Depuis le cri d’alarme lancé en 1993 lors de la conférence de Rio, la déforestation n’a malheureusement pas diminué. 13 à 14 millions d’hectares de forêts disparaissent encore tous les ans. Les forêts tropicales sont les plus touchées par ce phénomène. Les causes de la déforestation sont essentiellement la transformation de la forêt en cultures agricoles et la surexploitation du bois. Cette déforestation a des conséquences graves au niveau climatique (modification des régimes de pluie, émissions de gaz à effet de serre estimées à 20%), et au niveau de la perte de la biodiversité. En effet, on estime que plus de la moitié des espèces animales et végétales vivants en milieu terrestre se trouvent dans les forêts. Sous nos latitudes, une déforestation similaire a eu lieu dans le passé. Il y a 8000 ans, l’Europe était une vaste forêt, peuplée de bisons, de loups, de chevaux sauvages, de centaines d’oiseaux… Aujourd’hui, si la surface augmente à nouveau, des espèces ont disparu et beaucoup sont menacées de disparaître, par la simplification des forêts à une ou deux espèces d’arbre. Aussi, le WWF appelle les citoyens consommateurs à analyser leur mode de consommation et à préférer les produits ayant un impact moindre, voire positif sur les forêts. Beaucoup de produits ont un impact direct ou indirect. Tous les produits faits à partir de bois mais aussi beaucoup de produits agricoles, ou a base de produits agricoles, peuvent participer à la déforestation, comme tout ce qui contient de l’huile de palme, ou les animaux nourris à base de soja. D’autres produits plus atypiques comme l’or ,du fait de son exploitation illégale, portent atteinte à la forêt. En revanche, il apparait que l’exploitation du liège s’avère être très bénéfiques au maintien des forêts en Méditerranée (car on ne prélève que l’écorce). Pour tous ces produits, le WWF a des recommandations, elles sont réunies dans un nouveau site Internet : http://www.protegelaforet.com. Ce site permet de façon ludique et pédagogique de sélectionner des produits dans un caddy afin d’en évaluer leur facture écologique et de trouver toutes les information et recommandations nécessaires pour réduire notre empreinte.
Parmi les produits responsables de la déforestationLe soja
Le soja est une plante utilisée en alimentation animale dans les élevages intensifs pour sa qualité et sa richesse en protéines, car elle favorise, à faible coût, une croissance rapide des animaux. Or la demande en viande industrielle est croissante, et cette culture est en pleine expansion. D’abord localisée aux Etats-Unis, les deux premiers pays producteurs et exportateurs de soja sont aujourd’hui le Brésil et l’Argentine. Dans ces pays, elle se met en place au détriment des cultures vivrières (manioc, haricots, maïs…) et des écosystèmes naturels tels la savane arborée (Cerrado) ou la forêt amazonienne. Cette dernière est une des forêts tropicales les plus riches écologiquement : on y trouve 10% des espèces de mammifères terrestres, et 300 espèces d’arbres par hectare. Depuis 1998, 13,5 millions d’hectares de forêt amazonienne brésilienne ont déjà disparu au bénéfice de la culture du soja. La déforestation se poursuit au rythme de 3.7 millions d’hectares par an au Brésil, en Argentine, en Bolivie et au Paraguay. La France fait partie des principaux responsables de cette tragédie. Il s’agit en effet du premier consommateur européen de soja, principalement originaire du Brésil (22% du soja exporté du Brésil arrive en France !). Un Français mange en moyenne 92 kg de viande, 250 œufs et une centaine de kilos de produits laitiers chaque année, ce qui nécessite une surface cultivée en soja de 458 m² par habitant. L’état et les citoyens français sont donc en première ligne pour agir. Une initiative est mise en oeuvre par des ONG sociales et environnementales (y compris le WWF), et des industriels, pour définir les critères d’un soja responsable de façon collégiale (table ronde pour le soja responsable). – Comment agir ?L’huile de Palme
La production d’huile de palme, pourtant originaire d’Afrique, se fait aujourd’hui majoritairement (à 86%) en Malaisie et en Indonésie. Le palmier à huile, culture à bon rendement et à faible coût, a vu ses surfaces doublées en Malaisie et quintuplées en Indonésie depuis le début des années 90. La production totale d’huile de palme est estimée à 38 millions de tonnes dans le monde en 2006. Cette production record est portée par la demande des pays européens qui augmente de 13% chaque année depuis 2000. On trouve de l’huile de palme partout : principalement dans des produits industriels de la vie quotidienne (chips, frites, cookies, shampoing, bougies…), en alimentation animale, et dans les agrocarburants en pleine expansion. L’huile de palme est présente dans un produit de grande consommation sur dix vendus en Europe. L’huile de palme ne peut être cultivée que dans des climats tropicaux humides, les nouvelles plantations se font donc au détriment de la forêt tropicale. En Indonésie, cette forêt est une des plus diversifiées. Malheureusement, ce pays a la déforestation la plus rapide du monde. En effet, au rythme de 1.5 millions d’hectares de forêt vierge déboisés chaque année (soit 15 terrains de foot par minute), on estime que la forêt vierge indonésienne aura quasiment disparue dans 30 ans. En remplaçant ces forêts par des cultures telles que le palmier à huile, la biodiversité passe de 100% dans une forêt primaire indonésienne à 1% dans les monocultures de palmiers. Des animaux emblématiques comme l’orang-outang ou l’éléphant sont menacés de disparition. De plus, les planteurs de palmiers à huile déboisent en provoquant des incendies responsables d’importantes émissions de gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique. C’est ainsi que l’Indonésie est le troisième émetteur de gaz à effet de serre au niveau mondial derrière les Etats Unis et la Chine. – Comment agir ?