L’Agent Orange constitue un drame immense, et oublié. Qui connaît les conséquences de l’épandage de cet herbicide pendant la guerre du Viêt Nam ? Et qui s’en soucie réellement ? À l’heure où l’on parle partout dans les médias et jusque dans les partis politiques de protection de l’environnement et de développement durable, il est essentiel de ne pas oublier les crimes et les erreurs du passé pour témoigner auprès des générations actuelles et ne plus jamais avoir à faire face à une telle situation. Quarante ans après, ce défoliant contenant d’importantes quantités de dioxine continue à faire des ravages (graves malformations infantiles, cancers) tant sur le plan environnemental qu’humain. A travers ce livre, André Bouny a voulu tirer la sonnette d’alarme afin que l’on n’oublie pas les victimes de cette guerre. Il rappelle aussi que ce sont les mêmes entreprises qui, après avoir produit l’Agent Orange, continuent de jouer les apprentis sorciers en privilégiant les profits financiers au détriment de la santé des êtres humains, partout dans le monde…
Un livre choc
Si l’histoire de l’utilisation des poisons, (venins et toxiques) remonte à la nuit des temps, la synthèse chimique a permis d’en démultiplier les effets maléfiques. Il est un fait largement ignoré que la guerre du Viêt Nam fut la plus grande guerre chimique de l’histoire de l’Humanité. L’objet de ce livre est d’expliquer précisément comment et pourquoi. On y apprend de quelle façon, aujourd’hui encore, un demi-siècle après le début des épandages, la dioxine pénètre dans l’organisme, quelles maladies elle engendre, et les terribles effets tératogènes qu’elle inflige aux enfants. La description scientifique des agents chimiques utilisés est aussi précise que la technologie méthodique mise en œuvre. Celle de l’effroyable catastrophe écologique fait prendre conscience que la destruction du règne végétal précède et précipite une dévastation plus terrible encore. Les nombreuses photographies exceptionnelles, signées de très grands noms, illustrent l’ampleur de la tragédie actuelle. Cartes géographiques, documents d’archives inédits et témoignages états-uniens viennent démontrer l’intentionnalité de ce véritable écocide. L’auteur propose en outre un nouveau calcul renversant du volume des agents chimiques déversés au Viêt Nam. Dans cet ouvrage exhaustif, il aborde la partie juridique avec les procédures intentées au nom des victimes vietnamiennes dans un total silence médiatique. À l’image du Tribunal international d’opinion qui s’est tenu en 2009 à Paris, ce livre a pour but d’informer le public, premier pas d’une prise de conscience sur la route de la réparation des torts et des souffrances, car il existe aussi un espoir… Un document bouleversant, comme l’Histoire officielle ne la raconte jamais, pour comprendre l’ampleur de la tragédie que vivent au quotidien une multitude de victimes de l’Agent Orange. – Références : Agent Orange, Apocalypse Viêt Nam de André BOUNY – Editeur : Éditions Demi Lune – ISBN : 978-2-917112-11-3 – Prix public : 23 euros – 416 pages – plus de 100 illustrations : cartes, images d’archives et photographies.L’auteur
André BOUNY est né handicapé, atteint de spina-bifida, dans la campagne pauvre du sud de la France. Suivant des études paramédicales (en odontologie) à Paris, il proteste contre la guerre qui fait rage au Viêt Nam, dans la rue et par ses peintures exposées au Grand Palais. Ému par la découverte de ce pays ravagé par la guerre, où il rencontre mutilés et malades, il fonde en 1997 l’association caritative DEFI Viêt Nam, (Donner Ensemble Former Informer), qui s’engage également dans la campagne contre les mines antipersonnel. Quelque 300 tonnes d’équipement médical, recueillies et mises en conformité, sont expédiées par bateaux (électrocardiographes, lits médicalisés, fauteuils roulants, à destination de services de chirurgie et de radiologie, de maternités, cabinets dentaires, etc). L’association à but non lucratif pourvoit aussi à la formation de personnel médical vietnamien en France, facilite le parrainage d’enfants (une petite fille issue d’une famille misérable est récemment devenue institutrice) ; informe sur l’Agent Orange et distribue des aides aux victimes de ce poison chimique contenant de la dioxine. André enchaîne les voyages au Viêt Nam où il adopte deux enfants. En 2004, il adresse une lettre ouverte à John Kerry, diffusée dans la presse internationale. Puis il constitue et conduit le Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange (CIS) qui comprend de très nombreuses personnalités dans