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Innovations qui nourrissent la planète

Des solutions locales pour soulager la faim et la pauvreté en Afrique

Par Danielle Nierenberg, chercheur senior à l’Institut Worldwatch

Danielle Nierenberg est chercheur senior à l’Institut Worldwatch, une organisation environnementale basée à Washington, DC. Elle voyage actuellement à travers l’Afrique subsaharienne évaluant des solutions durables pour l’environnement dans la lutte contre la faim et la pauvreté. Cette étude aboutira avec la sortie de L’état du monde 2011 : Des innovations qui nourrissent la planète. A suivre sur CDURABLE.info … chaque semaine une nouvelle initiative pour nourrir la Planète.

Cette semaine, Danielle Nierenberg nous écrit de Cotonou, au Bénin, et partage avec nous une innovation sur les avantages de la croissance des cultures autochtones. Les travaux de plusieurs agriculteurs rencontrés lors de ses voyages en Afrique sub-saharienne l’invitent à promouvoir les légumes indigènes nutritifs, résistants et savoureux cultivés dans les jardins des agriculteurs. « Nous avons des centaines d’aliments locaux, presque 600 que nous avons regroupées grâce à nos recherches, » a déclaré Kristof Nordin dans un entretien avec Danielle Nierenberg, co-directeur du projet ‘Nourrir la planète’, au site du projet de permaculture qu’il a avec sa femme, Stacia, au Malawi (voir aussi : Malawi’s Real Miracle). « Mais nous sommes affamés parce que nous cultivons une seule culture : le maïs, qui est originaire de l’Amérique. »
Aujourd'hui, au Mozambique, les agriculteurs et cultivateurs ont un plus grand respect pour les variétés indigènes de graines. (Photo by Jose Gonzalez de Tanago)
Aujourd’hui, au Mozambique, les agriculteurs et cultivateurs ont un plus grand respect pour les variétés indigènes de graines. (Photo by Jose Gonzalez de Tanago)
Plusieurs efforts pour combattre la faim et la sécheresse en Afrique soulignent l’accroissement des rendements des cultures de base comme le maïs, le blé, le manioc et le riz, qui peuvent fournir des calories indispensables ainsi que des revenus à des millions d’agriculteurs. Ces aliments, cependant, manquent de nombreux micronutriments essentiels, y compris la vitamine A, la thiamine et la niacine. C’est pour cela que de nombreuses communautés comptent sur les légumes indigènes comme l’amarante, le dika, le moringa et le baobab pour supplémenter en éléments nutritifs et donner du goût aux aliments de base. Ces légumes sont riches en vitamines et en éléments nutritifs et souvent ils sont naturellement résistants aux parasites locaux et aux fluctuations climatiques, ce qui en fait un outil important dans la lutte contre la faim et la pauvreté. « Nous ne disons pas qu’il faut arrêter de cultiver le maïs, on cultive le maïs aussi, » a dit Kristof. « Mais nous essayons de montrer aux gens comment le maïs peut faire partie d’une approche intégrée et comment l’agriculture peut être intégrée dans un régime alimentaire équilibré. » En plus, avoir plus de variété mène à un régime plus savoureux, selon le Dr Tenkouano Abdou, directeur régional pour l’Afrique du World Vegetable Center à Arusha, en Tanzanie. « Aucune des cultures de base ne seraient savoureuses sans les légumes, » a déclaré Danielle quand elle a visité le centre. Depuis presque 20 ans, le Centre – qui fait partie du Asian Vegetable Research and Development Center, basé à Taiwan – a travaillé en Afrique à sélectionner des cultures qui conviennent mieux aux besoins des agriculteurs (voir : Listening to Farmers).
AVRDC - The World Vegetable Center
AVRDC – The World Vegetable Center
