Publié en avril 2018 dans la revue Nature Climate Change par Alexandra Jahn, l’article « Reduced probability of ice-free summers for 1,5 °C compared to 2 °C warming » compare les conséquences du réchauffement climatique sur l’étendue de la banquise arctique pour différents scénarios. Par le biais du Community Earth System Model (CESM), la chercheure démontre l’intérêt de maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C. Au-dessus de 2°C, les conditions propices à la disparition de la banquise deviennent plus fréquentes, potentiellement plusieurs mois par an.
UN DEMI-DEGRÉ QUI CHANGE TOUT
L’accord de Paris sur le climat faisait mention de l’objectif ambitieux de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, condition sine qua non pour que les petits Etats insulaires, les plus vulnérables, acceptent de le signer. Mais la disparition de certaines îles n’est pas le seul danger qui guette un monde à plus de 1,5°C : pour la banquise aussi, un demi-degré change tout. Et il ne s’agit pas ici d’une prédiction hasardeuse d’Al Gore[[Le Monde, 2009, Al Gore se prend les pieds dans la calotte glacière]] comme en 2009, ni des estimations imprudentes de certains scientifiques[[Le Monde, 2012, La banquise arctique pourrait complètement disparaître d’ici à quatre ans]]. Cet article présente les résultats d’une modélisation qui s’appuie sur les scénarios du GIEC et montre un véritable risque que la banquise disparaisse fréquemment si le réchauffement planétaire excédait 1,5°C[[Department of Atmospheric and Oceanic Sciences and Institute of Arctic and Alpine Research, University of Colorado at Boulder, Boulder, CO, USA]]. Avec des conséquences importantes – bien qu’encore mal connues – sur les mammifères marins, les courants océaniques et l’érosion côtière de l’Arctique. Néanmoins,
le timing de la première disparition de la banquise dépendrait beaucoup des variabilités internes du climat et la perte de la banquise serait réversible, à condition que la concentration de CO2 dans l’atmosphère diminue en-deçà de son niveau actuel[[Le Monde, 2009, Al Gore se prend les pieds dans la calotte glacière]].
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#1 L’extension minimale de la banquise se situe naturellement à la fin de l’été, au mois de septembre, mais sans jamais atteindre zéro. Or, les résultats de cet article montrent qu’il existe, dans presque tous les scénarios, une probabilité de 100% que les conditions d’une fonte totale surviennent d’ici 2100. La seule exception ? Le scénario dans lequel le réchauffement climatique est limité à 1,5°C. Dans cette optique, la probabilité serait réduite à 30%. La disparition de la banquise au mois de septembre serait donc « peu probable » selon les standards du GIEC. Dans le cas d’un réchauffement à 2°C, la banquise pourrait même disparaître dès le mois d’août.
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#2 Les simulations mettent en évidence le fait que le timing de la première disparition de la banquise dépend fortement des variabilités internes du climat. En effet, les composantes instables du système climatique telles que l’atmosphère et l’océan peuvent, ponctuellement, avoir une influence plus grande sur la température que n’en a le réchauffement global forcé par nos émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, même si le réchauffement climatique était limité à 1,5°C, la banquise pourrait fondre entièrement plusieurs années avant que cela ne se produise avec un réchauffement de 2°C. Néanmoins, dans un scénario à 1,5°C, il s’agirait d’un cas isolé tandis que, pour une température supérieure, la disparition de la banquise à la fin de l’été deviendrait de plus en plus fréquente.
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#3 Si la température moyenne du globe venait à diminuer, l’extension minimale de la banquise pourrait augmenter à la même vitesse qu’elle diminue actuellement. Sa disparition serait donc réversible. Problème : une baisse du CO2 atmosphérique n’entraînera pas aussi facilement une diminution de la température. L’inertie climatique étant forte, des dizaines d’années séparent une évolution de la concentration du CO2 atmosphérique et son effet sur la température. C’est pourquoi il faudra réduire cette concentration en CO2 en deçà de son niveau actuel pour obtenir un rétablissement complet de la banquise. Mieux vaut donc prévenir que guérir.
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Un demi-degré qui change tout
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