Avons-nous besoin de la nature pour être heureux ? Quel est l’impact des changements environnementaux sur le bien-être humain ? L’augmentation du bien-être humain se poursuivra-t-il dans les prochaines décennies malgré la dégradation de l’environnement naturel ? Le nouveau livre d’Eric Lambin examine si des motivations strictement anthropocentriques, et même égocentriques (« je défends mon bonheur »), peuvent être trouvées à une transition vers un mode de développement plus durable, ou s’il faut nécessairement faire appel au sentiment altruiste de responsabilité envers les générations futures. Pouvons-nous remplacer le discours alarmiste pour diminuer notre empreinte écologique par une argumentation positive ?
Ce livre associe les avancées récentes des sciences de l’environnement et des connaissance sur le bonheur, pour offrir une synthèse claire, bien documentée et riche en exemples, de l’interaction entre le bonheur humain et l’environnement naturel. Il montre que l’individu éprouve des satisfactions émotionnelles et spirituelles à travers l’expérience de l’appartenance au monde naturel. Il décrit les impacts des changements environnementaux sur la santé, via des maladies émergentes, des zoonoses, la pollution… Deux thèmes traversent le livre : la séparation entre l’homme et la nature, et entre les pays riches et pauvres. En conclusion, le livre identifie des pistes concrètes pour réconcilier la quête du bonheur et le maintien de l’intégrité de la nature, basées sur les expériences récentes de quelques pays. Il suscite une attitude d’engagement constructif face aux défis du développement durable. – L’auteur : Géographe, Professeur au Département de Géologie et de Géographie de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, Éric Lambin est déjà l’auteur, au Pommier de La Terre sur un fil, qui a été traduit en plusieurs langues, notamment en anglais chez Chicago University Press. – Références : Une écologie du bonheur d’Eric Lambin – Editions Le Pommier – 320 pages – ISBN : 978-2-7465-0381-6 – Prix public : 25 € – Acheter Une écologie du bonheur chez notre partenaire Amazon.fr pour 23,76 €Entretien avec Éric Lambin
La Libre Belgique a réalisé un entretien avec Éric Lambin. Voici quelques extraits de cette interview. La Libre Belgique : Pourquoi avoir choisi d’écrire ce livre ? Éric Lambin : La transition vers un développement durable est passée par une 1ère phase, celle de la prise de conscience, qui était un peu teintée d’alarmisme pour faire comprendre l’urgence de la situation. On doit à présent passer à une seconde étape qui demande une approche très différente. Il faut susciter un engagement constructif, une sorte de motivation positive de la part des gens. Et je ne pense pas qu’une approche catastrophiste soit la plus productive de ce point de vue, mais qu’au contraire il est important de montrer la liaison entre le bien-être, le bonheur et la protection de la nature: « Je défends mon bonheur via une diminution de mon empreinte écologique ». Ce n’est pas un optimisme béat qui se dit que les choses vont se résoudre par elles-mêmes. Derrière ces défis, il y a une opportunité de créer un modèle de développement post-matérialiste qui aura des effets considérables tant sur le bonheur individuel que sur l’environnement. La Libre Belgique : Selon vous, il est scientifiquement démontré que la nature est nécessaire au bonheur de l’homme ? Éric Lambin : De nouvelles recherches en psychologie de l’environnement et en sociologie montrent en effet que le contact avec la nature est essentiel pour nous apporter une série de satisfactions émotionnelles et spirituelles, que cela contribue de manière fondamentale au bonheur psychique. Il y a aussi des données très surprenantes dans le domaine médical, qui montrent que le contact avec la nature est associé à des indicateurs de santé plus positifs. La Libre Belgique : Vous expliquez également que l’humanité a su réagir pour surmonter des problèmes semblables dans le passé… Éric Lambin : Certes, jamais à l’échelle globale et à des rythmes de changement aussi rapides que ceux que l’on connaît aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’en minimiser l’importance ni l’urgence. Mais à des échelles plus locales et de manière un peu plus lente, l’histoire montre que les sociétés humaines ont une grande capacité d’adaptation face à un défi pour peu que l’on ait perçu l’ampleur de celui-ci. Et que non seulement l’innovation technologique, mais aussi le changement des institutions au sens large – à savoir les règles de vie, de décision et de comportement – peuvent permettre de modifier la trajectoire. La Libre Belgique : Quelles solutions préconisez-vous ? Éric Lambin : Il y a trois grandes étapes à respecter dans l’ordre. La première, c’est la prise de conscience par tous les acteurs à tous les niveaux de la société des défis, des enjeux et des priorités. La deuxième, c’est de modifier les règles du jeu pour créer des incitants suffisants au changement. C’est montrer qu’une transition vers le développement durable repose vraiment sur une motivation anthropocentrique et même égocentrique à préserver son bien-être. La troisième consiste à se donner les moyens de la réussir dans un délai raisonnable. Il n’y a pas d’approche clef sur porte à appliquer partout. Chaque pays doit prendre en compte son potentiel et adopter les solutions qui lui conviennent le mieux. – Lire l’intégralité de l’entretien sur le site de La Libre Belgique