Au delà de fournir des vitamines et des nutriments essentiels pour un régime complet, les légumes autochtones sont plus abordables et accessibles aux agriculteurs qui, autrement, seraient obligés de payer les cultures de base importées et coûteuses, et les intrants dont ils ont besoin. Selon le site web du Centre, la production de légumes génère aussi plus de revenus pour les fermes que la plupart des autres entreprises agricoles. Les légumes indigènes contribuent aussi à préserver la culture et les traditions. « Si quelqu’un ne sait pas préparer les aliments, il ne sait pas manger, » a déclaré Edward Mukiibi, coordinateur du projet Developing Innovations in School Cultivation (DISC) en Ouganda, dans un entretien avec Danielle. Le projet de DISC, établi par Edward et Roger Serunjogi en 2006, a comme but d’augmenter la sensibilisation à l’environnement et l’appréciation de l’alimentation, la nutrition et la gastronomie en créant des jardins dans 15 écoles préscolaires, écoles et internats. Le projet focalise sur les légumes indigènes et aide non seulement à préserver la culture ougandaise, mais aussi à montrer aux enfants comment l’agriculture peut être un moyen d’améliorer le régime alimentaire, les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire (voir : How to Keep Kids Down on the Farm). Sylvia Banda est une autre pionnière de la culture. Elle a fondé Sylvia Professional Catering Services en 1986, en partie parce qu’elle était fatiguée de voir les aliments occidentaux préférés à la nourriture traditionnelle comme la chibwabwa (les feuilles de courge) de la Zambie et l’impwa (aubergine) (voir Winrock International and Sylva Professional Catering Services Ltd). Ce qui a commencé comme une entreprise de traiteur est devenu restaurant, école de cuisine et hôtel, avec des programmes de formation qui enseignent aux agriculteurs en Zambie – dont la plupart sont des femmes – à cultiver les plantes indigènes. L’entreprise de Sylvia achète les cultures des agriculteurs qu’ils forment et les utilise dans les plats traditionnels préparés dans ses installations, ce qui aide à améliorer les moyens locaux de subsistance et à maintenir les revenus de l’économie locale.
Sylvia Banda, fondatrice de Sylva Professional Catering Services, avec son mari. (Photo: Business Week).
Sylvia Banda, fondatrice de Sylva Professional Catering Services, avec son mari. (Photo: Business Week).
« Quand j’ai rencontré certaines de ces familles, leurs enfants étaient à la maison alors que l’école était ouverte, » a déclaré Sylvia au cours d’un événement – la Community Food Enterprise Panel and Discussion – organisé par Winrock International à Washington, D.C., en janvier. « Ils me disaient qu’ils n’avaient pas d’argent pour payer les études. Mais quand je les ai pris comme fournisseurs pour mon entreprise, les familles pouvaient se permettre d’envoyer leurs enfants à l’école et même d’acheter des choses comme des meubles pour leurs maisons. » Les femmes qui cultivent des jardins potagers dans le bidonville de Kibera près de Nairobi, au Kenya, étaient parmi les mieux préparées pour la crise nationale alimentaire, en 2007, malgré le fait d’être les plus pauvres de la société. Leurs jardins ont fourni des repas aux familles dans un moment où aucun autre aliment n’arrivait à la ville. Avec l’augmentation des prix des aliments en Afrique et les impacts du changement climatique qui deviennent de plus en plus importants, le jardin potager avec ses légumes autochtones, résistants aux conditions climatiques extrêmes et riches en vitamines et nutriments, est devenu de plus en plus important (voir : Vertical Farms : Finding Creative Ways to Grow Food in Kibera). Comme ces exemples le démontrent, la plupart des régions de l’Afrique subsaharienne « possèdent tout ce dont elles ont besoin, » selon Kristof. Pour en savoir plus sur les avantages des légumes indigènes comme cultures, voir : – Listening to Farmers, – Keeping Weeds for Nutrition and Taste, – Cultivating a Passion for Agriculture, – Valuing What They Already Have, – Creating a Well-Rounded Food Revolution, – Cultivating Food Security in Africa. – Photo : Bernard Pollack – Danielle (à droite) avec Marie Naku, étudiant de 19 ans à l’école secondaire Sirapollo Kaggwass en Ouganda, qui apprend de compétences en agriculture du projet de DISC. – Plus de photos dans la Galerie de Nourrir la Planète

