Les chefs d’Etat et de gouvernement se réunissent ce jeudi 17 juin à Bruxelles pour discuter des solutions à la crise. Des réformes économiques et financières sont à l’agenda, notamment en lien avec un possible renforcement des objectifs de réduction de gaz à effet de serre de l’Europe. Selon le WWF, des politiques plus ambitieuses pour le climat permettraient d’investir des milliards d’euros dans l’économie du futur, une économie verte. Les chefs d’Etat doivent s’y atteler dès maintenant.
La semaine dernière, le Conseil Européen de l’Environnement a analysé plus en détail le renforcement de l’objectif actuel de réduction des émissions de CO2. Les chefs d’État doivent maintenant faire la preuve du leadership européen et stimuler l’économie en créant les conditions favorables aux investissements dans l’économie sobre en carbone grâce à un objectif de réduction plus ambitieux. Aperçu du WWF sur ce qui se passe dans les capitales européennes : – France : La France a envoyé des signaux mitigés, avec un ministre de l’économie, Christian Estrosi, qui s’est prononcé contre le passage à 30%. Cependant, au Conseil Européen de l’Environnement, le ministre de l’environnement Jean Louis Borloo annonçait qu’un objectif renforcé était à la fois atteignable et souhaitable. Borloo expliquait également que d’autres économies majeures avaient déjà pris des mesures comparables à un objectif unilatéral de l’Europe de 30%- ce qui était la condition posée par l’Union Européenne dans les négociations internationales pour le renforcement de l’objectif. Elise Buckle, responsable climat énergie au WWF France explique que « le président français Nicolas Sarkozy doit maintenant confirmer l’engagement pris par Jean-Louis Borloo et faire parler la France d’une seule voix. Nous attendons de Nicolas Sarkozy qu’il se prononce avec force pour le 30%, montrant ainsi qu’il tiendra sa parole. Une déclaration conjointe de la France et de l’Allemagne soutenant l’objectif de 30% redonnerait à l’Union Européenne son rôle de leader dans la lutte contre le changement climatique ». – Royaume-Uni : Le secrétaire Energie Climat britannique Chris Huhne, était parmi les ministres appelant à un renforcement des objectifs de réduction des émissions au Conseil Européen de l’Environnement de vendredi. Huhne a demandé à ce que cet objectif soit relevé à 30%, une évolution qu’il estime bonne pour le climat et bonne pour l’Europe. Keith Allott, responsable changement climatique au WWF-UK explique que « David Cameron a promis que son nouveau gouvernement sera plus vert qu’aucun gouvernement britannique ne l’ait été. Pour respecter sa promesse, il doit donner une nouvelle impulsion à la politique climatique de l’Union Européenne- et en particulier pour élever les objectifs de l’Union Européenne à au moins 30%. Le Premier ministre doit également montrer qu’il agit chez lui en adoptant rapidement l’objectif de réduction le plus important recommandé par le Comité du Royaume-Uni sur le changement climatique. Ces deux mouvements sont vitaux pour lancer l’économie verte ». – Allemagne : La Chancelière allemande Angela Merkel est sous une pression forte- elle devra démontrer son leadership et sa détermination en tant que dirigeante de l’économie la plus puissante d’Europe. Regine Günther, directrice de la politique climat énergie au WWF Allemagne affirme que « sous le leadership de Merkel, l’Allemagne a adopté un objectif inconditionnel de réduction des émissions de 40%. Il est maintenant temps de remettre l’UE dans une position de leadership en renforçant son objectif à au moins 30% ». Un objectif de 30% pour l’UE serait cohérent avec l’engagement de l’Allemagne. Cependant, l’Allemagne a été étrangement silencieuse sur les questions climatiques cette année, à part le ministre allemand de l’industrie, Rainer Bruederle, qui a récemment remis en cause la position allemande officielle. Merkel devra remettre le ministre de l’industrie à sa place en réaffirmant clairement ce qu’elle a promis précédemment. Elle doit appeler publiquement à un passage inconditionnel à 30% pour l’Union Européenne. – Suède : La Suède nous a surpris, avec un ministre de l’environnement suédois, Andreas Carlgren, déclarant vendredi au Conseil de l’Environnement qu’il estimait que l’Union Européenne n’était pas prête pour passer à un objectif de 30%. Pour Lasse Gustasson, directeur du WWF Suède, « il est troublant que la Suède ait un objectif national inconditionnel de 40% de réduction d’ici 2020 tout en déclarant que les conditions ne sont aujourd’hui pas rassemblées pour que l’Europe passe à un objectif de 30% pour 2020. On dirait presque que la Suède veut tirer à elle les bénéfices des emplois verts et de l’innovation soulignés par la Commission Européenne en fixant un objectif domestique ambitieux tout en laissant l’Europe derrière. Les conditions sont clairement déjà présentes pour une action plus ambitieuse en Suède comme dans l’ensemble de l’Europe. » – Italie : Alors que la ministre italienne de l’Environnement, Stéphanie Prestigiacomo, continue à refuser toute discussion sur les 30% ; le sous-secrétaire italien de l’industrie, Stephano Saglia, expliquait le 10 juin qu’il ne fallait pas fermer la porte aux 30% étant donné qu’un objectif renforcé pourrait bien être une opportunité pour l’industrie qui mérite d’être discutée. Mariagrazia Midulla responsable climat énergie au WWF Italie souligne « qu’il est intéressant que cette prise de conscience atteigne d’abord le ministère du développement économique, avant même le ministère de l’environnement. Cela nourrit l’espoir que l’Italie abandonne son attitude défensive et élabore enfin une stratégie de réduction des émissions et commence à réfléchir à une économie sans carbone ».