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Une campagne du Réseau Environnement Santé

Alerte sur le Bisphénol A dans les plastiques alimentaires

Un enjeu de santé publique

Pour la première fois en France, des ONG, des professionnels de la santé, des malades, des scientifiques et des citoyens se rassemblent dans un Réseau Environnement Santé (pour en savoir plus consulter notre article). La première campagne du RES vise le Bisphénol-A dans les plastiques alimentaires, substance interdite depuis l’an passé au Canada dans les biberons. Le Bisphénol-A, une substance chimique utilisée dans la composition de certaines matières plastiques est considéré comme un perturbateur endocrinien (modifie le fonctionnement hormonal et la santé reproductive). Des tests sur les animaux l’ont également rendu responsable de certains cancers (sein, prostate, testicules), de troubles du comportement et de diabètes, selon André Cicolella, chimiste et chercheur en santé environnementale, porte-parole du réseau.

Pourquoi faut-il interdire le BPA dans les plastiques alimentaires ?

A cette question le Réseau Environnement Santé (RES) répond dans un dossier de presse dont nous reprenons ci-dessous de larges extraits. Ce document démontre quels sont les véritables enjeux du BPA. Tout d’abord de quoi parle-t-on ? Qu’est-ce que le bisphénol A ? Quels sont les risques pour la santé ? …Qu’est-ce que le bisphénol A ? C’est une substance chimique utilisée dans la composition de certaines matières plastiques, principalement polycarbonate (65% des usages) et polyépoxy (30% des usages). – Où trouve-t-on le BPA ? On le trouve dans des usages alimentaires : biberons, récipients plastiques pour micro-onde, petit électro-ménager de cuisine, bouteilles d’eau réutilisables, revêtement des boîtes de conserve et des cannettes. On le trouve dans les plastiques identifiés par le code de recyclage n°7 et, dans une moindre mesure, n° 3 et n° 6. Mais aussi dans des usages non alimentaires : pare-choc, lunettes, CD, papier thermique, ciments dentaires… – Comment est-on exposé au BPA ? Quasi-exclusivement par la voie alimentaire, en raison de la migration du BPA dans les aliments notamment sous l’effet de la chaleur, mais on le détecte aussi dans les poussières domestiques. – Qui est exposé ? Les dosages urinaires dans un échantillon de 2500 personnes montrent que 93 % de la population américaine est imprégnée; les enfants étant plus imprégnés que les adultes. On le trouve dans le lait, le sérum, la salive, le liquide amniotique. On ne dispose pas de données en France (ce qui montre le retard français en matière de surveillance par biomonitoring), à l’exception des mesures effectuées par le WWF dans le cadre de la campagne DETOX similaires aux données américaines. – Le Bisphénol A est-il stocké dans l’organisme ? On considère généralement que le Bisphénol A ne se stocke pas dans l’organisme, mais cette idée est peut-être en train d’être remise en cause, car une étude américaine récente a montré que l’excrétion urinaire est la même quelle que soit la durée du jeûne qui a précédé le prélèvement urinaire. – Quels sont les risques pour la santé ? On détermine le risque pour la santé à partir des études in vitro (sur des tests cellulaires) et in vivo (chez l’animal) ainsi qu’à partir des études chez l’homme. Les tests cellulaires montrent que le BPA est un perturbateur endocrinien, c’est à dire qu’il perturbe le fonctionnement du système hormonal. – Chez l’animal, à la date du 31/12/2004, 115 études avaient été effectuées chez l’animal (in vivo) 94 étaient positives dont 31 à des doses < à la Dose Journalière Admissible. Depuis, les études nouvelles n'ont fait que conforter cette analyse : par exemple, des rates exposées via la lactation développent des tumeurs mammaires à l'âge adulte ; il a été aussi constaté que le BPA diminue l'efficacité de la chimiothérapie du cancer du sein et de la prostate. Les principaux effets déduits de ces études sont : cancer (sein, prostate, testicule), atteinte de la reproduction (baisse de la spermatogénèse) et du développement, notamment troubles du comportement (hyperactivité, agressivité), diabète et obésité. – Les études menées chez l’homme sont plus rares : Il a cependant été constaté un taux plus élevé de fausses-couches chez les femmes les plus imprégnées et une étude récente montre, de façon très significative, que plus l’imprégnation d’une population en BPA est forte, plus le taux de maladies cardio-vasculaires, de diabète et d’atteinte hépatique est élevé. Des effets indésirables du BPA sur les cellules du pancréas, du tissu adipeux, pourraient rendre compte de ces pathologies, mais beaucoup de travaux sont encore nécessaires pour comprendre les mécanismes. Avec les réponses apportées, on constate bien qu’il existe un enjeu de santé publique. Mais pas seulement. C’est aussi un enjeu d’expertise où le lobbie chimique n’hésite à financer directement quelques études rassurantes… En France, l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) et en Europe l’EFSA (Agence Européenne pour la Sécurité Alimentaire) refusent de réviser une norme basée sur le vieux principe que c’est «la dose qui fait le poison» inadapté aux perturbateurs endocriniens, et ce malgré l’accumulation de données nouvelles montrant un effet à des doses plus basses que la norme. Cette position repose sur une base scientifique très discutable : – assimilation du BPA au paracétamol au motif que les 2 substances ont une fonction phénol commune pour expliquer que, chez l’homme, le nouveau-né est moins sensible que l’adulte (cf avis adopté par le comité ad hoc de l’EFSA le 9 juillet 2008, suite au processus d’interdiction mis en oeuvre au Canada) [[Page 5 du document 3èmé alinéa « No information on the biotransformation of BPA in human neonates is available. However, BPA is a simple phenolic structure without steric hindrance of the OH groups and therefore data on other phenols would be equally applicable. Hence, qualitative conclusions on the biotransformation of BPA in human neonates may be drawn from toxicokinetic data for xenobiotics undergoing sulphation and/or glucuronidation such as the analgesic acetaminophen (paracetamol) ».]]. – L’homme est moins sensible que le rat à cause de différences de métabolisation. Cette assertion n’est pas démontrée, le BPA pouvant se conjuguer et se déconjuguer selon les organes. Une étude chez le singe a retrouvé les mêmes effets sur l’atteinte du cerveau que chez le rat [[Page 3 du Summary : « In addition, the Panel notes that because of the metabolic differences described, exposure to free BPA in adult, fetal and neonatal rats will be greater than in humans and that rats would therefore be more susceptible to BPA-induced toxic effects than humans on a equivalent dose basis ».]]. – Toutes les études menées par des scientifiques financés par l’industrie ne montrent aucun effet (11/11). 90 % des études menées par des équipes indépendantes de l’industrie montrent des effets (94/104) (115 études menées à la date du 31/12/04). – De nombreuses études ont été publiées mais ne sont pas prises en compte par le comité de l’EFSA : par ex : 28 études sur 28 montrent des atteintes du comportement à des doses inférieures à la norme européenne, mais sont écartées au motif de « faiblesses méthodologiques ». Enjeu de santé publique, enjeu d’expertises mais aussi enjeu environnemental. Enjeu encore mal évalué, on trouve le BPA dans les eaux usées. Il est toxique pour les organismes aquatiques. Pour RES, cette question devrait être plus étudiée, car elle pose la question de l’avenir des déchets des plastiques à base de BPA. Face à ces interrogations, le RSE demande l’application du principe de précaution : « Le BPA est un perturbateur endocrinien. Le foetus et le nouveau-né sont des populations particulièrement à risque. Par conséquent, il faut agir vite sans attendre d’avoir la preuve lorsque ces enfants arriveront à l’âge adulte. C’est le fondement du principe de précaution : agir en cas de risque grave et irréversible. Le Canada a fait le choix d’interdire l’utilisation du BPA dans les biberons sur la base du rapport du National Toxicology Program des Etats Unis estimant qu’il y a un risque préoccupant pour le nouveau-né. »

