Coiffé de sa parure et sous les peintures de chef de guerre, Raoni avait fait sensation, il y a vingt ans, en entreprenant un tour du monde inédit – en 60 jours – avec le cinéaste Jean-Pierre Dutilleux et Corbeau Rouge, le chef sioux nord-américain. Débarquant à Paris, il est alors reçu par le maire, Jacques Chirac, puis par le président François Mitterrand à qui il remet le couvre-chef des guerriers de la tribu des Kayapos (Amazonie). Puis, c’est le prince Charles, le roi Juan Carlos, en Espagne, le pape Jean-Paul II et de nombreuses personnalités dans 15 pays.
Son message : prendre conscience des valeurs de la forêt amazonienne menacée par les hommes. Chez lui, les chercheurs d’or (« garimpeiros ») envahissent des territoires grands comme des départements et en chassent les Indiens. Raoni se retire dans sa tribu sur une victoire : la délimitation du territoire des Kayapos, le Xingu, une zone grande comme six fois la Belgique. Elle a pu être démarquée grâce aux dons réunis dans le monde entier par les douze fondations qui se sont créées sur son passage. Vingt ans après, de nouveaux problèmes surgissent : la grande réserve est menacée. Même le cacique Raoni, âgé d’environ soixante-quinze ans, aussi respecté soit-il par son peuple, a du mal à léguer les valeurs ancestrales aux jeunes générations, dont les plus impatients brûlent leurs illusions dans les lumières des faubourgs de Brasilia. D’où ces « Mémoires », d’où ce cri.Raoni « prêt à la guerre » contre le barrage de Belo Monte
« J’ai demandé à mes guerriers de se préparer à la guerre, j’en ai parlé aussi aux tribus du haut Xingu. Nous ne nous laisserons pas faire. Nous irons tuer les Blancs qui construisent ce barrage », a déclaré Raoni aux journalistes de l’émission 7 à 8 sur TF1, venus l’interviewer dans son village d’Amazonie. « Il est temps que l’on récupère ce qui nous appartient », insiste le chef de la tribu Kayapos. Raoni « implore Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy afin (qu’ils) empêchent le président brésilien de construire ce barrage sur le rio Xingu », qui inonderait 500 km2 en Amazonie et occasionnerait le déplacement d’au moins 20.000 personnes. Après 20 ans de controverses, la justice fédérale brésilienne a donné son feu vert le 16 avril à la construction du barrage de Belo Monte sur le Rio Xingu, qui deviendra en 2015, date prévue de son inauguration, le troisième plus grand barrage hydroélectrique au monde (11.000 MW), derrière celui des Trois Gorges en Chine (18.000 MW) et d’Itaipu (14.000 MW), à la frontière entre le Brésil et le Paraguay. D’un coût de 11 milliards de dollars, « il nécessitera la présence de 200 000 ouvriers dans la région et neuf millions d’hectares de forêt seront affectés » précise l’ONG Survival. Les Indiens et les écologistes mobilisés contre le barrage de Belo Monte ont reçu de nombreux soutiens, notamment celui du chanteur Sting : « Je suis solidaire des peuples indigènes qui tentent de l’arrêter » a-t-il déclaré hier pendant un concert au Venezuela. Il y a 20 ans, Sting s’était déjà mobilisé contre ce projet de barrage. A l’époque, en 1989, son geste avait découragé les financiers internationaux de s’associer au projet. D’autres célébrités comme le cinéaste James Cameron et l’actrice Sigourney Weaver ont épousé également cette cause. Selon eux, le barrage sera trop éloigné de Sao Paulo pour être utile aux Brésiliens ordinaires. Pour en savoir plus sur ce barrage, consultez les sites : – Survival, le mouvement des peuples indigènes en cliquant ici – International Rivers en cliquant iciRaoni, la voix d’un sage
Interview de Yolaine De La Bigne – NEOPLANETE – diffusée sur TerreTV : – Voir les autres séquences sur le site de NEOPLANETE