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Innovations qui nourrissent la planète

Le rôle vital des femmes pour alimenter les communautés en Afrique subsaharienne

Par Danielle Nierenberg, chercheur senior à l’Institut Worldwatch

Danielle Nierenberg est chercheur senior à l’Institut Worldwatch, une organisation environnementale basée à Washington, DC. Elle voyage actuellement à travers l’Afrique subsaharienne évaluant des solutions durables pour l’environnement dans la lutte contre la faim et la pauvreté. Cette étude aboutira avec la sortie de L’état du monde 2011 : Des innovations qui nourrissent la planète. A suivre sur CDURABLE.info … chaque semaine une nouvelle initiative pour nourrir la Planète.

Cette semaine Danielle Nierenberg nous écrit de Banjul en Gambie pour partager avec nous les innovations des 1,6 milliard de personnes qui produisent plus de la moitié de la nourriture dans le monde, mais ne reçoivent que cinq pour cent des financement de l’agriculture et des services : les femmes. Des organisations, comme l’ONG française Solidarités, les Entreprises du Développement International et l’Initiative pour les Agriculteurs du Futur, aident les femmes à accroître leur indépendance et améliorer leur rôle vital dans la lutte contre la faim et la pauvreté. La semaine dernière à la réunion du Comité électoral de Maison et Faim à Washington DC, le panéliste, Cheryl Morden, directeur du Bureau de liaison nord-américain du Fonds international de développement agricole (FIDA)/, a conclu que dans la lutte de la communauté pour financer l’agriculture mondiale contre la faim et la pauvreté, il y a une « grande récompense à mettre l’accent sur les femmes, » mais « négligez-les et vous finirez par faire des méfaits. »
Photo : Bernard Pollack
Photo : Bernard Pollack
Bien que les agricultrices produisent plus de 50 % des aliments cultivés dans le monde et représentent environ 1,6 milliard de femmes qui dépendent de l’agriculture pour leur subsistance, elles ne bénéficient souvent pas des financements de l’agriculture en raison d’obstacles institutionnels et culturels auxquels elles sont confrontées, notamment le manque d’accès à la terre, au crédit et à l’éducation. Dans le monde, les femmes ne reçoivent que 5 % des financements agricoles et ne possèdent que 2 % des terres dans le monde.
Photo : Solidarites.org
Photo : Solidarites.org
Mais la recherche a montré que quand les revenus des femmes s’améliorent et quand elles ont un meilleur accès aux ressources comme l’éducation, l’infrastructure, le crédit et les soins de santé, elles ont tendance à investir davantage dans la nutrition, l’éducation et la santé de leur famille, ce qui provoque un effet d’entraînement des avantages qui peuvent s’étendre à la communauté tout entière. Dans Kibera – le plus grand bidonville de l’Afrique subsaharienne à Nairobi, au Kenya, où 700.000 à un millions de personnes vivent – les agricultrices, avec la formation et des semences fournis par l’ONG Française Solidarités, cultivent de plus en plus de fermes de légumes dans des sacs remplis de terre. Plus de 1.000 femmes cultivent de plus en plus les aliments de cette façon et pendant la crise alimentaire au Kenya en 2007 et 2008, lorsque le conflit à Nairobi a empêché la nourriture d’entrer dans la zone, la plupart des habitants n’ont pas souffert de la faim parce qu’il y avait tant de ces « fermes verticales ». En Zambie, Veronica Sianchenga, une fermière habitant au village de Kabuyu, a constaté des améliorations dans la qualité de vie de sa famille quand elle a commencé à irriguer sa ferme avec le « Mosi-o-Tunya » (la pompe du tonnerre), un pompe à pression achetée à International Development Enterprises (IDE).
Photo : Solidarites.org
Photo : Solidarites.org
Dans de nombreuses régions d’Afrique sub-saharienne, aller chercher de l’eau – dans les parties les plus sèches du continent peut nécessiter jusqu’à huit heures de travail par jour – est une tâche habituellement dédiée aux femmes. En expliquant que ses enfants mangent sain, avec plus de légumes dans leur alimentation, Mme Sianchenga ajoute qu’elle profite également d’une plus grande indépendance. « Maintenant, nous ne sommes pas obligée de compter uniquement sur nos maris, parce que nous sommes aujourd’hui en mesure de réaliser nos propres projets et d’aider nos maris, nos familles à mieux faire, mieux manger, mieux se vêtir et même avoir une maison. »
Photo : Bernard Pollack
Photo : Bernard Pollack
Au Rwanda, l’Initiative pour les Agriculteurs du Future (IFP) aide des jeunes filles et d’autres étudiants à se former en intégrant les jardins scolaires et une formation en agriculture dans les programmes scolaires dès le primaire. Plus de 60 % des étudiants au Rwanda retourneront en zones rurales à la ferme pour gagner leurs vies après avoir obtenu des diplômes, au lieu d’aller à l’école secondaire ou à l’université. Bien que les jeunes garçons et filles bénéficient de la même formation, il est particulièrement important pour les jeunes filles d’apprendre ces compétences, dit Joséphine Tuyishimire, afin qu’elles puissant éviter de dépendre des hommes pour leur sécurité alimentaire et financière. Et afin qu’elles puissent partager ce qu’elles apprennent. Pour «transmettre ces compétences aux générations futures», ou aux enfants qui sont souvent sous leur garde -dit Tuyishimire, les femmes aident à créer de futurs agriculteurs prêts à se nourrir et, par là même, à être autonomes et habilités. Pour en savoir de plus sur le rôle important des femmes dans la lutte contre la faim et la pauvreté, voyez : – L’agriculture en périphérie urbaineDes unités de biogaz pour transformer les effluents d’élevage en électricité propreLes femmes entrepreneurs : ajouter de la valeurLes agricultrices sont essentielles pour réduire de moitié la faim d’ici à 2015Obtenir de l’eau pour irriguer les cultures en Afrique – ZambieRéduire ce que les femmes transportent en Afrique subsaharienne Si vous connaissez d’autres façons qui permettent aux gens de tirer le meilleur parti du fumier de leurs déchets et si vous souhaitez partager avec nous, nous vous invitons à laisser un commentaire ou remplir notre enquête sur l’innovation de l’agriculture. – Photo : Bernard Pollack. Un agriculteur du bidonville de Kibera à Nairobi, au Kenya montre à Danielle Nierenberg (à gauche) sa ferme verticale. – Plus de photos dans la Galerie de Nourrir la Planète

