Le Comité 21 publiera prochainement un guide méthodologique sur le tourisme durable. Après deux années d’échanges avec les membres du groupe de pilotage (entreprises, collectivités, associations, ministères…), ce guide présentera tant les enjeux auxquels la filière se voit confrontée qu’une méthodologie d’action pour faire face aux risques climatiques, environnementaux, sociaux, sociétaux et économiques. En 2006, on comptait 846 millions de visiteurs internationaux et 4 milliards de voyages domestiques. A l’horizon 2020, l’Organisation Mondiale du Tourisme prévoit que les voyages internationaux doubleront (1,6 milliard). Réunis à Davos en septembre dernier, les leaders de l’industrie ont notamment proposé de promouvoir des destinations neutres en CO2, ainsi que de développer des outils Internet facilitant l’identification de produits et de services plus responsables.
Le risque climatique est aujourd’hui la clef de lecture du secteur face aux enjeux plus larges du développement durable. Au regard des préoccupations grandissantes et des premières actions mises en place, il demeure toutefois difficile de concilier dans la durée tourisme de masse et enjeux environnementaux. Il n’est pas anodin de voir que l’attention se concentre sur les émissions du secteur aérien. D’ailleurs, si ce secteur représente entre 2 et 5% des émissions mondiales de GES selon les estimations, il compte pour 40% des émissions du seul secteur touristique. La hausse du prix du baril, tout comme le coût carbone (prise en compte du secteur dans le processus d’échange de quotas) interroge sur sa capacité à rester un acteur majeur de la production de séjour low cost tout-inclus, toujours plus loin, toujours plus court, toujours plus souvent. Dit autrement, quel consommateur pourra accéder demain à ce type de consommation touristique ?
Cette contradiction, qui semble être franchie sur d’autres secteurs, est cristallisée par l’aspect non essentiel de la pratique touristique et par le droit aux loisirs inscrit dans la Constitution des Droits de l’Homme. Le tourisme de masse, fruit du progrès, est aujourd’hui remis en cause par son empreinte écologique. Les destinations et les entreprises du secteur ont donc un rôle majeur à jouer. Entreprendre une mutation des loisirs et des vacances, c’est remettre en cause des désirs et des plaisirs tels que nous les concevons actuellement. Alors posons-nous la question : à quelles conditions le tourisme durable peut-il être rendu désirable ?
Ugo Toselli