Danielle Nierenberg est chercheur senior à l’Institut Worldwatch, une organisation environnementale basée à Washington, DC. Elle voyage actuellement à travers l’Afrique subsaharienne évaluant des solutions durables pour l’environnement dans la lutte contre la faim et la pauvreté. Cette étude aboutira avec la sortie de L’état du monde 2011 : Des innovations qui nourrissent la planète. A suivre sur CDURABLE.info … chaque semaine une nouvelle initiative pour nourrir la Planète.
– Photo : Bernard Pollack Cette semaine, Danielle Nierenberg nous écrit Des Moines, dans l’Iowa, pour discuter de la tendance, quelque peu controversée, des investissements dans l’agriculture à grande échelle – autrement dit, la spoliation terrienne effectuée par les gouvernements des pays riches. Ces acquisitions dans les pauvres pays en voie de développement ont pour but de permettre aux pays riches d’obtenir de la terre pour assurer à la fois les produits d’exportation et leur propre sécurité alimentaire. Quelles conséquences ces acquisitions de terre ont pour les fermiers et les communautés locales ? Il est important d’en apprendre plus sur ces deux écoles de pensée concernant l’acquisition de terre. Alors innovations dans l’accès à la terre : spoliation terrienne ou investissement dans l’agriculture ?Spoliations Terriennes
Pendant ces dernières années, la Chine, l’Inde et le Moyen-Orient ont investi beaucoup dans les terres africaines, motivés par les crises mondiales alimentaire ou économique et par les menaces du changement climatique, de l’accroissement de la population et de la pénurie d’eau. En contrôlant les terres agricoles au Kenya, en Ethiopie, et ailleurs en Afrique, ces pays espèrent assurer la sécurité alimentaire de leurs propres populations, alors même que l’Afrique sub-saharienne se trouve face à une famine grandissante. Dans la Corne de l’Afrique, au moins 23 millions de personnes sont actuellement confrontés à la famine. Et ces investissements grandissants des pays étrangers en Afrique sont passés largement inaperçus dans le monde. De plus, la pression sur les sources alternatives d’énergie motive les investisseurs à acheter de la terre pour les cultures énergétiques, comme le mais et la canne à sucre, qui peuvent être utilisées pour produire des biocarburants au lieu de la nourriture. Selon certains experts, la « spoliation terrienne » ou l’investissement étranger dans la terre constitue en fait un progrès pour l’agriculture, qui introduit le développement et l’agriculture à grande échelle, ainsi que de nouveaux emplois et technologies, dans les pays pauvres. Mais comme l’écrit Anuradha Mittal, membre du Nourishing the Planet Advisory Group dans l’article intitulé « The Great Land Grab« , « ‘l’agribusiness‘ est souvent réalisé dans les pays en voie de développement, ce qui a pour effet d’expulser les fermiers de leurs fermes, ou bien de rendre leur organisation telle que les fermiers ne deviennent que de simples ouvriers dans leurs plantations. » La spoliation terrienne implique des conséquences lourdes pour les fermiers et les communautés locales. Au Pakistan, par exemple, les Emirats arabes unis ont acheté 324.000 hectares de terre dans la province de Panjab. Selon un syndicat local de fermiers, on estime que cet achat déplacera 25.000 villageois d’une province dont 94% sont des fermiers de subsistance, n’utilisant que 2 hectares de terre par tête. A cause de la spoliation terrienne, les fermiers sont expulsés et l’économie locale souffre. Beaucoup de pays affamés devront importer la nourriture qui, à l’époque, était cultivée localement. Lire aussi : – « Land grabbing » : l’accaparement de terres en Afrique se poursuit. Main basse sur les terres du delta du Tana au Kenya – Plus de photos dans la Galerie de Nourrir la PlanèteInnovations qui nourrissent la Planète à suivre sur CDURABLE.info
Chaque semaine CDURABLE.info publie une innovation qui contribue à Nourrir la planète. Déjà en ligne au 11 Novembre :Réduire le gaspillage de nourriture en Afrique comme aux Etats Unis
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