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Public Eye Award 2011 : élisez la pire entreprise de l’année

L’ONG la Déclaration de Berne et Greenpeace vous invitent à choisir la pire entreprise de l’année 2010 en matière d’environnement et de droits humains. Vous avez jusqu’au 27 janvier pour voter pour ce Public Eye Award. Le nom de l’entreprise gagnante sera révélé durant le prochain Forum économique de Davos.

La responsabilité des entreprises ici et maintenant Avec les Public Eye Awards (anciennement le Public Eye on Davos), la Déclaration de Berne (DB) et Pro Natura organisent depuis 2000 le contre-sommet critique du rendez-vous annuel du World Economic Forum (WEF) à Davos. Depuis 2009, Greenpeace Suisse a remplacé Pro Natura aux côtés de la DB pour l’organisation des Public Eye Awards. Ensemble, les deux organisations veulent montrer aux acteurs de l’économie mondiale que les conséquences sociales et environnementales de leurs pratiques commerciales ne touchent pas que les victimes de ces préjudices, mais qu’elles affectent aussi la réputation de leurs entreprises. la Déclaration de Berne et Greenpeace Suisse établissent chaque année en janvier une shortlist des entreprises les plus irresponsables de l’année afin de les dénoncer ouvertement, en prévision du World Economic Forum de Davos. Elles sont choisies pour leurs mauvaises conditions de travail, pour leurs atteintes à l’environnement, pour leurs manque de transparence ou parce qu’elles n’assument pas leurs responsabilités sociales d’entreprise. De cette manière les entreprises choisies ressentent le poids de la société civile. La renommée de ces «prix de la honte» permet de mettre en lumière les comportements irresponsables de ces entreprises au niveau international. L’objectif des deux organisations est également d’offrir une tribune afin de relayer internationalement le message des ONG s’opposant à ces compagnies. Cette année deux prix seront remis : le GLOBAL Award et le PEOPLE’s Award. Le premier sera décerné par un jury indépendant, pour le second le lauréat sera choisit par le vote des internautes du monde entier. En 2010, ces prix de la honte étaient allés au groupe pharmaceutique Roche pour ses activités de tests en Chine et à la Royal Bank of Canada pour ses financements dans l’extraction de pétrole à partir de sables bitumineux.

