Alors que les Etats membres de l’Union européenne semblent se séparer en deux camps sur la question de la réforme de la politique commune de la pêche – avec d’un côté ceux qui soutiennent un marché libéral des droits de pêche et de l’autre ceux qui souhaitent conserver le système des TAC (Totaux Admissibles de Capture) et quotas actuel – la commissaire européenne en charge de la pêche, Maria Damanaki a appelé hier les ministres européens « à accepter une réforme en profondeur de la pêche », en dressant un tableau noir des perspectives du secteur à long terme si rien ne change.
Face à ce constat alarmant de la Commission, le WWF-France expose, dans son nouveau rapport qu’il rend public aujourd’hui, une nouvelle politique commune européenne de la pêche qui concilie réalisme et ambition autour de 4 idées fortes : – L’humain : la nouvelle PCP devra remettre les professionnels de la pêche au cœur du dispositif. C’est la condition sine qua non à l’élaboration de règles adaptées et acceptées par tous. – L’écosystème : la nouvelle PCP devra prendre en compte les écosystèmes marins dans leur ensemble (habitats, oiseaux, espèces non ciblées…) et plus uniquement les stocks de poissons commerciaux. De l’équilibre retrouvé de ces écosystèmes dépend l’emploi et la rentabilité de la pêche européenne. – Le territoire : la nouvelle PCP devra répondre à des objectifs communs mais les moyens de les atteindre seront élaborés spécifiquement dans chaque pêcherie ou territoire. Il faut sortir de la micro gestion centrée sur Bruxelles et donner plus de responsabilités aux acteurs du terrain. – Le long terme : la nouvelle PCP devra instaurer des plans de gestion à long terme pour chaque pêcherie, sorte de contrat par lequel les gestionnaires s’engagent à atteindre des objectifs à moyens et long terme en matière environnementale, économique et sociale. Il faut sortir de la politique de gestion de crise qui a conduit la pêche européenne dans la situation actuelle. « Les solutions élaborées au plus près du terrain avec les professionnels sont présentées dans ce rapport ; il ne manque plus que la volonté politique de les mettre en place » commente Charles Braine, responsable du programme Pêche Durable au WWF-France. « C’est un choix de société qui s’offre aux européens. Nous devons collectivement mettre enfin en place une réelle pêche européenne durable, respectueuse de l’environnement et pourvoyeuse d’emplois et de richesse » ajoute Isabelle Autissier, présidente du WWF-France.