L’envolée sans précédent du chômage, loin d’être terminée, nécessiterait une mobilisation générale, comme l’an dernier pour les banques. Mais pour l’instant, on ne voit rien venir… estime Guillaume Duval dans le nouveau numéro d’Alternatives Economiques qui propose un dossier consacré aux priorités de l’année 2010 et aux économistes bousculés par la crise.
2010, priorité à la lutte contre le chômage
Par Guillaume Duval 3,8 millions de chômeurs étaient inscrits à Pôle emploi [[Chômeurs de catégories A, B et C]] en octobre dernier, 700 000 de plus qu’en décembre 2007. Au cours des trente dernières années – les « Trente Piteuses » qui ont succédé aux « Trente Glorieuses » -, le pays a déjà connu quelques moments où le chômage a été encore plus important qu’aujourd’hui, mais jamais il n’avait été confronté à une hausse aussi brutale et rapide que celle que nous sommes en train de vivre. Et selon les prévisions actuellement disponibles, c’est loin d’être fini: bien que l’économie française soit sortie de la récession depuis déjà neuf mois, 2010 devrait encore être marquée par une nouvelle hausse sensible du chômage. En effet, la reprise est très lente et l’activité n’est toujours pas revenue au niveau d’avant la crise. Les entreprises qui avaient souvent fait le dos rond au coeur de la tempête ajustent désormais leurs effectifs à la baisse. Ce retour du chômage de masse vient briser un rêve: celui de voir le papy-boom résoudre la question sans qu’il soit nécessaire désormais que les décideurs politiques s’occupent activement de l’emploi. On s’en souvient: Nicolas Sarkozy avait même réussi à se faire élire en 2007 grâce au slogan « travailler plus pour gagner plus », sans que personne ne s’inquiète vraiment du fait que le « travailler plus » des uns puisse signifier « travailler moins » pour d’autres. Dans un tel contexte, le retour du chômage de masse risque d’avoir, au-delà même des importantes difficultés qu’il impose à ceux qui le subissent directement, un effet particulièrement délétère sur une société française dont la cohésion sociale était déjà très fragilisée. En désespérant en particulier une jeunesse qui s’était prise à croire que les papy-boomers allaient enfin lui céder la place en masse sur le marché du travail. Le chômage pourrait bien aussi tuer la reprise économique elle-même, car il risque d’avoir raison de la consommation des ménages, qui avait bien résisté jusque-là et tirait l’activité. Dans ces conditions, on s’attendrait logiquement à une « mobilisation générale », à ce qu’on fasse feu de tout bois pour arrêter le flot du chômage. D’autant que nos gouvernants n’avaient pas hésité l’an dernier à faire preuve d’un volontarisme quasiment sans limite pour empêcher l’écroulement du système financier. Or pour l’instant, rien ou presque. Il n’y a certes aucun remède miracle, mais on connaît nombre de moyens éprouvés pour limiter les dégâts: réduction du temps de travail, emplois aidés, emplois publics… Mais la mise en oeuvre à grande échelle de ces moyens impliquerait que Nicolas Sarkozy renonce à nombre de ses promesses de campagne. Et pour l’instant, il s’y refuse encore. A lire dans Alternatives Economiques de Janvier 2010 sur le même sujet : – L’heure est grave : La dégradation du marché du travail, sans précédent par son ampleur et sa brutalité, devrait se poursuivre en 2010 si rien n’est fait pour l’endiguer. – Que faire ? Face à la montée du chômage, le gouvernement peine à prendre les mesures nécessaires. Surtout parce qu’elles contrediraient les promesses de campagne du candidat Sarkozy. – Acheter le numéro de janvier d’Alternatives Economiques pour 3,80 €. – S’abonner à Alternatives Economiques pour 49 €.Dossier : Les économistes bousculés par la crise
La crise a fait une victime inattendue : les économistes ! Trop loin du réel, trop cupides, etc., les critiques n’ont pas manqué. Surtout, leur postulat selon lequel les marchés, en particulier financiers, étaient incapables de déraper, est venu se heurter au mur de la réalité. Sauront-ils en tirer les leçons ? Beaucoup espèrent que, une fois l’orage passé, rien ne changera. D’autres, et non des moindres, proposent des voies de renouvellement. La bataille s’annonce rude. A lire dans Alternatives Economiques de Janvier 2010 : – Une perte de crédibilité : Devenus incapables de penser les crises, les économistes sortent de celle-ci largement discrédités. Passage en revue des nombreuses critiques auxquelles ils font face. – Affreux, sales et méchants : Les joueurs de flûte de la théorie économique. Nombreux sont les économistes qui ont succombé aux atours du monde enchanté de l’économie de marché. Mais le conte de fées a viré au cauchemar. Vous pouvez lire cet article sur le site d’Alternatives Economiques en cliquant ici. – Les joueurs de flûte de la théorie économique : Nombreux sont les économistes qui ont succombé aux atours du monde enchanté de l’économie de marché. Mais le conte de fées a viré au cauchemar. – Quatre voies de sortie pour une science en crise : Le débat est ouvert sur la meilleure façon de redonner de la crédibilité aux économistes. Plusieurs grands noms de la profession proposent différentes solutions et les partisans d’un changement radical s’organisent. – Acheter le numéro de janvier d’Alternatives Economiques pour 3,80 €. – S’abonner à Alternatives Economiques pour 49 €.Egalement au sommaire d’Alternatives Economiques