des domaines d’expertises variés. Infatigablement, il explique les conséquences de ce poison dans tous les médias qui osent en parler (radios, télés, journaux et sites Internet). Il est intervenu lors des trois éditions des Rencontres Internationales pour le Désarmement Nucléaire, Biologique et Chimique (RID-NBC), mais aussi en d’autres lieux prestigieux comme la Cité de l’Espace, et même à l’ONU lors de la 4e session du Conseil des droits de l’homme. Son livre se fonde sur 40 ans d’expérience et d’intérêt porté au peuple et à la culture du Viêt Nam, comme à son histoire. Regardez L’INTERVIEW de l’auteur par René BALME – (Durée 60 minutes – Réalisée par la TV participative Vivé Télé :Témoignages
« … Alors que les combats sont terminés depuis 35 ans, on pourrait penser que ‘la conscience de l’humanité’ s’est émoussée en constatant le silence qui entoure un prolongement tragique de cette guerre : le drame de l’Agent Orange. C’est le premier mérite de l’ouvrage d’André Bouny de rompre ce silence. Rares sont en effet les livres sur cette question, notamment en français, et celui-ci vient enrichir notre connaissance et notre réflexion sur ce drame. Le second mérite est évident à la lecture de cet ouvrage : il traite de façon très complète l’ensemble des dimensions d’un drame très complexe où s’imbriquent sans cesse les aspects les plus divers : historique, scientifique, sanitaire, environnemental, politique, juridique, diplomatique, etc. (…) ayant une certaine connaissance du dossier, que je ne peux qu’approuver le plaidoyer et les conclusions de l’auteur. Enfin, le livre se lit avec un intérêt constant grâce à un style alerte, soutenu par l’engagement assumé de l’auteur auprès des victimes et du peuple vietnamien et par une iconographie qui ne peut laisser indifférent. Il faut donc souhaiter un plein succès à cet ouvrage pour qu’il contribue à lever la chape de plomb qui règne sur l’Agent Orange et à mobiliser l’opinion publique sur la question. » – Francis Gendreau, démographe, ancien président de l’association d’amitié franco-vietnamienne. « Alors même que nos gouvernants tentent de nous faire croire que nous tendons vers une pacification du monde – via la dénucléarisation de notre armement – les armes chimiques continuent de proliférer. Sous couvert de ne pas utiliser l’arme atomique, l’on développe des armes bactériologiques, chimiques ou à l’uranium appauvri tout aussi effroyables. Concernant l’Agent Orange, ses conséquences sanitaires et environnementales sont loin d’être finies, (…) et nous nous devons au moins de dénoncer leurs bourreaux, ces mêmes marchands de mort qui recyclent et commercialisent leurs armes sous la forme de différents types de biocides grand public. La mémoire des hommes étant courte, il est indispensable de rappeler les horreurs d’autrefois (…) afin que nous les empêchions de se reproduire. En ce sens, je pense qu’André a réussi son pari et je l’en félicite : son livre permet d’apporter une nouvelle lumière sur les heures sombres de notre passé. » – Michelle Rivasi, professeur agrégée de biologie, fondatrice de la CRIIRAD, députée européenne. « La politique de la ‘terre brûlée’ dans le but de décourager l’adversaire, voilà une vieille recette que les Occidentaux ont perfectionnée au cours de leurs guerres coloniales. (…) Considérer les civils comme un objectif à part entière, la deuxième guerre mondiale l’a illustré. Le recours aux armes de destruction de masse (Hiroshima/Nagasaki) préfigure les guerres contre les générations futures. Triste ironie de l’histoire, les armes dont il est question ici sont des dérivés de ce qui symbolisait un certain type de ‘développement’, comme dans le cas des herbicides, censés augmenter la productivité de nos terres agricoles, contribuer à cette ‘révolution verte’ qui s’est vue décerner un prix Nobel de la paix. Merci à André Bouny de réunir toute l’info aujourd’hui disponible. Faire en sorte que ce genre d’écocide et de destruction durable ne passe pas inaperçus est un défi à relever. (…) Rares sont les [auteurs] français comme André Bouny à ne pas exonérer le complexe militaro-industriel et militaro-chimique des dégâts environnementaux. » – Ben Cramer, journaliste, vice-président de l’Association des Journalistes pour l’Environnement. « Ce livre, incroyable et troublant, est une analyse remarquable des conséquences génocidaires de l’Agent Orange fabriqué, entre autres, par la transnationale Monsanto. Les photos révèlent l’horreur de l’Agent Orange, images que beaucoup de gens préféreraient ne pas regarder, illustrant ainsi l’un des