Une campagne pour interdire le BPA en France et en Europe

Dans le cadre de cette campagne le Réseau Environnement Santé et son partenaire européen HEAL (Health Environment Alliance) demandent aux eurodéputés français de signer la pétition parlementaire d’interdiction du BPA dans les biberons. Le Réseau Environnement Santé demande que cette interdiction soit élargie aux plastiques alimentaires en raison des données suivantes récentes : – des études récentes montrant que l’imprégnation de la population en BPA est reliée à un taux plus élevé de Maladies Cardio-Vasculaires, de diabète et d’atteintes hépatiques, de fausses-couches – le BPA est susceptible de diminuer l’efficacité des traitements de chimiothérapie en cas de cancers du sein et de la prostate – l’exposition via la lactation chez le rat se traduit par un taux plus élevé de tumeurs mammaires à l’âge adulte Les citoyens français peuvent aussi signer une pétition à destination de la Ministre de la Santé et du Ministre de l’Environnement (lire notre dernier chapitre pour la signer en ligne). Le RES a créer une synthèse d’information et de sensibilisation que vous pouvez télécharger et diffuser. Un dossier fort utile pour approfondir ses connaissances pour mieux agir est proposé par le Réseau sur son site. Enfin, une campagne de biomonitoring (mesures dans les urines) auprès des femmes enceintes via les médecins généralistes est programmée [[Evaluation de l’imprégnation avant et après élimination du contact avec les plastiques suspectés de contenir du BPA (Bouteilles N° 7 , N° 3, N° 6 ou sans numérotation et Conserves et cannettes de boisson avec revêtement en polyépoxy)]].

Pétition pour l’interdiction du BPA dans les plastiques alimentaires

A l’attention de Madame Roselyne Bachelot, Ministre en charge de la Santé et de Monsieur Jean-Louis Borloo Ministre en charge de l’Environnement. Le Bis Phénol A (BPA) est une substance chimique employée massivement dans la fabrication des plastiques, principalement de type polycarbonate (biberons) et polyépoxy (revêtement des boîtes de conserve et des cannettes de boisson). Le BPA migre dans la nourriture et les boissons s’il y a contact avec ces plastiques. Les données scientifiques les plus récentes montrent que le BPA est une substance chimique potentiellement dangereuse pour l’être humain, principalement pour les nouveau-nés, en raison de son caractère de perturbateur endocrinien. Sur les 115 études publiées jusqu’en Décembre 2004 concernant les effets à faible dose du BPA chez l’animal, 94 ont montré des effets significatifs, dont 31 à des niveaux inférieurs à la norme actuelle (50 μg/kg/jour). Les études pour l’agence fédérale américaine CDC (Centers for Disease Control) montrent que 93 % de la population américaine est contaminée, ce qui est vraisemblablement le cas également en France. Selon les scientifiques regroupés dans l’appel de Chapel Hill[[Chapel Hill bisphenol A expert panel consensus statement: Integration of mechanisms, effects in animals and potential to impact human health at current levels of exposure Reproductive Toxicology 24 (2007) 131–138]], le BPA est suspecté d’être impliqué dans les grands problèmes de santé actuels : cancer du sein, cancer de la prostate, diabète de type 2 et obésité, atteinte de la reproduction, problèmes neuro-comportementaux, maladies cardio-vasculaires…. Les Ministères de la Santé et de l’Environnement du Canada ont pris en octobre 2008 une décision d’interdiction du BPA dans les biberons. Depuis, une étude publiée en janvier 2009 montre que la contamination peut se faire via la lactation et contribuer à induire des tumeurs mammaires. Par ailleurs, le BPA est susceptible diminuer l’efficacité des traitements de chimiothérapie du cancer du sein et de la prostate. Il est donc urgent de diminuer le plus possible l’imprégnation de la population à ce toxique. En application du principe de précaution, nous demandons l’interdiction du BPA dans les plastiques alimentaires. Nous demandons que le Bis Phénol A soit retenu comme substance prioritaire dans le cadre du programme REACH d’évaluations des substances chimiques les plus préoccupantes. Nous demandons que soit faite une évaluation des risques pour l’environnement.Signer la pétition

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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