Les nominés

AngloGold Ashanti : L’entreprise minière sud-africaine AngloGold Ashanti empoisonne la terre et les habitants du Ghana dans le cadre de ses activités d’extraction de l’or. La production de 30kg d’or entraîne quotidiennement l’extraction, le broyage et le traitement au cyanide de près de 6’000 tonnes de roches. Les déchets miniers hautement toxiques qui en résultent sont stockés dans des lacs et polluent les fleuves et les sources d’eau potable ainsi que tous ceux qui en dépendent. Là ou se trouvaient autrefois des terres arables, la terre agricole n’est dorénavant plus exploitable. De plus, le personnel de sécurité des mines s’est rendus coupable de torture et d’avoir lâché les chiens sur des personnes « suspectes », entraînant plusieurs décès. Même si les conséquences environnementales et sociales de l’activité minière de l’entreprise ont été largement documentées par les autorités ainsi que par des ONG et par AngloGold elle-même, la situation s’est aggravée ces dernières années. La promesse en faveur d’une exploitation plus respectueuse des personnes et de l’environnement, faite en 2004 par la compagnie sud-africaine, est malheureusement restée lettre morte. Il n’est donc pas surprenant que, dans un récent classement des entreprises minières établi par les services de l’environnement de l’Etat ghanéen, AngloGold Ashanti reçoive la plus mauvaise note dans le domaine de la responsabilité sociale et environnementale. Pour voter pour cette entreprise, cliquez ici. Axpo : Le distributeur d’énergie suisse AXPO se procure de l’uranium en toute discrétion auprès de l’usine de retraitement de Maïak en Russie. Maïak est, après Tchernobyl, l’endroit le plus irradié de la planète. Les eaux usées chargées en déchets radioactifs sont directement déversées dans la rivière Tetcha ou sont stockées dans des bassins à ciel ouvert. Les taux de cancers et de fausses couches sont extraordinairement élevés au sein de la population locale et de nombreux enfants sont lourdement handicapés. L’achat de combustible nucléaire à l’usine de Maïak est d’autant plus révoltant de la part d’Axpo que cette entreprise se donne une image écologique et décrit l’énergie atomique qu’elle produit comme «propre». Depuis des années les exploitants des centrales nucléaires suisses ont dissimulé l’origine du combustible utilisé dans ces dernières. Il a fallu que des recherches indépendantes révèlent le scandale de l’origine des matériaux fissiles utilisés par Axpo, pour que cette dernière admette enfin ouvertement qu’ils proviennent d’anciens sous-marins nucléaires et d’anciens brise-glaces russes. «Nous devrions assumer une responsabilité collective pour la totalité de la filière d’approvisionnement de nos centrales» déclarait récemment un responsable de la compagnie à la télévision alémanique. C’est exactement ce qu’Axpo ne fait pas. Pour voter pour cette entreprise, cliquez ici. BP : Le 20 avril 2010, la plateforme pétrolière «Deepwater Horizon» de la compagnie pétrolière BP explosait au large du Golfe du Mexique. Onze personnes ont perdu la vie lors de cet accident et au moins 800 millions de litre de pétrole se sont répandus librement dans la mer durant 87 jours, avant que la fuite ne soit enfin colmatée. Il s’agit de la seconde plus grande catastrophe pétrolière de l’Histoire, après l’incendie par l’armée de Saddam Hussein des gisements pétroliers du Koweït lors de la Guerre du Golfe de 1991. L’ensemble de la chaîne alimentaire sera perturbée durant des décennies dans la région, alors que d’immenses zones sous-marines vont perdre toute forme de vie sous l’effet du pétrole en suspension. Malgré cela, BP continue d’investir dans l’exploitation de pétrole à hauts risques. Auparavant la seule grande compagnie pétrolière à ne pas investir dans l’exploitation des sables bitumineux canadiens, BP s’est lancé dans ce secteur en décembre 2010 bien qu’il s’agisse de la forme la plus polluante d’extraction de pétrole. Cet investissement de près de 1,6 milliards de dollars s’est fait sans tenir compte des oppositions des communautés touchées par l’extraction des sables bitumineux. Simultanément, BP mandate une agence de relation publique afin de cultiver son image de producteur de carburant bio. Son slogan «Beyond Petroleum», reste toutefois sans la moindre influence sur la politique de l’entreprise, même après la catastrophe pétrolière du Golfe du Mexique. Pour voter pour cette entreprise, cliquez ici. Foxconn : L’entreprise d’électronique Taïwanaise Foxconn produit des composants informatiques pour Apple, Dell, HP, Nintendo, Sony Ericsson, Motorola, et d’autres grandes marques. Dans ses gigantesques usines chinoises, on a dénombré pour la seule année 2010 dix-huit suicides avérés, de par les conditions de travail misérables et le dumping salarial pratiqué par cette entreprise. Les personnes qui se sont suicidées avaient toutes entre 17 et 27 ans. Les employés de Foxconn subissent les cadences de travail effrénées et les pressions physiques et morales de leur hiérarchie. Ils sont même fouillés lorsqu’ils se rendent aux toilettes. Un seul syndicat alibi est autorisé par Foxconn. Suite à de nombreuses pressions externes, la compagnie a promis une augmentation des salaires. Les observations les plus récentes ne montrent cependant aucune amélioration des conditions de travail. Pire, quelques 100’000 étudiants ont été contraints de travailler chez Foxconn par leurs écoles professionnelles dans le cadre de stages non volontaires où ils assument la même charge de travail que des employés normaux. Pour voter pour cette entreprise, cliquez ici. Neste Oil : D’ici deux ans, la compagnie pétrolière finlandaise Neste Oil devrait devenir le plus gros acheteur d’huile de palme et le principal producteur d’agrocarburants au monde. A l’heure actuelle, elle vend déjà dans toute l’Europe le «Neste Green Diesel». Une appellation trompeuse, s’agissant d’un diesel à base d’huile de palme. En même temps que Neste Oil augmente sa capacité de production à Rotterdam et à Singapour, son principal fournisseur – IOI – a doublé la surface de ses plantations d’huile de palme. La demande croissante en huile de palme entraîne toujours plus d’expropriations de terrains et de destruction de forêt tropicale en Indonésie et en Malaisie. IOI vient de perdre un procès en cours depuis douze ans sur une affaire d’expropriation en Malaisie, où des cas de corruption sont également évoqués. Au final, le bilan CO2 du carburant de Neste Oil est effarant. Il est même plus élevé que celui du diesel classique ! Neste Oil va bientôt entrer sur le marché du kérosène grâce à sa collaboration avec Finnair et Lufthansa, contribuant ainsi encore davantage au réchauffement climatique. Pour voter pour cette entreprise, cliquez ici. Philip Morris : Le producteur de tabac états-unien Philip Morris, dont le siège principal a stratégiquement été choisi en Suisse, a porté plainte auprès d’une instance de la Banque Mondiale contre l’Uruguay et sa politique de prévention du tabagisme, tentant ainsi d’imposer sa volonté contre la politique de santé de ce pays d’Amérique Latine. Le chiffre d’affaires cumulé des multinationale du tabac est deux fois plus élevé que le PIB de l’Uruguay. Cette relative faiblesse a forcé le pays à faire une concession avant même le dépôt de la plainte : une réduction de la taille des messages de prévention de 85% à 65% de la surface des paquets de cigarettes. Ce cas représente un bon exemple de la puissance politique grandissante des lobbys internationaux du tabac sur les gouvernements des pays du Sud. Du fait de législations plus restrictives dans le domaine du tabac, les principaux marchés de Philip Morris ont tendance à se réduire. La compagnie réagit en conséquence avec une politique de développement agressive sur les marchés en devenir. Sa démarche contre l’Uruguay vise à décourager les autres pays en développement ou émergents désireux d’instaurer une législation restrictive sur le tabac. En clair, Philip Morris cherche à faire primer les objectifs de libre-échange des multinationales du tabac sur les politiques de santé d’Etats souverains. Pour voter pour cette entreprise, cliquez ici.

Voter

Six entreprises ont été retenues cette année. La liste comprend notamment le groupe minier AngloGold Ashanti accusé d’empoisonner le sol du Ghana et de maltraiter ses travailleurs; le pétrolier BP pour avoir causé la pire marée noire dans le Golfe du Mexique et la compagnie finlandaise Neste Oil, active dans les agrocarburants à base notamment d’huile de palme. Les trois autres nominés sont la société suisse Axpo pour ses sources douteuses d’approvisionnement d’uranium , le fabricant de composants électroniques taïwanais Foxconn pour ses conditions de travail en Chine et le cigarrettier Philip Morris, montré du doigt pour les pressions qu’il exerce sur certains Etats, notamment de l’hémisphère sud, afin d’affaiblir leur volonté de lutte contre le tabagisme.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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