour ne pas toucher à leurs poubelles qui surenchérissent pour acheter une photo d’ordures, dès lors que celle-ci est signée Vik Muniz ! UNE AVENTURE HUMAINE Au long de ce processus, Vik découvre très vite que les relations avec les catadores deviennent à ses yeux bien plus importantes que les œuvres qu’ils créent ensemble. Quand il emmène Tiao à une vente aux enchères à Londres, où l’œuvre « Marat (Sebastiao)» est vendue pour 50.000 $, Vik touche enfin à l’aboutissement ultime de son projet. La joie de Tiao, ses tremblements d’émotion, sont pour Vik la plus belle des consécrations. Pour Vik, pour Tiao, comme pour tous les autres catadores, confrontés à leurs propres portraits lors de l’exposition au Musée de Rio, quelque chose bascule, la vie prend un autre sens. Pour les catadores, c’est tout simplement la reconnaissance que leur vie compte. UN PROJET HUMANITAIRE Cent pour cent des ventes issues des Pictures of Garbage de Vik Muniz, les portraits des catadores du film, sont revenues à l’Association des ramasseurs de déchets recyclables de Jardim Gramacho (ACAMJG). Environ 250.000 dollars ont pu être récoltés et ont été utilisés de la façon suivante : de nouveaux logements pour les catadores, le renflouement du déficit de l’Association des ramasseurs de déchets recyclables de Jardim Gramacho, l’amélioration de l’infrastructure de l’ACAMJG, un nouveau camion, un centre d’apprentissage , la fondation d’un petit programme de formation, une bibliothèque avec 15 ordinateurs et Irma, la cuisinière a créé sa propre affaire de restauration. Avec l’aide des ONG, de l’Institut Brésilien pour l’Innovation des Services médico-sociaux, la réalisatrice a décidé de distribuer toutes les récompenses des festivals à l’ACAMJG, soit près de 85.000 $. Le travail de Vik Muniz et des catadores, avec l’aide de la Fondation Coca-Cola a initié un mouvement pour construire un système valable de recyclage et de recruter les catadores du Brésil comme consultants. À POURSUIVRE… Cependant, l’ ACAMJG a toujours besoin de 2 camions supplémentaires pour ramasser les déchets (50.000 $ chacun) et d’un hangar pour trier les déchets récoltés. Tiao Santos, le président de l’ ACAMJG nous informe qu’ils ont toujours besoin de fonds pour la formation des catadores. Celle-ci est essentielle pour assurer la transition professionnelle des catadores vers des emplois qualifiés dans des usines de recyclage lors de la fermeture de Jardim Gramacho en 2012. Le rêve de Tiao aujourd’hui est d’aller à l’université et d’apprendre l’anglais. Ces œuvres d’art ont apporté une valeur véritable à ces personnes que la société avait déjà classées au rang de déchets.AMNESTY INTERNATIONAL PARTENAIRE DE WASTE LAND
Vivre dans la pauvreté, c’est être constamment menacé par l’incertitude et l’insécurité. Le quotidien des pauvres est une lutte pour la survie : il faut trouver de la nourriture, du travail, avoir un toit au-dessus de sa tête. La peur est partout, ce n’est pas seulement la peur de la maladie et de la faim, mais aussi celle des gangs et des armes, de la brutalité policière, de la violence dans le cercle familial ou des conflits armés. Les personnes qui vivent dans la pauvreté sont exclues des institutions qui doivent pourtant fournir les services publics dont elles ont tant besoin. Les tribunaux, la police, les organismes de protection sociale, les conseils municipaux, les services collectifs, les conseils d’établissement – officiellement censés accorder à tous les citoyens un traitement égal – font trop souvent preuve de mépris ou d’indifférence envers les personnes défavorisées. Aucune possibilité de se faire entendre : l’exclusion est étroitement liée à un autre problème que rencontrent les personnes vivant dans la pauvreté – le fait d’être ignorés par ceux qui détiennent le pouvoir. Que l’on fasse délibérément taire des personnes ou que celles-ci soient réduites au silence par l’indifférence, le résultat est le même. Pour que les personnes vulnérables puissent faire valoir leurs droits, celles-ci et leurs représentants doivent participer activement à la lutte contre la pauvreté. Ainsi elles doivent être consultées et dotées d’outils adéquats permettant leur participation effective. Considérés comme des citoyens de seconde zone, privés de la plupart de leurs droits, ils se voient également souvent réduits au silence ou ne peuvent se faire entendre. Le recueil de ces voix et la participation de celles et ceux dont les droits sont bafoués, sont précisément au cœur du travail entrepris par l’artiste Vik Muniz, qui les présente aujourd’hui dans le documentaire Waste Land.