La canicule d’aout 2003 qui a fait près de 15 000 morts en France, la tempête Xynthia avec ses 53 morts en février 2010, les sécheresses récurrentes qui imposent des restrictions d’eau dangereuses aux agriculteurs, les ouragans qui menacent les iles d’Outre-mer sont entre autre des signes qui confirment le réchauffement de la planète. « Si nous adoptons des mesures fermes dès à présent, il est encore temps d’éviter les pires conséquences du changement climatique », nous dit le rapport Stern. La mise en garde est sévère, car le changement climatique pourrait avoir des conséquences très sérieuses sur la croissance économique et le développement durable de la France, préviennent les scientifiques. Il faut désormais parler le langage du marché, celui de la finance qui ne jure que par la croissance, qui met un accent particulier sur la production, qui est à la quête perpétuelle des matières premières, et qui n’ignore plus de nos jours que les externalités de notre mode de production sont à la source des pollutions qui sont elles-mêmes à la base du changement climatique. Dans le cas d’une puissance économique comme la France, doit-on considérer le changement climatique comme une contrainte économique ou une opportunité pour la compétitivité et le développement durable ? Les problèmes environnementaux actuels pour un pays comme la France, doivent être considérés comme une réelle opportunité à saisir pour réorienter son modèle économique qui est unanimement reconnu comme stagnant. Repenser ce modèle économique, c’est à la fois repenser ses outils et techniques de production, c’est ajuster la recherche et la formation, réinventer son offre de services, mais c’est aussi réadapter son système de financement de l’économie sur la base de cette nouvelle donne. Il est vrai que la dé-monétarisation du modèle économique actuel n’est pas pour demain et n’a même pas de résonance dans les esprits. Tout le défi est donc de faire perpétuer ce modèle actuel en opérant la mutation nécessaire qui préserve à la fois l’environnement, la croissance et la compétitivité de la France. Il faut nécessairement rechercher une réputation économique en formulant conséquemment la régulation écologique ; celle-la même qui conduira le pays à repenser ses outils et techniques de production et d’admettre que les technologies qui sont énergivores ou polluantes doivent faire place à d’autres moins polluantes, moins énergivores, consommant des sources d’énergies nouvelles moins polluantes. Tous les secteurs économiques doivent s’investir dans cette mutation, car les gains y sont au rendez-vous. Le secteur du bâtiment a un grand chantier dans la rénovation des épaves thermiques et dans la construction des habitations neuves autonomes énergiquement. Au lieu de subir, le secteur agricole a de réelles opportunités de sélectionner les cultures capables de résister contre la sécheresse. Toutes les industries doivent s’engager dans la quête de nouveaux matériaux, de nouveaux outils et de nouvelles méthodes qui prennent en compte les contraintes environnementales. L’Etat Français, à travers ses différentes administrations, reste le principal organisateur et catalyseur de la réussite de ce programme qui doit faire l’objet d’une politique audacieuse. Il doit fixer le cap, mettre en place les régulations et incitations nécessaires, accorder les moyens d’accompagnement de cette politique et opérer différents arbitrages. Cela suppose que les ressources humaines sont formées et motivées, les moyens matériels et financiers alloués pour accompagner le changement. C’est aussi et surtout vers une réorientation ou une invention des nouveaux métiers pour son économie que la France doit fixer le cap, car le défi du chômage peut être relevé en saisissant cette opportunité qu’offrent les problèmes environnementaux. L’économie Française a besoin de forger cet avantage technologique pour affirmer une certaine compétitivité qu’il s’agisse de mise en services de nouvelles machines ou de l’émergence de nouvelles offres de service de formation et de maintenance. Les cursus de formation doivent s’adapter à la transformation de l’économie afin de proposer les ressources humaines compétentes qui ont les moyens et la reconnaissance pour conduire cette mutation. C’est aussi cette nouvelle ressource humaine formée qui rendra compétitive les entreprises et exportera le modèle français qui doit être réinventé. La finance a un rôle important à jouer pour relever le défi environnemental. Le financement de cette mutation économique qui prendra en compte les contraintes environnementales nécessite à la fois des investisseurs favorables à la mise en place des nouveaux produits financiers capable de couvrir les besoins des entreprises et des nouveaux entrepreneurs. Il faut à la France des banquiers formés ou prédisposés à faire ce nouveau bond. Il ya là de réelles opportunités à faire du business propre, à juguler le chômage, et à rendre compétitive la France.