Un nouveau rapport publié par l’UNESCO à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai, alerte sur les actes de violence et d’intimidation croissants à l’encontre des journalistes couvrant l’environnement et le dérèglement climatique. Au moins 749 journalistes ou médias traitant des questions environnementales ont été attaqués au cours des 15 dernières années, et la désinformation en ligne a considérablement augmenté au cours de cette période. L’UNESCO appelle à un soutien plus important des journalistes environnementaux et à une meilleure gouvernance des plateformes numériques.
Dans son dernier rapport Press and Planet in Danger, l’analyse de l’UNESCO révèle qu’entre 2009 et 2023, au moins 749 journalistes et médias couvrant les questions environnementales ont été victimes de meurtres, de violences physiques, de détentions et arrestations, de harcèlement en ligne ou de poursuites judiciaires. Plus de 300 attaques ont eu lieu entre 2019 et 2023, soit une augmentation de 42 % par rapport aux cinq années précédentes (2014-2018).
Lancé lors de la Conférence de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2024 organisée à Santiago du Chili du 2 au 4 mai 2024, le rapport souligne qu’il s’agit d’un problème mondial, avec des attaques perpétrées dans 89 pays de toutes les régions du monde.
Une hausse des agressions physiques
L’Observatoire de l’UNESCO des journalistes assassinés fait état d’au moins 44 meurtres de journalistes environnementaux au cours des 15 dernières années, parmi lesquels seulement cinq ont donné lieu à des condamnations, soit un taux d’impunité alarmant de près de 90 %. Le rapport révèle en outre que d’autres formes d’agressions physiques sont également répandues, avec 353 incidents recensés. Il constate également que ces agressions ont plus que doublé au cours des dernières années, passant de 85 entre 2014 et 2018 à 183 entre 2019 et 2023.
Lors d’une consultation menée par l’UNESCO en mars 2024 auprès de plus de 900 journalistes environnementaux issus de 129 pays, 70 % d’entre eux ont déclaré avoir subi des attaques, des menaces ou des pressions liées à leurs activités. Parmi eux, deux sur cinq ont par la suite subi des violences physiques.
D’après les données récoltées, les femmes journalistes sont plus exposées que les hommes au harcèlement en ligne, ce qui confirme la tendance identifiée dans le précédent rapport de l’UNESCO The Chilling : global trends in online violence against women journalists.
Outre les agressions physiques, un tiers des journalistes interrogés a déclaré avoir été censuré, et près de la moitié (45 %) a déclaré s’autocensurer lorsqu’ils couvrent l’environnement, par crainte d’être attaqués, de voir leurs sources dévoilées, ou par conscience du fait que leurs articles pourraient porter atteinte aux intérêts des parties prenantes concernées.
Une feuille de route mondiale contre la désinformation sur le climat
L’un des principaux résultats de la Conférence de la Journée mondiale de la liberté de la presse sera une feuille de route mondiale de l’UNESCO contre la désinformation sur le climat, qui identifie les rôles que les gouvernements, les médias, les universités et les chercheurs, la société civile et les plateformes numériques peuvent jouer pour soutenir et protéger les journalistes environnementaux et promouvoir l’intégrité de l’information diffusée en ligne sur l’environnement et le dérèglement climatique.
La Directrice générale de l’UNESCO, aux côtés du Président chilien Gabriel Boric pour l’ouverture de la Conférence sur la liberté de la presse, doit annoncer le lancement d’un programme de subventions destiné à apporter un soutien juridique et technique à plus de 500 journalistes environnementaux victimes de persécutions, ainsi que de nouvelles initiatives visant à promouvoir une réflexion critique sur la désinformation liée au climat et à améliorer la régulation des plateformes numériques, conformément aux Principes pour la gouvernance des plateformes numériques.