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... et premiers pas vers un New-deal écologique mondial ?

Jusqu’à présent aucun instrument mondial n’existait pour limiter la pollution par le mercure, métal cependant hautement toxique dont les effets sont désastreux sur la santé humaine et l’environnement car aucun organisme ne peut pas l’éliminer. Les quelque 140 ministres de l’Environnement réunis cette semaine à Nairobi (Kenya), à l’occasion du forum annuel du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) ont enfin décidé, vendredi, à l’unanimité, d’ouvrir des négociations pour élaborer un traité visant à en diminuer, voire, à terme, en supprimer l’usage. A cette occasion, le PNUE a également annoncé d’autres initiatives pour initier une économie plus verte et plus respectueuse des Hommes. Sages intentions qui restent à concrétiser…

Vers un mécanisme de gestion mondiale du mercure

Marielle Court explique dans Le Figaro (20/02/09) : « Les derniers récalcitrants qu’étaient le Brésil, l’Inde et surtout la Chine ont cédé. Cette décision doit beaucoup au ralliement de la nouvelle Administration américaine. Alors que George Bush y était farouchement opposé, Barack Obama a de longue date dénoncé les méfaits de ce métal lourd. Encore sénateur, il avait proposé au vote le texte qui vise à interdire aux États-Unis d’exporter ses stocks de mercure à partir de 2013. De son côté, l’Europe a adopté une mesure similaire prenant effet en 2011. » Pour le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), cette « décision, prise par plus de 140 pays, ouvre la voie à la levée d’une importante menace pour la santé de centaines de millions de personnes ». Dans un communiqué de presse, l’Organisation Internationale exprime sa satisfaction : « Les gouvernements ont décidé à l’unanimité de lancer de négociations sur un traité international du mercure pour faire face aux émissions globales et aux rejets d’un polluant qui menace la santé des fœtus et des bébés aux mineurs d’or et leurs familles. Ils se sont également convenus que les risques pour la santé humaine et l’environnement sont si importants que l’accélération de l’action volontaire dans le cadre d’un partenariat mondial sur le mercure est nécessaire pendant que le traité est en cours de finalisation ». Marielle Court précise en effet qu’il était temps. « Sur les 6 000 tonnes de mercure qui sont tous les ans rejetées dans l’environnement, près de 2 000 proviennent des centrales au charbon ou de la combustion du charbon dans les foyers. Mais le mercure est également utilisé dans l’industrie du chlore (en France, notamment), par les cimenteries ou est rejeté par les incinérateurs. On le trouve aussi dans certains produits cosmétiques (blanchiment de la peau). Il est également manipulé par les chercheurs d’or, qui le rejettent dans les rivières, ou par de nombreux dentistes pour des alliages… Bref, il se faufile partout. Il est dangereux de l’inhaler comme de le toucher, tout particulièrement sous la forme de méthylmercure, avec des affections qui peuvent aller de la simple allergie aux troubles neurologiques irréversibles. » et de rappeler qu’« une fois qu’il est disséminé, il ne se dégrade jamais. On en trouve dans l’air, dans l’eau, dans les sédiments ou dans les sols avec une conséquence dramatique : la contamination de la chaîne alimentaire. Il s’accumule notamment dans la chair des poissons, y compris dans des zones très éloignées de toute production. Relâché dans l’atmosphère, le mercure peut en effet être transporté sur des centaines de kilomètres avant de retomber »[[Pour en savoir plus sur ce sujet consulter sur Cdurable.info : Zero Mercury : les résultats français de la campagne internationale sur les dangers du mercure dans l’industrie.]]. Pour répondre à ce constat, le partenariat mondial prévoit de : – Renforcer la capacité des pays dans le monde entier de stocker le mercure – Réduire la provision du mercure provenant de l’extraction primaire du métal lourd – Développer des projets de sensibilisation des risques et des projets pour réduire l’utilisation du mercure dans l’exploitation minière artisanale, où l’on estime que 10 millions de mineurs et leurs familles sont exposés – Réduire le mercure dans des produits tels que les thermomètres et les lampes à décharge de haute intensité, ainsi que des procédés tels que certains types de fabrication de papier et la production de matières plastiques. Achim Steiner, Secrétaire général Adjoint et Directeur exécutif du PNUE, exprime sa satisfaction : « Le PNUE a, pendant sept ans, a coordonné et contribué à un débat scientifique et politique intense sur la meilleure façon de traiter la question du mercure. Aujourd’hui, les ministres de l’environnement du monde, armés de tous les faits et de tous les choix, ont décidé qu’il est temps d’agir sur cette pollution « . « Il y a seulement quelques semaines, les nations restaient divisées sur la manière de traiter cette menace majeure pour la santé publique qui touche chaque personne dans tous les pays du monde. Aujourd’hui, nous sommes unis sur la nécessité d’un instrument juridiquement contraignant et une action immédiate vers une transition à un monde faible en mercure ».

