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Politique agricole commune : le WWF dénonce le choix du statu quo au moment où est rendu public le chiffrage faramineux du coût des pollutions agricoles

La Commission européenne a dévoilé aujourd’hui ses propositions de réforme pour la PAC 2014-2020. Alors que le ministère de l’Ecologie vient de sortir une étude montrant le coût astronomique des pollutions agricoles, le WWF regrette que ces propositions soient une opportunité manquée à la fois pour les écosystèmes et les finances publiques. Le verdissement annoncé par le Commissaire Ciolos ne permettra pas de réorienter l’agriculture européenne vers une agriculture durable. Ce sont 372 milliards d’euros qui risquent d’aller en grande partie vers l’agriculture intensive.

La Commission a cédé notamment aux pressions du syndicat majoritaire, de l’industrie de l’agro-chimie et d’Etats membres parmi lesquels la France, « très prudente sur le verdissement » comme l’a clamé François Fillon le 2 septembre dernier.

Un « greenwashing » que la France s’est taillée sur mesure

Les mesures de verdissement proposées, largement influencées par la France, sont très affaiblies par rapport à l’ambition initiale du Commissaire Ciolos. Pour la France, ces mesures de « verdissement » sont déjà quasiment toutes obligatoires ou l’auraient été en 2013. « Il s’agit donc d’un véritable recyclage de mesures existantes, rebaptisé verdissement, qui va permettre de continuer à verser des aides aux systèmes les plus intensifs sans inciter à une réorientation vers des pratiques plus durables. Avec les conséquences que l’on connaît sur l’environnement » explique Serge Orru, Directeur général du WWF France.

Autre signe qu’un virage en faveur d’une agriculture durable n’a pas été pris : les fonds consacrés au développement rural et au sein de celui, aux mesures en faveur de l’environnement, n’ont pas été accrus. Ils sont pourtant essentiels pour promouvoir une agriculture durable.

Le coût de la décontamination des eaux souterraines françaises est supérieur au budget total de la PAC sur 7 ans !

Une étude du ministère de l’Ecologie[1] vient de chiffrer le coût des pollutions dues aux excédents de nitrates et pesticides. Elle montre combien les Français mettent deux fois la main à la poche : une première fois via leur feuille d’impôt, avec 10 milliards d’euros de soutiens directs à des agriculteurs ayant souvent des pratiques à fort impact sur l’environnement, et une deuxième fois via leur facture d’eau, avec un surcoût lié au traitement des nitrates et pesticides compris s’élevant entre 7 et 12% de la facture.

Comme l’ont dénoncé la Cour des Comptes et le Conseil d’Etat, la politique agricole actuelle érige en système le principe du pollueur-payé.

Le chiffrage total du coût des pollutions agricoles établi par le ministère est faramineux : un minimum de 522 milliards d’euros rien que pour décontaminer les eaux souterraines. « Cette étude montre clairement que les Etats n’ont pas les moyens de faire face au coût de la dépollution et qu’il est donc plus qu’urgent de faire cesser les pratiques polluantes. Et encore plus de mettre un terme à cette aberration qui consiste à soutenir aveuglément les agriculteurs sans distinguer entre ceux qui ont des pratiques bénéfiques pour l’environnement et ceux qui ont des pratiques dommageables », analyse Isabelle Laudon, responsable des politiques européennes au WWF France.

« En ces temps d’austérité budgétaire, les propositions de la Commission européenne vont contribuer à alourdir la facture pour les générations présentes et futures sans aider les agriculteurs ayant des pratiques intensives à réorienter leurs pratiques. Elles font preuve d’une grave irresponsabilité face aux défis écologiques et économiques auxquels nous sommes confrontés » conclut Isabelle Autissier, Présidente du WWF France.

Il revient maintenant aux Etats membres et au Parlement européen d’améliorer cette proposition notamment en renforçant les critères du verdissement.

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2 Commentaires

  1. Politique agricole commune : On continue comme avant !
    Bonjour,
    Je lis votre article et je constate que même si localement certains agriculteurs prennent des virages courageux vers le bio par le biais des AMAP par exemple ou de leur vente direct sur les marchés, nous sommes bien loin d’un coup de pouce qui devrait être « salutaire » de la part de nos décideurs; Il manque encore une fois d’une sagesse à long terme.
    Merci pour vos articles et à bientôt !

    • Politique agricole commune : On continue comme avant !
      Bonjour,
      A mon avis ce n’est pas de sagesse mais de cynisme (ou même de mépris) de la part de ces décideurs dont il s’agit.
      Et la seule décision à prendre rapidement, sans tergiverser c’est de mettre un terme « à très court terme » à l’utilisation de tous les polluants sans plier sous les menaces des industriels ni subir plus longtemps les atermoiements des instances gouvernementales nationales et/ou internationales; les gains, non seulement financiers mais environnementaux et surtout en terme de santé viendront rapidement contrebalancer les gouffres dans lesquels sans réagir on n’aura pas d’autre choix que de tomber et de financer…
      Mais j’ai un doute quand à ce « virage courageux » 😉