Nourrir la Planète : Évaluation des solutions durables pour l’environnement afin de réduire la faim dans le monde et la pauvreté en milieu rural

Le développement agricole arrive à un carrefour. Près d’un demi-siècle après la Révolution Verte – la première tentative systématique à grande échelle pour réduire la pauvreté et la faim dans le monde – une grande partie de la famille humaine souffre encore de la faim. Dans le même temps, les investissements dans le développement agricole par les gouvernements, les banques internationales et les fondations sont à leur plus bas niveau historique. Ceci ne pouvait arriver à un plus mauvais moment. La complexité des forces démographiques, économiques et naturelles concourent à rendre plus difficile le défi pour réduire la faim. Ceux-ci incluent la hausse vertigineuse des prix du pétrole et des denrées alimentaires ainsi que le changement climatique et la persistance d’accords commerciaux injustes. Cependant, cette crise nous donne l’opportunité de recentrer l’attention de l’opinion publique sur les ressources alimentaires, l’agriculture et les zones rurales. De façon globale, il s’agit de redonner priorité à la sécurité alimentaire. Dans les prochaines années, les preneurs de décision et les donateurs vont à nouveau attribuer des fonds au développement agricole, ces derniers auront donc grand besoin d’être conseillés. Durant des dernières décennies, a émergé une nouvelle génération d’approches innovantes pour soulager la faim. Celles-ci proviennent de communautés de fermiers, d’organisations bénévoles privées, d’universités et de compagnies agro-alimentaires. La plupart de ces approches offrent des modèles utiles pour des projets à grande échelle. Cependant, il semble de plus en plus évident que combiner les approches (techniques conventionnelles combinées à des approches agro-écologiques ou des méthodes d’auto-évaluation protégeant les ressources naturelles) est plus efficace en termes de productivité, de revenu et de durabilité. Le projet Nourrir la Planète établira une évaluation des nouvelles techniques agricoles – des méthodes de récoltes aux technologies d’irrigation et aux politiques agricoles – en mettant l’accent sur le développement durable, la biodiversité, la santé des écosystèmes ainsi que la productivité. Le projet a un double but : celui d’informer sur les efforts mondiaux pour éliminer la faim et celui de promouvoir ces efforts. Le projet étudiera également les infrastructures institutionnelles nécessaires à chacune des approches, en suggérant les investissements complémentaires pouvant contribuer au leur succès – des banques de semences locales aux installations de traitement et aux bureaux de marketing. Le projet aboutira à la parution de State of the World 2011, un rapport complet sur la situation de l’agriculture ainsi que des documents d’informations dérivés, des résumés, des vidéos et des podcasts. Ce rapport fera office de guide pour les fondations, et les donateurs désirant soutenir les actions les plus efficaces dans le domaine de l’agriculture, dans des contextes agro-écologiques et socio-économiques divers. Les conclusions de ces recherches seront mises à la disposition des nombreux milieux influents dans le domaine agricoles, y compris les ministères des gouvernements, les décideurs en matière de politiques agricoles ainsi que les communautés de fermiers et les organisations non-gouvernementales dans le domaine de l’environnement (dont l’influence va en s’accroissant). Mettant l’accent sur les recherches de terrain, la co-directrice du projet Danielle Nierenberg est actuellement en déplacement en Afrique sub-saharienne afin de rencontrer des fermiers et communautés de fermiers, des représentants de gouvernements locaux, des donateurs et des organisations non-gouvernementales.
Nourrir la Planète - WorldWatch Institute
Nourrir la Planète – WorldWatch Institute

 

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