« C’est la première fois qu’une étude en France permet de mesurer avec précision l’éco-anxiété dans la population« , précise Pierre-Henry Dodart, Administrateur de l’État engagé pour la transition écologique, sur linkedin. Ce rapport final de l’Agence de la Transition Écologique (Ademe) propose un cadre rigoureux pour comprendre l’éco-anxiété, une détresse psychologique encore largement ignorée. Suivant une méthodologie solide et respectant une échelle validée scientifiquement, « loin des raccourcis, ce rapport distingue ce qui relève de la préoccupation légitime, de l’engagement, ou d’un mal-être qui commence à déborder« .

L’avis de Pierre-Henry Dodart
L’Administrateur de l’État engagé pour la transition écologique a relevé plusieurs éléments saillants qui ressortent de ce rapport :
- ✔️ Environ un Français sur dix présente un niveau élevé d’éco-anxiété, avec des risques avérés pour sa santé mentale. Cela représente près de 500 000 personnes en situation de vulnérabilité clinique. Trois quarts des personnes interrogées ne manifestent pas de signes inquiétants. Mais entre les deux, une personne sur six se situe dans une zone de fragilité, avec des symptômes modérés qui peuvent évoluer. Ce qui permet de dépasser les oppositions trop simples entre indifférence et panique.
- ✔️ Le rapport éclaire aussi les profils les plus exposés. Ce ne sont pas les plus jeunes qui apparaissent en tête, mais les 25-34 ans. L’éco-anxiété est plus fréquente chez les femmes, chez les personnes diplômées et dans les grandes agglomérations. Plus on est engagé dans les enjeux environnementaux, plus le risque augmente. Cela ne signifie pas que l’engagement est un problème, mais qu’il doit être soutenu. Une lucidité sans soutien peut devenir épuisante.
- ✔️ Deux leviers se dessinent pour agir.
- Le premier consiste à renforcer les politiques de transition, non seulement en posant des objectifs, mais en donnant aux citoyens des prises concrètes.
- Le second appelle à reconnaître l’éco-anxiété comme une question de santé publique.

Il ne s’agit pas de médicaliser l’inquiétude, mais de prendre au sérieux ce que ressentent celles et ceux qui perçoivent les limites du monde dans lequel ils vivent. Les accompagner, les écouter, les soutenir, c’est aussi renforcer notre capacité collective à transformer la réalité.
Pierre-Henry Dodart, Administrateur de l’État engagé pour la transition écologique
En bref, comprendre l’éco-anxiété ne revient pas à pathologiser les émotions, mais à reconnaître que certaines prises de conscience peuvent isoler, fragiliser, voire épuiser. Y répondre, c’est créer les conditions d’un engagement durable, lucide et soutenu.

Résumé
L’éco-anxiété, définie par les chercheurs comme une détresse psychologique (mal-être) découlant des inquiétudes face à la crise environnementale, est un sujet de préoccupation exponentielle pour les populations mondiales. Les médias et la recherche s’en font l’écho, sans que l’on en connaisse précisément l’impact sur la population française. D’où la nécessité d’en établir l’état des lieux de façon objectivée. C’est l’une des ambitions de ce travail, première étude réalisée en France à partir d’un échantillon représentatif (de 15 à 64 ans concernant par extrapolation 42 millions de Français).

En complément, ce travail a permis d’améliorer l’approche de mesure de l’éco-anxiété, fondée sur un concept solide et un outil diagnostic construit scientifiquement, et de proposer un étalonnage original de catégories d’intensité croissante. Il permet de comprendre que l’éco-anxiété est un continuum avec des scores et des symptômes progressifs, révélant trois catégories générales d’éco-anxieux au sein de la population française.
- 1- D’abord, 31,5 millions de Français ne seraient pas du tout éco-anxieux, peu ou très peu.
- 2- Ensuite, 6,3 millions seraient moyennement éco-anxieux avec de premiers symptômes qu’il convient de ne pas laisser s’aggraver.
- 3- Enfin, 2,1 millions seraient fortement éco-anxieux et 2,1 millions très fortement éco-anxieux, au point de devoir bénéficier d’un suivi psychologique, avec un risque pour 420.000 d’entre eux de basculer vers une psychopathologie tierce connue (dépression réactionnelle ou trouble anxieux).

Aucune catégorie sociodémographique n’est épargnée par l’éco-anxiété, mais à des degrés différents. Elle touche plus les femmes que les hommes mais pas seulement les plus jeunes, contrairement à l’idée reçue.

Les Bac+3 sont les plus éco-anxieux, les sans diplômes le moins. La CSP1 la moins éco-anxieuse est celle des retraités. Habiter en grande agglomération et en région parisienne accroît l’éco-anxiété, de même que l’intérêt pour l’environnement.

Pour préserver la santé mentale des éco-anxieux, une prise en charge curative et préventive de l’éco-anxiété serait nécessaire aux niveaux individuel, collectif et sociétal, pour dépasser le problème de santé publique et transformer l’énergie négative de l’éco-anxiété en énergie positive de résilience tournée vers l’éco-engagement, au service de la transition environnementale.

Ce tableau présente le nombre de Français estimé dans chaque catégorie d’intensité et résumé en « classes ».
– La classe 1 représente les trois catégories d’intensité d’éco-anxiété les plus basses qui ne présentent aucune (ou quasiment aucune) menace à la santé mentale.
– La classe 2 intègre la catégorie charnière des personnes moyennement éco-anxieuses dont les symptômes commencent à s’intensifier, sans pour autant menacer leur santé mentale. Cette classe représente le point de bascule dans la dynamique de l’intensification de l’éco-anxiété au-delà de laquelle les personnes risquent de développer une détresse psychologique susceptible de menacer leur santé mentale, si elle se chronicise et s’intensifie.
– La classe 3 regroupe les trois catégories d’intensité d’éco-anxiété les plus élevées, avec un risque fort, très fort voire extrême pour la santé mentale.
Le Rapport final Éco-anxiété en France 2025
- Catégorie Socio Professionnelle ↩︎