Dans l'actualité :

Quelle adaptation & résilience des entreprises au changement climatique ?

"Les dirigeants français doivent s’adapter ou disparaître", selon Thomas...

“Vers les sociétés écologiques de demain : les problèmes de la transition écologique”

Qui peut dire qu’il a été formé à l’écologie ?...
Marketing durable

Repenser le marketing pour passer de la surconsommation à la durabilité

Stratégies et bonnes pratiques pour allonger la durée de vie des produits

Le Club de la Durabilité publie « Marketing durable : stratégies et bonnes pratiques pour allonger la durée de vie des produits ». Un guide pratique pour les professionnels du marketing souhaitant transformer leurs pratiques afin de s’aligner sur les objectifs de l’économie circulaire. Il s’adresse également aux décideurs publics souhaitant une réglementation plus ambitieuse et un impact mesurable.

Historiquement, le marketing joue un rôle crucial dans l’obsolescence en stimulant les désirs des consommateurs et en encourageant un renouvellement accéléré des biens, même encore fonctionnels.

Face à ce constat, il semble clair que le marketing tel qu’il est conçu traditionnellement présente un obstacle majeur à de meilleures pratiques de consommation et à une réduction des impacts environnementaux.

Le marketing traditionnel : au service de la production et consommation de masse

Inciter au renouvellement prématuré de produits encore fonctionnels, encourager à la surconsommation en favorisant la nouveauté au détriment de la durabilité… Le
marketing joue un rôle crucial dans l’obsolescence
en stimulant les désirs des consommateurs et en encourageant un renouvellement accéléré des biens, même encore fonctionnels.

Les modèles économiques dominants, fondés sur la vente de biens en volume et la stratégie de croissance des entreprises, peuvent en partie expliquer cela : la saturation de la plupart des marchés incite les marques à opter désormais pour une croissance intensive, à savoir l’augmentation de la consommation des clients existants.

Le marketing devient donc un outil de la surconsommation, à travers plusieurs leviers (“4P”) :

  • Le produit : Le renouvellement des gammes de produits se fait parfois via des versions à peine modifiées au détriment de la modularité et la capacité d’amélioration des versions précédentes5, créant une demande artificielle pour la nouveauté.
    • Par exemple, dans le secteur de l’électronique grand public, la sortie des nouveaux modèles d’iphone est devenue un rendez-vous annuel rituel pour les adeptes de la marque.
    • Dans le textile, alors que la fast fashion s’attèle à la multiplication des collections depuis des années6, l’ultra fast-fashion bat aujourd’hui tous les records avec l’exemple de Shein qui met sur le marché plus de 7 000 modèles de vêtements inédits par jour7.
    • ll en va de même pour la “Fast Deco” avec la multiplication des collections8.
  • À travers le prix : Les promotions et offres spéciales incitent à l’achat impulsif9, renforçant l’idée qu’il est préférable d’acheter maintenant pour bénéficier d’une «bonne affaire», même si le besoin n’est pas réel.
  • À travers la promotion (communications commerciales) : Les campagnes publicitaires classiques valorisent systématiquement les nouveaux produits, tout en décrédibilisant l’ancien. Cela renforce l’impression que posséder un produit de la
    génération précédente est moins valorisant, voire inutile.
  • À travers la “place” (distribution) : L’organisation des magasins physiques et des plateformes en ligne est conçue pour maximiser les ventes grâce à des techniques de merchandising sophistiquées. Que ce soit des techniques de retargeting ou d’offres personnalisées pour maintenir un attrait constant pour la nouveauté, ou des des “dark patterns” qui poussent les utilisateurs à faire des choix non-conscients10

Vers un marketing responsable : une réponse nécessaire et attendue

Face à ce constat, il semble clair que le marketing tel qu’il est conçu traditionnellement présente un obstacle majeur à de meilleures pratiques de consommation et à une réduction des impacts environnementaux.

Repenser le marketing non pas comme un outil de surconsommation mais comme un allié à une consommation raisonnée et raisonnable est donc l’objectif.

Le marketing durable joue un rôle essentiel dans la transition vers une économie circulaire.

Il est crucial de repenser les stratégies marketing des entreprises afin de promouvoir des produits, services et pratiques plus responsables. C’est une condition sine qua non pour rendre désirable la circularité, la durabilité, voire la sobriété, et ainsi changer profondément les comportements de consommation
afin de réduire drastiquement les impacts.

Il ne s’agit plus de maximiser les ventes, mais de promouvoir des comportements d’achat durables, socialement et environnementalement
responsables
.

Selon une enquête de l’Ademe (2020), 92 % des consommateurs français attendent des marques qu’elles prennent des engagements concrets et les aident à mieux consommer. Ce changement de paradigme implique de :

  • Repenser l’offre pour limiter l’obsolescence marketing et promouvoir des produits durables, réparables ou issus du réemploi.
  • Réorienter la communication pour renforcer la transparence et la crédibilité des messages, tout en évitant le greenwashing.
  • Former et sensibiliser les acteurs et les consommateurs pour les accompagner vers des choix plus responsables et rendre désirable la durabilité.

Les recommandations clés du guide

Repenser le marketing non pas comme un outil de surconsommation mais comme un allié d’une consommation raisonnée et raisonnable !