plus grands crimes contre l’humanité. À la fois critique et conscient, André Bouny explique, non sans émotion, comment ce crime s’est accompagné de la destruction systématique de tout un territoire. Il décrit l’histoire de ce poison et d’une guerre atroce en nous faisant comprendre que les fabricants américains ont vendu en pleine connaissance de cause cette ‘arme de la mort’ volontairement utilisée par les ingénieurs chimistes des laboratoires militaires US durant la guerre du Viêt Nam. Le gouvernement étatsunien connaissait-il les conséquences désastreuses de cette arme chimique? Ce livre révèle également le long combat pour rendre justice aux millions de victimes de l’Agent Orange… Il faut absolument lire ce livre ! » – Micheline Ladouceur, directrice associée du Centre de recherche sur la mondialisation, rédactrice pour le site Mondialisation.ca. « Les toxiques défoliants qui furent déversés massivement sur le Sud-Viêt Nam pendant la guerre américaine et qui contenaient de la dioxine, ont ravagé les écosystèmes naturels, et par voie de conséquence les équilibres de la vie de l’homme dans la région. C’est la première guerre chimique de l’histoire, la seule de cette ampleur qu’ait connue le monde à ce jour. Les effets principaux furent un bouleversement étendu, durable et sévère, des zones forestières et des terres cultivés, base essentielle pour une société agricole. Les effets de la dioxine ont poursuivi leur oeuvre de destruction dans le silence et à long terme, tant sur les populations que sur l’environnement. En tant que scientifique, j’espère que ce livre de l’auteur André Bouny, peut-être le plus complet qui existe sur l’Agent Orange, sera un nouveau signe pour condamner l’usage des défoliants au Viêt Nam et pour alerter la conscience d’une humanité qui continue à être confrontée à la violence. » – Vo Quy, ornithologue et écologue vietnamien.L’Agent Orange en 10 questions
– Qu’est-ce que l’Agent Orange ? C’est l’herbicide le plus utilisé par l’armée américaine durant la guerre du Viêt Nam. Les herbicides servaient à défolier les forêts (afin d’empêcher la guérilla vietnamienne de se cacher), à protéger les installations militaires et à détruire les récoltes ennemies. L’Agent Orange est en fait de couleur rose-brun. Il doit son nom aux bandes de couleur orange peintes sur les barils dans lesquels il était stocké. De même furent baptisés les autres produits chimiques dit « Arc en ciel » que sont les Agents Blanc, Bleu, Rose, Vert et Pourpre. – Pourquoi l’Agent Orange est dangereux pour l’homme ? Deux tiers des herbicides utilisés pendant la guerre du Viêt Nam, notamment l’Agent Orange, contenaient de l’acide 2,4,5-T connu pour ses capacités défoliantes. Or les procédés de fabrication industrielle de cet acide, élaborés pour maximiser les profits, eurent pour conséquences de le contaminer par des doses plus ou moins importantes d’une substance extrêmement toxique : la 2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-para-dioxine (TCDD). – Combien de dioxine a-t-on déversé au Viêt Nam ? La quantité de dioxine variait selon les herbicides. Selon les dernières estimations, entre 1961 et 1971, l’armée américaine aurait à elle seule déversé près d’une centaine de millions de litres d’herbicides contenant plus de 300 kilos de dioxine TCDD, sur des centaines de milliers d’hectares, dans le sud et le centre du Viêt Nam principalement, mais aussi au Laos et au Cambodge. Or les normes internationales fixent les seuils limites de dioxine en millionièmes de millionième de gramme par personne. – Quels sont les effets de la dioxine ? La dioxine est une substance cancérigène et tératogène (produisant des malformations au stade foetal). Elle provoque des maladies de peau, des cancers, et porte atteinte au système immunitaire, reproductif et nerveux. – Combien de personnes ont-elles été touchées par les herbicides au Viêt Nam ? Selon les dernières estimations, de 2,1 à 4,8 millions de Vietnamiens ont été directement exposés aux herbicides entre 1961 et 1971, auxquels il faut ajouter un nombre inconnu de Cambodgiens, de Laotiens, de civils et militaires américains, et de leurs divers alliés (australiens, canadiens, néo-zélandais, sud-coréens). Mais le nombre total de victimes va sans doute au-delà car la dioxine se transmet par la chaîne alimentaire : lait maternel, lait de vache, consommation de viandes ou de poissons contaminés. – Qu’est-ce que l’opération Hadès ? C’est le nom originel de l’opération américaine de défoliation par voie aérienne au sud du Viêt Nam, qui fut ordonnée sous la présidence