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Les incendies font planer un risque nucléaire - L'embargo russe sur le blé fait flamber les prix

Canicule en Russie : des conséquences écologiques et économiques mondiales

Les véritables causes du drame russe

L’inquiétude n’en finit plus de grandir en Russie, où les températures particulièrement élevées cet été favorisent les incendies qui ont déjà fait 50 morts, détruits 2000 maisons et plus de 500 000 hectares de forêts (soit l’équivalent d’une fois et demie la superficie d’un département comme les Pyrénées-Orientales). La situation de sécheresse est telle que le pays a décidé, jeudi, d’appliquer un embargo sur ses exportations de blé (10 millions d’hectares ont été déjà détruits par manque d’eau). Conséquence économique : les cours mondiaux du blé s’envolent. Mais la véritable crainte des autorités russes est désormais sanitaire : elles craignent la propagation des incendies à une zone irradiée au moment de l’explosion de Tchernobyl, ce qui pourrait libérer des particules radioactives nocives dans l’atmosphère. Pour autant, les incendies qui ravagent la Russie n’ont pas que des causes naturelles. Ils s’expliquent aussi par une gestion délétère des forêts par les autorités russes. Écologistes et responsables politiques d’opposition estiment notamment que la réforme du droit forestier imposée par Vladimir Poutine en 2006 est en grande partie responsable de la désorganisation des moyens de lutte contre les incendies qui ravagent la Russie.

Les conséquences écologiques, économiques des incendies

Les feux font planer un risque nucléaire en Russie Menacés par le feu, particulièrement actif dans l’ouest du pays, des dépôts de munitions d’artillerie et de missiles situés à 70 km au sud-ouest de Moscou ont ainsi été transférés « vers un endroit sûr », a déclaré un porte-parole du ministère russe de la Défense. Dmitri Medvedev avait ordonné la veille de renforcer la protection des sites stratégiques après l’incendie d’une base logistique militaire près de la capitale qui aurait détruit quelque 200 avions, selon des médias russes. L’aggravation de la situation dans le sud-ouest du pays fait aussi craindre que les incendies n’atteignent une région dont le sol et les végétaux ont été irradiés lors de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. « Si un incendie s’y déclarait, des substances radioactives pourraient s’envoler avec la fumée et une nouvelle zone polluée apparaîtrait », a averti le ministre des Situations d’urgence Sergueï Choïgou, précisant que la zone était « surveillée attentivement ». Greenpeace a dressé une carte des zones contaminées où des incendies se sont déclarés, contrairement à ce qu’en disent les autorités russes. Les autorités ont d’ailleurs bloqué l’accès du site de Greenpeace Russie. l’ONG affirme que les incendies entraîneront des retombées d’éléments radioactifs qui viendront contaminer les populations locales mais aussi les sols, la flore et donc la faune sur un périmètre qui dépendra des vents. Voici la carte qui montre que les incendies se propagent dans la zone de Tchernobyl :
Greenpeace Russie
Greenpeace Russie
La France est elle aussi en état de vigilance face à cette possibilité. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a annoncé jeudi qu’il allait mesurer avec une « attention toute particulière » les particules qui pourraient atteindre l’Hexagone à la suite des incendies. L’institut précise dans un communiqué qu’il « pourra disposer dans quelques semaines des résultats de mesure » en cours, et assure qu’il les présentera « dès qu’ils seront disponibles ». « En tout état de cause, les niveaux d’activité susceptibles d’être observés en France à la suite de tels phénomènes ne sont pas de nature à provoquer une inquiétude d’ordre sanitaire », précise toutefois l’IRSN. La situation semblait en revanche « stabilisée » aux environs du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni Novgorod, à 500 km à l’est de Moscou), d’où les autorités ont affirmé mercredi avoir évacué les matières fissiles et explosives. – L’embargo russe sur le blé fait flamber les prix
Sources : Les Echos - Bloomberg - AFP
Sources : Les Echos – Bloomberg – AFP
Le gouvernement russe a instauré jeudi (5 août) un embargo temporaire sur les exportations de blé. Il s’agit de préserver le marché domestique du troisième exportateur mondial en raison de la perte prévisible d’une grande part de la récolte, suite à la canicule et à la sécheresse sans précédent qui sévissent depuis un mois. Le quotidien économiques LES ECHOS précise que le cours du blé, à Chicago, a pris d’un coup 8 %, à 7,85 dollars le boisseau, un plus haut depuis la crise alimentaire de 2008. A Paris, le prix a augmenté de 70 % en un mois. S’il n’y a aucun risque de pénurie au niveau mondial, grâce aux stocks élevés, le risque d’un dérapage des prix est bien réel en Russie, où l’inflation pourrait gagner 1,7 point d’ici à décembre. L’exécutif russe a pour priorité la lutte contre le retour de l’inflation, qui est restée jusqu’à présent maîtrisée. – Des méduses sont apparues dans la Moskova à cause de la canicule Des méduses ont fait leur apparition en Russie dans la Moskova, la rivière qui arrose Moscou, autre conséquence de la canicule sans précédent que subit le pays depuis début juillet, ont indiqué jeudi les médias russes. Sept méduses de deux centimètres de diamètre ont été retrouvées mercredi dans la rivière, selon un reportage de la télévision publique russe. Selon un professeur de zoologie de la faculté d’Etat de Moscou, Nikolaï Marfenine, cité par l’agence russe RIA Novosti, « les méduses d’eau douce apparaissent parfois en Russie, (…) en lien avec l’augmentation de la température de l’eau ». Il s’agit de méduses Craspedacusta, précise l’AFP, une espèce d’eau douce de petite dimension et connue pour faire son apparition dans des plans d’eau en Europe lors des fortes canicules.