Le tour de la question – Crise: la zone euro peut-elle imploser ? La crise a frappé de plein fouet les économies de la zone euro. Cette mise à l’épreuve sévère a révélé les faiblesses structurelles de l’union monétaire. Les difficultés de financement rencontrées par la Grèce mettent la zone euro au pied du mur : elle va devoir inventer de nouvelles modalités d’intervention pour éviter que la défiance des investisseurs n’entame durablement la crédibilité de l’euro. Actualité – L’Etat reprend Paris : Le Grand Paris devrait permettre à la capitale de rivaliser avec les grandes métropoles mondiales. Si l’objectif fait consensus, les moyens sont loin de faire l’unanimité. – Le Québec en pointe sur l’équité salariale : Le Québec a adopté dès 1996 une loi visant à favoriser une équité de rémunérations entre hommes et femmes sur des postes équivalents. – La Chine se met (un peu) au vert : Les dégâts écologiques liés au développement de la Chine sont colossaux. Toutefois, de récentes, et encore timides, initiatives montrent une réelle volonté de changer. Tendances – Entreprises et CO2 : l’heure des comptes. Le WWF et Vigeo ont étudié les émissions de gaz à effet de serre d’une cinquantaine de grosses sociétés françaises. Attention, surprises. – Le foyer à perpétuité. Dans les années 1970, les travailleurs immigrés ont renoncé à rentrer au pays. Aujourd’hui retraités, ils ont perdu l’espoir de quitter leur foyer. Comprendre – Les banquiers centraux en retard d’une guerre. Au lieu de se focaliser sur l’inflation, les banques centrales devraient surveiller de près la croissance du crédit. – Valeurs: d’où vous sentez-vous ? Français ou immigrés, la très grande majorité de la population vivant en France se sent française, selon une étude de l’Insee. – Hadopi, acte III. A peine la loi Hadopi adoptée, ses faiblesses évidentes relancent le débat sur les modes de rémunération des créateurs. – Le dumping social se porte bien. L’Union européenne ne s’est pas dotée d’outils efficaces pour lutter contre la fraude sociale. Faute de volonté politique. – Développement durable : Paris dans la moyenne. Les villes sont au coeur du défi climatique. La France gagnerait à s’inspirer des réalisations de ses voisins européens. – La double face du yuan. Vue d’Occident, la politique de change de Pékin est interprétée comme une forme de mercantilisme agressif qui entrave le redémarrage économique mondial. Mais pour les autorités chinoises, le yuan n’est pas sous-évalué. – Chemin de fer : les incertitudes de la libéralisation. Après la séparation de l’infrastructure ferroviaire des services de transport en 1997, puis l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, c’est au tour du transport international de voyageurs d’être libéralisé. Pas sûr que les usagers y trouvent finalement leur compte. – L’individu est-il soluble dans la société ? La sociologie s’est initialement constituée pour rappeler l’influence du collectif sur les actes et les sensations de chacun. Certains auteurs ont cependant placé l’individu au centre de leurs analyses. Et si l’opposition entre individu et société était en fait artificielle ? Idées – John Locke, apôtre d’un libéralisme intégral. Philosophe majeur, intellectuel polyvalent, homme d’action, John Locke est l’un des plus grands théoriciens du libéralisme. Défenseur du droit de propriété, il n’était cependant pas un partisan du laisser-faire. – Taiichi Ohno, l’homme qui pensait à l’envers. Ingénieur allergique aux idées reçues, Taiichi Ohno a mis en place chez Toyota un modèle organisationnel novateur, fondé sur le juste-à-temps et sur de nouvelles règles de management. – La fabrique de l’identité nationale. Le lancement du grand débat sur l’identité nationale, au moment où les Français s’inquiètent de la hausse du chômage, relève du calcul politique. Il traduit aussi le retour d’un nationalisme de droite. – Acheter le numéro de janvier d’Alternatives Economiques pour 3,80 €. – S’abonner à Alternatives Economiques pour 49 €.