Kennedy en 1961, et se termina en 1971. Comme le nom Hadès fut jugé trop « explicite » (Hadès est le dieu des morts), il fut changé peu après en opération « Ranch Hand » (Ouvrier agricole). – Les États-Unis ont-il admis leur responsabilité pour les dommages causés par les herbicides au Viêt Nam ? Non, ils réfutent toujours toute responsabilité, et n’ont jamais versé le moindre centime aux victimes vietnamiennes, cambodgiennes et laotiennes de l’Agent Orange. – Les victimes de l’Agent Orange ont-elles porté plainte ? Les vétérans américains victimes de l’Agent Orange ont porté plainte contre les fabricants de cet herbicide chimique, car ils n’avaient pas le droit de poursuivre le gouvernement américain. En 1984, ces industriels ont signé un accord à l’amiable avec les associations de vétérans : en échange de l’arrêt de toute poursuite, les fabricants ont versé 180 millions de dollars à un fonds de compensation aux vétérans américains victimes de l’Agent Orange. Début 2004, l’association vietnamienne des victimes de l’Agent Orange a porté plainte contre les fabricants de ce qu’elle considère être un poison. Les deux principaux producteurs étaient Dow Chemical et Monsanto. Fin février 2009, la Cour suprême des États-Unis a rejeté la requête des victimes vietnamiennes et américaines. – La dioxine, problème passé ou actuel ? Trente cinq ans après la fin de la guerre, les maladies et symptômes liés à la dioxine sont toujours présents au Viêt Nam, et dans certaines zones, il reste une quantité considérable de dioxine. On compte aujourd’hui trois générations de Vietnamiens touchées par les herbicides. – La dioxine, problème local ou mondial ? La dioxine n’est pas un problème qu’au Viêt Nam. En effet, plusieurs activités industrielles courantes occasionnent la production de dioxine, notamment la combustion d’ordures ménagères et le blanchiment de pâte à papier. L’accident industriel de Seveso en Italie (1976) témoigna des dangers de la dioxine dans le monde entier.Des photojournalistes renommés, des images exceptionnelles
Les photos qui illustrent cet article et ce livre sont de : Jan Banning (Pays-Bas), a commencé sa carrière en 1981. Il a collaboré avec les plus grands magazines internationaux, obtenu de nombreux prix (dont le World Press Award en 2004) et son travail a fait l’objet d’expositions partout dans le monde. Certaines de ses photos sur l’Agent Orange, primées par l’UNICEF, ont été montrées au Festival de photojournalisme de Perpignan en 2004. Alexis Duclos (France), photoreporter à l’agence Gamma pour laquelle il couvrit jusqu’en 2004, des sujets très éclectiques (guerre civile à Beyrouth, famine en Afrique, déforestation en Amérique du Sud, Jeux Olympiques…). Depuis ses premières photos de Lech Walesa sur le chantier de Gdansk, il a collaboré avec les plus grandes publications, (Paris Match, Figaro Magazine, Stern, Géo, Time, Newsweek…) C’est en indépendant qu’il est parti au Viêt Nam pour effectuer son reportage, en 2005, soit 30 ans après la fin de la guerre. Philip Jones Griffiths (Royaume-Uni). Photographe d’origine galloise, il fut directeur de la prestigieuse agence Magnum à Paris. Grand reporter pendant la guerre du Viêt Nam, son livre Vietnam, Inc. fait référence. Depuis 20 ans, il retournait régulièrement dans ce pays pour photographier les victimes de l’Agent Orange, un sujet qui lui tenait particulièrement à coeur. Collateral Damage in Viet Nam, son dernier livre, paru chez Trolley (Londres) est son témoignage personnel et passionné. Il est décédé en mars 2008. Olivier Papegnies (Belgique). Il a travaillé pour différentes agences dont Belga et Reuters. Grand voyageur, il s’intéresse à l’archéologie et au sport et a réalisé un travail sur les victimes oubliées de Tchernobyl. Son reportage au Viêt Nam sur l’Agent Orange a été récompensé par le prix spécial du jury au Festival international du scoop et du journalisme à Angers en 2001. Cinq ans plus tard, il est retourné au Viêt Nam pour approfondir son travail, et s’est également rendu aux États-Unis pour rencontrer des vétérans états-uniens. Ces photographies sont réunies dans une exposition itinérante qui peut être accueillie dans les librairies équipées pour ce genre d’événements, mais également dans les bibliothèques et médiathèques, mairies et tous lieux publics (en France, Belgique et Suisse) susceptibles d’accueillir des présentations. Vous souhaitez accueillir une expo ? N’hésitez pas à contacter l’éditeur : Éditions Demi Lune – 18 rue Eugène Sue – 75 018 Paris – Tel : 01 42 64 37 96 – Courriel : contact@editionsdemilune.com