Parmi les recommandations phares : 

  • Promouvoir la sobriété : réduire pour mieux consommer. Questionner le besoin doit devenir un réflexe systématique, afin que la sobriété devienne la norme. Cela passe par réduire les gammes de produits et limiter les promotions trompeuses.
  • Offrir des services pour prolonger la durée d’usage des produits. Les acteurs engagés pour la durabilité doivent non seulement promouvoir des produits conçus pour durer, mais aussi offrir des services au consommateur pour faciliter l’allongement de leur durée d’usage.
  • Communiquer de manière responsable et transparente. Les entreprises doivent adopter une approche transparente dans leur communication, en privilégiant des messages clairs sur la durabilité de leurs produits, sans recours à des techniques marketing agressives. 
  • Sensibiliser pour changer les habitudes de consommation. Les pratiques marketing durables ne peuvent être pleinement efficaces que si les consommateurs sont sensibilisés aux enjeux de la durabilité. L’éducation du public est essentielle pour promouvoir une consommation raisonnée et responsable.

Pour les décideurs publics, le Club de la Durabilité recommande notamment de : 

  • > Favoriser la durabilité des produits et services en amont des choix marketing des entreprises. A travers l’encouragement à l’écoconception, la production de données officielles sur l’impact des produits et services pour une meilleure valorisation, tout en restant vigilant sur la prolifération des labels.
  • > Renforcer la réglementation sur la publicité et les pratiques marketing agressives.Il est nécessaire de réviser et augmenter l’encadrement des pratiques publicitaires, tout en contrôlant et sanctionnant les abus.
  • > Promouvoir une transformation culturelle des modes de production et de consommation.Encourager une consommation plus responsable et former les citoyens doit aller de pair avec simplifier les offres et limiter les opérations commerciales.

À propos du Club de la Durabilité

 

Le réseau des entreprises actrices du changement vers la durabilité des biens et services

Le Club de la durabilité est un réseau d’acteurs économiques, impulsé par l’association HOP – Halte à l’obsolescence programmée en 2018. Il réunit aujourd’hui plus de 40 organisations de divers secteurs, œuvrant ensemble pour promouvoir une économie circulaire viable et résiliente. En collaborant étroitement avec ses membres, le Club vise à développer et partager des pratiques innovantes, contribuant ainsi activement à la transition écologique.

Vision :

Pour allier écologie et économie, répondre à la demande de plus en plus forte des citoyens qui aspirent à des produits durables et réparables, et optimiser les ressources, les entreprises doivent être outillées et nombreuses à proposer des biens et services qui répondent à une logique circulaire : des produits conçus pour durer, qui pourront être donné, loué, reconditionné ou réparé, avec des pièces détachées disponibles et une expertise accessible. Pour se généraliser et rencontrer les impacts écologiques positifs souhaités, l’économie des produits durables doit se généraliser.

A lire

Newsletter

spot_img

Sur Cdurable

7 leviers d’action pour former les actifs à la transition écologique

Les acteurs de la formation continue ont un rôle...

Une université écologique pour un avenir plus soutenable

Si l’université veut jouer un rôle clé dans la...

Soutenir le déploiement du commerce équitable pour répondre aux difficultés du monde agricole

Depuis de nombreuses années, le monde agricole exprime sa...
Cyrille Souche
Cyrille Souchehttps://cdurable.info
Directeur de la Publication Cdurable.info depuis 2005. Cdurable.info a eu 18 ans en 2023 ... L'occasion d'un nouveau départ vers un webmedia coopératif d'intérêt collectif pour recenser et partager les solutions utiles et durables pour agir et coopérer avec le vivant ...

Sciences participatives : présentez votre projet à la Conférence des Nations Unies pour l’Océan à Nice

Vous avez une idée de projet lié aux sciences participatives ou aux voyages scientifiques, mais vous ne savez pas par où commencer ? Vous...

Quelle adaptation & résilience des entreprises au changement climatique ?

"Les dirigeants français doivent s’adapter ou disparaître", selon Thomas PINET qui veut rendre la CSRD opérationnelle pour tous. S'il y a cinq ans, le...

“Vers les sociétés écologiques de demain : les problèmes de la transition écologique”

Qui peut dire qu’il a été formé à l’écologie ? Et à quelle écologie ? En quête des enseignements écologiques de demain, "Mais qui enseigne l’écologie...

2 Commentaires

  1. […] Il est également essentiel de considérer comment ces stratégies de communication peuvent renforcer l’image des marques et fidéliser les clients. En intégrant des messages autour du développement durable, les entreprises peuvent non seulement répondre à l’urgence climatique, mais aussi s’aligner sur les attentes croissantes des consommateurs en matière de responsabilité sociale et environnementale. Cela peut être observé dans plusieurs études de cas, où des marques ont transformé leurs approches pour répondre à ces nouvelles exigences, favorisant ainsi un marketing responsable. Cette nécessité de repenser les campagnes marketing est d’autant plus palpable dans le contexte actuel, où la surconsommation doit laisser place à des pratiques plus durables, comme le propose l’initiative de réconciliation entre écologie et marketing. […]

  2. […] Le marketing durable dans la grande consommation est à la croisée des chemins. Les marques ne peuvent plus ignorer les enjeux environnementaux et sociétaux, mais doivent trouver un équilibre entre écologie et rentabilité. Les consommateurs ont, eux aussi, un rôle clé à jouer : en privilégiant les entreprises réellement engagées, ils peuvent inciter l’ensemble du secteur à évoluer vers un modèle plus vertueux. Pour en savoir plus sur les stratégies et les défis du marketing durable, découvrez cet article sur https://cdurable.info/repenser-le-marketing-pour-passer-de-la-surconsommation-a-la-durabilite/. […]