Vers un New-deal écologique mondial ?

Pour le directeur exécutif du Pnue, la décision sur le mercure constitue un message fort destiné aux citoyens du monde entier : « le message est que pendant que le monde souffre des crises financières et économiques, l’environnement ne doit pas être ignoré – les défis mais également les possibilités sont tout simplement trop grands. En effet, les ministres du Nord et du Sud, ici à Nairobi à travers leurs mots et leurs actions, ont signalé que l’investissement dans l’environnement et l’écologisation de l’économie est l’une des clés pour libérer l’innovation, la création d’emplois, la reprise du monde plus sain et plus durable – non seulement sur la question du mercure, mais à travers l’ensemble des secteurs et des sociétés. » Pour Olivier Dulic, le ministre de l’Environnement Serbe qui a présidé la réunion de Nairobi : « Les ministres de l’environnement doivent être des ministres de la réussite économique durable. Créer une économie verte va de pair avec le développement durable et la réalisation des Objectifs de Développement du Millénaire « . Selon lui, de nombreux ministres réunis cette semaine, soutiennent maintenant l’idée que l’investissement dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ainsi que les investissements dans les produits naturels ou basés sur la nature tels que les forêts et les eaux douces, pourraient ré-établir les économies. « La transition vers une économie verte est largement reconnue comme un moyen d’offrir de multiples avantages pour la communauté internationale et pour toutes les nations pour adresser l’alimentation, l’énergie, la sécurité de l’eau et le changement climatique », a-t-il ajouté. Plutôt réalistes, les ministres constatent qu’il reste beaucoup à faire pour réaliser une économie verte au niveau mondial et national. Mais pour le PNUE, « ces pousses vertes de la reprise pourraient, avec d’importants investissements supplémentaires, des incitations pour augmenter des projets, la mise en place d’un cadre de droit réglementaire et l’amélioration de la gouvernance, incliner les politiques vers l’économie verte ». Et de rappeler que réaliser l’économie verte dans les pays en développement, le soutien est nécessaire, y compris l’écologisation de l’aide de développement, l’assistance bilatérale, le renforcement des capacités et d’autres flux financiers ainsi que de plus d’accès à des mécanismes tels que le traité du climat de l’ONU sur le Mécanisme de développement propre.

Biodiversité : vers une plate-forme intergouvernementale ?

Les gouvernements ont également marqué leur détermination à relever le défi de l’accélération de la perte de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes et de leurs milliards de dollar de services, du stockage du carbone par les forêts à la défense côtière par les récifs coralliens. Aujourd’hui, ils ont appelé le PNUE à organiser une réunion internationale en 2009 pour examiner les avantages et les inconvénients de la création d’une « plate-forme intergouvernementale science et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques » ainsi qu’une évaluation scientifique sur les lacunes dans les connaissances actuelles. Le Directeur exécutif du PNUE fera un rapport sur les progrès accomplis à la session extraordinaire sur la diversité biologique à la 65e session de l’Assemblée générale des Nations unies en 2010.

 

Sources de l’article : communiqué de presse du PNE (20/02/09) – Le Figaro (20/02/09)

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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