Les régulateurs financiers souhaitent encadrer les Credit Default Swaps, ces produits d’assurance devenus de redoutables instruments de spéculation. Au grand dam des banques qui gagnent beaucoup d’argent sur ces transactions opaques.
La crise grecque aura peut être une vertu : celle d’inciter les gouvernements européens à mettre en œuvre une stricte régulation du marché des Credit Default Swaps (CDS). Ces produits d’assurance, censés permettre à ceux qui les achètent de se prémunir du risque de non remboursement d’un crédit ou d’une obligation, sont en fait devenus de redoutables instruments de spéculation. C’est pourquoi, à la mi-mars, l’Allemagne, la France, la Grèce et le Luxembourg ont envoyé une lettre au président de la Commission européenne, José Manuel Baroso, pour lui demander de diligenter « le plus rapidement possible une enquête déterminant le rôle et l’impact de cette spéculation sur CDS sur les obligations des Etats européens ». Le fait que la Banque centrale européenne (BCE) ou les régulateurs financiers nationaux européens ne soient pas capables de répondre immédiatement à cette question souligne combien le marché des CDS est opaque. Que sait-on sur ces produits financiers spéculatifs ? Débutant à la fin des années 1990, les transactions de CDS ont été multipliées par 100 entre 2001 et le pic de 2007 pour atteindre pas loin de 60 000 milliards de dollars. A la fin juin 2009, dernier chiffre connu, le marché était revenu à 36 000 milliards de dollars, selon les données de la Banque des règlements internationaux (BRI), soit 6 % seulement du marché total des produits dérivés, l’ensemble des produits financiers à risque. La BRI distingue deux grands types de CDS : ceux qui permettent de s’assurer contre le défaut de remboursement d’une seule entreprise ou d’un Etat (« single name ») et les « paniers » de CDS qui regroupent plusieurs entités. Seuls les premiers, qui représentent les deux tiers du marché, sont connus avec un peu plus de précision. On sait par exemple que les CDS qui visent à se protéger contre le non remboursement des obligations d’un Etat, comme dans le cas de la Grèce, ne représentent qu’un peu plus de 7 % du marché des single name. Ce sont donc des marchés étroits et facilement manipulables. Ils le sont d’autant plus facilement que les transactions de CDS sont aux mains de quelques gros acteurs. Les acteurs de la finance y sont prédominants puisque les trésoriers des multinationales qui viennent y chercher une assurance contre les variations des prix du pétrole, du blé, etc. (et aussi un peu pour y spéculer) ne représentent que 4 % des transactions. Au sein de ces acteurs financiers, les banques d’affaires jouent un rôle essentiel. Les américaines JP Morgan Chase, Goldman Sachs et la britannique Barclays Capital sont les trois plus gros acteurs, selon une enquête de l’agence de notation Fitch Ratings et les cinq plus grosses banques contrôlent à elles seules près de 90 % des transactions ! Celles-ci s’effectuent selon une procédure « de gré à gré », c’est-à-dire dont le prix et le volume sont négociés de manière bilatérale entre acteurs financiers dans la plus grande opacité quant à savoir qui prend quels risques et à quelle hauteur. C’est pourquoi aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, les régulateurs financiers souhaitent que ces transactions soient négociées sur des Bourses transparentes et que la solidité des acteurs financiers qui y prennent des paris soit contrôlée en permanence par des Chambres de compensation. Au grand dam des banques qui gagnent beaucoup d’argent sur ces transactions opaques et entendent bien qu’elles le restent. La bataille politique est lancée. LIRE AUSSI : Le pouvoir des banques Le lobby bancaire a-t-il poussé à une sous-réglementation de la distribution de crédits immobiliers aux Etats-Unis? Oui, répondent sans hésiter trois économistes du Fonds monétaire international Lire la suite.Les hauts revenus ont explosé
SIGNÉ GÉRARD MATHIEU C’est tout en haut de la pyramide que les revenus ont le plus progressé ces dernières années. Les patrons sont particulièrement bien lotis, comme les sportifs et les vedettes du show business. Extrait du hors-série « Les inégalités en France ». Entre 1996 et 2006, les 0,1% les mieux rémunérés (environ 13 000 salariés) ont vu leur salaire mensuel brut progresser (inflation déduite) de 19 374 à 24 800 euros, un gain de 28%, soit 5 426 euros. Pour les 60% des salariés les moins bien payés, le gain n’a pas dépassé les 133 euros. Edito : La France inégale Longtemps absentes du débat public, les inégalités et les discriminations font aujourd’hui l’objet de toutes les attentions. De la diversité à … lire l’article Etat des lieux : La naissance, une valeur orientée à la hausse Notre société est traversée par de profondes inégalités. Les origines sociales continuent de peser lourdement sur les trajectoires des individus, très loin de la promesse républicaine de « liberté, égalité, fraternité ». lire l’articleÉconomie supportable
Du 25/03/2010 au 26/03/2010 à Toulouse (31). Pendant deux jours, à l’occasion de son 34ème Congrès, la fédération France Nature Environnement (FNE), qui regroupe 3 000 associations écologistes, présentera le résultat de ses travaux consacrés à la transition vers une économie « supportable et désirable », menés en partenariat notamment avec la CFDT, la CLCV, la Caisse des Dépôts, le Crédit Coopératif, Lafarge et Alternatives Economiques. Télécharger le pré-programme du 34ème Congrès de France Nature Environnement « de l’insupportable au désirable »