La maison brûle : 54 heros de l’écologie pour sauver la terre
Le president hongrois n’a pas renonce a mettre les pieds dans le plat. Il veut rassembler les chefs d’Etat verts de la planete.
L’un des peres fondateurs de la nouvelle democratie hongroise, Laszlo Solyom, est aussi l’un des rares chefs d’Etat d’Europe centrale a avoir fait de l’ecologie son cheval de bataille. Son engagement ne date pas d’hier. C’est en effet aux cotes du Cercle du Danube – le mouvement qui s’est oppose au megaprojet stalinien du barrage de Gabcikovo-Nagymaros, a la frontiere avec la Slovaquie – que ce professeur de droit est entre en politique, au debut des annees 1980. Cela lui a permis d’elaborer des regles juridiques en faveur de la protection de l’environnement. En 1989, il a figure parmi ceux qui, au nom de l’opposition, ont negocie la transition. President de la Cour constitutionnelle de 1990 a 1998, il a mis l’ecologie au programme de la Constitution et a elabore un projet de loi visant a creer un poste de mediateur des futures generations. Il s’est donc naturellement retrouve, en 2000, parmi les fondateurs de Vedegylet [Association de protection]. L’organisme, dont la devise est “La politique peut etre differente”, “essaie de trouver des alternatives ecologiques, radicales et democratiques a la colonisation technologique au niveau des institutions democratiques, de la politique commerciale et energetique ou, par exemple, de la protection des forets”, explique son actuel president. Vedegylet s’est notamment opposee a l’installation d’un radar de l’OTAN a Zengo, un site protege au sud de la Hongrie. Solyom etait evidemment au rendez-vous. C’est aussi Vedegylet qui, en 2005, a rassemble des intellectuels de tous les bords pour demander a Solyom de se porter candidat a la presidence. L’objectif fut atteint puisque, le 7 juin 2005, il a ete elu president de la Republique par les deputes.
Mais ce n’est pas cette election qui va le detourner de son engagement. Ses propos et ses actes continuent de deranger, comme en temoigne la declaration faite le 4 aout 2005, a la veille de son investiture. “Il faut reconnaitre le poids et le role des Etats-Unis. Mais je dis egalement qu’ils ne doivent pas tomber dans des exces. Moi, par exemple, je n’irai pas aux Etats-Unis – je ne m’y suis pas rendu quand j’etais scientifique – tant que je serai oblige de donner mon empreinte digitale”, expliquait-il alors au quotidien Magyar Hírlap. Ses nouvelles fonctions ne l’empechent pas de poursuivre son engagement. En septembre, il a participe – cette fois “a titre prive” – a une manifestation a Zengo. Le gouvernement vient d’ailleurs d’annoncer qu’un nouveau site avait ete trouve pour le radar.
“L’initiative poussera comme une plante et portera ses fruits”
Il a d’autres ambitions, comme celle de “rassembler les chefs d’Etat verts de la planete”. Une idee qu’il a developpee dans un entretien accorde au quotidien hongrois Nepszabadsag. “Il ne s’agit pas d’un quelconque organisme. Ce sera un reseau fonde sur des liens personnels, ce qui explique pourquoi il se fait lentement. Le systeme de valeurs qu’il representera ? Je l’appellerais ‘la responsabilite a l’egard de l’avenir’. Car il y a des causes sur lesquelles nous, les chefs d’Etat, nous pouvons avoir de l’influence. Quant au cadre structurel de ce reseau, je prevois un evenement pour manifester notre engagement, dans deux ans, a Budapest. C’est tout. Nous sommes de plus en plus nombreux. Le premier que je suis alle voir etait le president lituanien : il a accueilli l’idee avec enthousiasme. L’idee avance bien : des ambassadeurs viennent me voir, surtout des pays nordiques et d’Amerique du Sud. Mais je ne veux pas precipiter les choses. L’initiative suivra son chemin, elle poussera, comme les plantes, de facon organique, et portera peut-etre un jour ses fruits.”