Nourrir la Planète : Evaluation des solutions durables pour l’environnement afin de réduire la faim dans le monde et la pauvreté en milieu rural

Un projet du Worldwatch Institute soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates Le développement agricole arrive à un carrefour. Près d’un demi-siècle après la Révolution Verte – la première tentative systématique à grande échelle pour réduire la pauvreté et la faim dans le monde – une grande partie de la famille humaine souffre encore de la faim. Dans le même temps, les investissements dans le développement agricole par les gouvernements, les banques internationales et les fondations sont à leur plus bas niveau historique. Ceci ne pouvait arriver à un plus mauvais moment. La complexité des forces démographiques, économiques et naturelles concourent à rendre plus difficile le défi pour réduire la faim. Ceux-ci incluent la hausse vertigineuse des prix du pétrole et des denrées alimentaires ainsi que le changement climatique et la persistance d’accords commerciaux injustes. Cependant, cette crise nous donne l’opportunité de recentrer l’attention de l’opinion publique sur les ressources alimentaires, l’agriculture et les zones rurales. De façon globale, il s’agit de redonner priorité à la sécurité alimentaire. Dans les prochaines années, les preneurs de décision et les donateurs vont à nouveau attribuer des fonds au développement agricole, ces derniers auront donc grand besoin d’être conseillés. Durant des dernières décennies, a émergé une nouvelle génération d’approches innovantes pour soulager la faim. Celles-ci proviennent de communautés de fermiers, d’organisations bénévoles privées, d’universités et de compagnies agro-alimentaires. La plupart de ces approches offrent des modèles utiles pour des projets à grande échelle. Cependant, il semble de plus en plus évident que combiner les approches (techniques conventionnelles combinées à des approches agro-écologiques ou des méthodes d’auto-évaluation protégeant les ressources naturelles) est plus efficace en termes de productivité, de revenu et de durabilité. Le projet Nourrir la Planète établira une évaluation des nouvelles techniques agricoles – des méthodes de récoltes aux technologies d’irrigation et aux politiques agricoles – en mettant l’accent sur le développement durable, la biodiversité, la santé des écosystèmes ainsi que la productivité. Le projet a un double but : celui d’informer sur les efforts mondiaux pour éliminer la faim et celui de promouvoir ces efforts. Le projet étudiera également les infrastructures institutionnelles nécessaires à chacune des approches, en suggérant les investissements complémentaires pouvant contribuer au leur succès – des banques de semences locales aux installations de traitement et aux bureaux de marketing. Le projet aboutira à la parution de State of the World 2011, un rapport complet sur la situation de l’agriculture ainsi que des documents d’informations dérivés, des résumés, des vidéos et des podcasts. Ce rapport fera office de guide pour les fondations, et les donateurs désirant soutenir les actions les plus efficaces dans le domaine de l’agriculture, dans des contextes agro-écologiques et socio-économiques divers. Les conclusions de ces recherches seront mises à la disposition des nombreux milieux influents dans le domaine agricoles, y compris les ministères des gouvernements, les décideurs en matière de politiques agricoles ainsi que les communautés de fermiers et les organisations non-gouvernementales dans le domaine de l’environnement (dont l’influence va en s’accroissant). Mettant l’accent sur les recherches de terrain, la co-directrice du projet Danielle Nierenberg est actuellement en déplacement en Afrique sub-saharienne afin de rencontrer des fermiers et communautés de fermiers, des représentants de gouvernements locaux, des donateurs et des organisations non-gouvernementales.
Nourrir la Planète - WorldWatch Institute
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