Face aux enjeux climatiques, écologiques, économiques et sanitaires liés à une consommation croissante de biens matériels, l’ADEME et le Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires ont lancé une grande campagne de mobilisation. Sur un ton humoristique et décalé, elle invite à se poser les bonnes questions avant d’acheter et à adopter les bons réflexes en matière de consommation responsable. L’occasion de s’interroger avec l’Association Communication & Démocratie comment démocratiser la communication commerciale ?
Il faut espérer que la polémique à propos des spots de l’Ademe sur les « Dévendeurs » ne soit que le 1er épisode d’une série qui va se jouer sur plusieurs saisons car l’entame fut tout à fait prodigieuse en termes de problématiques soulevées, de suspens et de rebondissements !
Outre les enjeux abondamment commentés autour de la frugalité, de la baisse de la consommation, du réemploi, de la réparation et de la pérennité des magasins, il y a un aspect qui mérite qu’on s’y attarde : il s’agit de l’influence de la publicité.
Pour que plusieurs fédérations patronales s’insurgent contre un spot qui ferait baisser les ventes de vêtements dans les boutiques, c’est que la publicité doit être diablement efficace !
Alors si elle l’est tant que ça, l’État, dans un objectif d’intérêt général et de cohérence des politiques publiques, devrait réglementer, taxer voire interdire certaines publicités, comme le demande l’association Communication & Démocratie.
Il ne faudrait plus autoriser les publicités vantant les mérites de la « malbouffe« , pourtant dangereuse pour la santé, alors que nos impôts et nos cotisations sociales contribuent au service public hospitalier et à l’assurance maladie ; ou à des compagnies pétrolières, des banques qui les financent et des SUV, qui émettent énormément de gaz à effet de serre. Mais l’État et les collectivités territoriales peinent à mettre en œuvre des politiques publiques de réduction et d’adaptation au changement climatique.
Chiche pour interdire les spots de l’Ademe, à condition qu’on interdise tous ceux pour des produits et des services qui contribuent à la détérioration de la santé, de l’environnement et du lien social.
Or l’industrie de la publicité qui alimente notre addiction à la surconsommation, pèse de tout son poids pour qu’on ne touche surtout pas à son système d’auto-régulation.
L’agence RUP, très investie dans l’association Communication & Démocratie nous révèle l’ironie de l’histoire. Les spots sur les « Dévendeurs » ont été réalisés par l’agence Havas Paris qui a conseillé, à la manière d’un pompier pyromane, des multinationales tout à fait réputées pour leurs exploits en termes de changement des imaginaires, décarbonation et déconsommation, comme par exemple Coca-Cola, Ikea, ou McDonald’s …
La communication commerciale à l’ère de la sobriété