Les véritables causes du drame russe

Poutine a négligé la nature) Pour le quotidien suisse Le Temps, si « la Russie se calcine, c’est la faute à Poutine ». Le journal explique : « Il n’a jamais fait aussi chaud à Moscou depuis 130 ans que les températures y sont mesurées. 38,2 degrés dans la capitale le 29 juillet, pour une période où la moyenne est d’environ 23 degrés. En cause, des masses d’air chaud en provenance d’Europe de l’Ouest et de la péninsule Arabique, ainsi qu’un anticyclone qui empêche les pluies sur la Russie centrale. Pourtant, ces phénomènes météorologiques auraient été maîtrisables sans une série de décisions prises depuis l’arrivée de Vladimir Poutine en 2000 au Kremlin: suppression du Ministère de l’environnement et abandon pur et simple de la gestion soviétique des forêts pour ne privilégier qu’une seule ressource: le pétrole. La fameuse «verticale du pouvoir», chère au président devenu premier ministre en 2008, a privé les administrations locales de leur autonomie de réaction ». « Enfin, conclut Le Temps, les infrastructures publiques ont été gravement négligées, ne laissant par exemple à tous les villages de la région de Loukhovitsy que deux véhicules incendie, l’un et l’autre âgés de 25 ans ». Je vous invite à lire l’entretien réalisé par Le temps avec Marie-Hélène Mandrillon, historienne de l’environnement au Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen, à Paris. Elle dénonce une gestion de la nature reléguée au plus bas niveau de la liste des priorités du Kremlin depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine il y a dix ans. Pour lire cet entretien, cliquez ici. – Le code forestier mis en cause dans les incendies en Russie Reuters rapporte que plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer l’adoption précipitée par la Douma (la chambre basse du parlement) d’un nouveau code du droit forestier en 2006 à la demande du président d’alors, Vladimir Poutine. Cette réforme a mis fin au système centralisé de la protection des forêts russes qui couvrent 809 millions d’hectares, soit deux fois la taille de l’Union européenne. L’oxygène produit par cette immensité boisée est considérée comme cruciale pour la maîtrise des changements climatiques de la planète. « Les forêts russes n’ont jamais connu un désordre comme celui d’aujourd’hui », estime Guennadi Goudkov, député du parti Russie juste qui faisait partie des 102 parlementaires qui avaient adressé une lettre ouverte demandant à Poutine de reporter la réforme de 2006. Entré en vigueur en 2007, le nouveau code forestier a transféré la responsabilité de la protection des forêts aux autorités régionales. Pour les spécialistes de l’environnement, cette législation a renforcé la bureaucratie et a surtout permis à certains milieux d’affaires d’exploiter la forêt pour en tirer rapidement des bénéfices. « Cette loi est bonne pour les grandes entreprises jouissant de relations avec les autorités car elle leur permet d’abattre rapidement des arbres, de faire de l’argent et ensuite de se retirer », explique Alexei Iarochenko de Greenpeace Russie. Le nouveau code a entraîné la suppression de 70.000 gardes forestiers qui remplissaient une mission de surveillance et de protection des arbres, ainsi que d’alerte en cas d’incendie. Il a en outre facilité le reclassement des terres forestières en terrains de construction lucratifs, ajoute Iarochenko. Sous la présidence de Vladimir Poutine, de 2000 à 2008, son parti, Russie unie, a développé une stratégie d’exploitation de la forêt identique à celle qui prévaut pour les gisements pétrolier et gazier, qui sont les plus importants du monde. Cette orientation a largement profité au groupe Ilim qui fut l’un des acteurs les plus influents dans l’adoption du nouveau code. Le président Dmitri Medvedev, qui a succédé à Poutine, a travaillé comme chef du département juridique d’Ilim, activité qui n’est pas mentionnée dans sa biographie officielle. « Il y a des excès dans le nouveau code », reconnaît Dmitri Tchouiko, conseiller de la direction d’Ilim. « L’expérience a montré qu’un système centralisé de protection contre les incendies est plus efficace ». « Dans son ensemble le code nous est favorable. Il protège les intérêts des grands exploitants de la forêt », admet-il. Reuters précise que les intérêt économiques en jeu ont des ramifications internationales puisque l’Américain International Paper, premier producteur mondial de pâte à papier et de papier, possède 50% des parts d’Ilim. Un responsable à l’Office national des forêts, l’autorité de tutelle, a indiqué que les questions juridiques seraient examinées une fois les incendies éteints.

 

Sources de l’article : AFP – Reuters – AP – Les Echos – Le Temps – Greenpeace

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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