Chaque pays a ses propres modes de fonctionnement, liés aux besoins du pays, à l’éducation, ou à tout autre facteur sociologique.
Je me suis installée en Australie, il y an plus de 2 ans. C’est en arrivant là-bas que j’ai compris que certains pays avaient un réel manque d’eau. J’avais bien entendu parlé des problèmes d’assèchement des nappes phréatiques, des agriculteurs français se plaignant des manques d’eau… mais normande d’origine, je ne m’étais jamais posée plus de question quant au problème d’assèchement de la planète. La pluie me dérangeait et faire la vaisselle en laissant l’eau couler me semblait, tout ce qu’il y a de plus normal.
Mon univers… la musique. Depuis mon arrivée en Australie, je travaille sur des festivals musicaux, un peu partout sur le territoire… j’ai commencé de façon naïve, en ne m’intéressant qu’à l’aspect détente des festivals… et ai découvert qu’outre leur passion pour la musique, ou tout autre type d’arts, la plupart des organisateurs de festivals Australiens se sentent investis d’un devoir d’éducation de la population australienne, quant aux problèmes d’environnement. Depuis quelques années, un nombre de plus en plus grand de festivals ont nommé des responsables des développements durables, pour l’organisation de leur évènement. Que ce soit le tri sélectif, l’utilisation d’énergie alternative, l’utilisation de produits « ecologically friendly » pour les verres, les assiettes, etc…, l’encouragement au co-voiturage ou à l’utilisation de vélo,… un grand nombre d’actions sont menées pour éduquer les festivaliers quant au besoin d’agir de façon à sauvegarder un peu notre environnement.
Parmi toutes les actions menées pour limiter l’impact des festivals sur l’environnement, j’ai été particulièrement impressionnée par le choix de certains festivals d’utiliser des toilettes sèches, au lieu de toilettes chimiques sur leurs événements. N’utilisant ni eau, ni produits chimiques, Natural Event, qui est la seule société australienne a proposé ce service, a réussi à se créer une véritable réputation, au sein des festivals australiens. Créée, il y a 4 ans, par Hamish Skermer, un ingénieur en chimie environnementale, l’objectif de la société est de rappeler qu’étant donnés les problèmes auxquels nous devons faire face,
il est préférable de conserver l’eau pour boire, plutôt que pour
l’écoulement de nos « petits besoins ». En prime… la création de composte… autrement vendu, en supermarché, sous le nom de terreau!
« L’Australie est complètement convaincue par la nécessité de protéger notre environnement… mais qu’en est-il de la France? », voilà la question que je me suis posée quand j’ai su que je rentrerais pour quelques mois, au cours de l’été. Après quelques recherches, j’ai découvert avec plaisir, que certains festivals avaient déjà intégré le développement durable, dans leur organisation. C’est notamment le cas des festivals bretons, qui sont, selon moi, les précurseurs, en France, avec, en particulier, Les Vieilles Charrues. Toutefois, il y a un bémol à tout ceci… Après quelques recherches et des emails échangés avec des festivals décidés à intégrer les problèmes d’environnement dans leur organisation, j’ai découvert que l’utilisation de toilettes sèches était sujette à problème… en effet, il semble y avoir un problème juridique sur le devenir des déchets, après le festival. Pour cette raison, certains événements n’osent pas avoir recours à ce système.
C’est donc dans un état de perplexité que je me trouve… comment se fait-il qu’en Australie, l’EPA, qui est l’organisme spécialisé dans la protection de l’environnement ai donné toutes les autorisations pour recourir à l’utilisation de toilettes sèches, et que la France reste perplexe? Hamish Skermer, le créateur de Natural Event a été nommé expert de l’utilisation de toilettes sèches et du traitement des déchets, en Australie. En 6 mois, voire maximum 1 an, les excréments deviennent composte… et peuvent être utilisés pour faire pousser des plantes.
En France pour quelques mois, j’ai décidé de comprendre les raisons des réticences quant à l’utilisation de toilettes sèches, sur les festivals. Les organisateurs de festivals semblent s’intéresser de plus en plus aux problèmes d’environnement… mais ils ont besoin de s’assurer du devenir des déchets, après l’événement, ce que je comprends. Mais pourquoi ne pas regarder ce qui se fait dans d’autres pays et l’appliquer, tout simplement ? D’où le problème vient-il ? Qui contacter pour persuader du bien fondé de changer de système ? Car, pour ma part, outre l’aspect écologique, ce qui m’a convaincu, ce sont les mauvaises odeurs en moins, le côté artistiques des toilettes et le fait que tout ceci semble créer une atmosphère bien plus amicales, autour des toilettes ! Et quoi de mieux pour convaincre tout un chacun du bien fondé de protéger son environnement, que dans un cadre ludique?