Hausse du prix des carburants, chutes des ventes, réglementations antipollution de plus en plus sévères… 2008 est une année charnière pour l’industrie automobile. Pour Antoine Damagnez qui signe un dossier consacré au Mondial dans Marianne (N°598 – semaine du 4 au 10 octobre 2008), la voiture verte n’est plus une option ni un projet : c’est une nécessité, tout de suite. Thierry Salomon, président de l’association NégaWatt se livre dans Politis (N°1020 – semaine du 2 au 8 octobre 2008) à un autre décryptage de cette manifestation. « La déesse Voiture est devenue Minotaure avalant la Terre et ses occupants après soixante années de pollution et de surconsommation, d’épuisement accéléré des ressources, de congestion urbaine et d’envahissement médiatique. Un monstre à qui l’espèce humaine paye chaque année un incroyable sacrifice : 1,2 million de morts et 20 à 50 millions de blessés[[chiffres de l’Organisation mondiale de la santé]]. » Même si la route est encore longue, le bilan est plus nuancé que le constat d’échec de Thierry Salomon. Les derniers modèles présentés par les constructeurs démontrent que la révolution verte du secteur automobile est désormais lancée. Venez les découvrir à Paris, Porte de Versailles jusqu’au 19 octobre prochain.
Les principaux nouveaux modèles présentés au Mondial de l’automobile 2008
– Seat Ibiza Ecomotive En première mondiale, la nouvelle Seat Ibiza Ecomotive est présentée dans le cadre de ce mondial. Cette petite berline, disponible en cinq et trois portes avec un moteur 1,4 l TDI de 80 ch, est la plus écologique de son segment, avec un niveau d’émissions de CO2 à 98 g/km. Plus fort que la Toyota Prius deuxième génération, qui rejette en moyenne 104 g/km de CO2. Une performance rendue possible grâce à un nouveau logiciel moteur, des améliorations sur la boîte et sur les rapports et des pneumatiques à faible frottement. L’aérodynamisme a été aussi étudié pour réduire la consommation à 3,8 l : l’Ibiza Ecomotive est dotée d’une calandre fermée et d’un nouveau spoiler pour réduire les résistances à l’air. La Seat Ibiza Ecomotive sera disponible en mars 2009. Son prix devrait se situer autour des 15 000 €. – Honda Insight hybrid 2 : menace pour le Prius ? Honda dévoile au Mondial son Insight hybrid 2. Honda met en avant plusieurs modèles dits « écologiques » (Honda FCX Clarity ou encore la Honda CR-Z) en démontrant sa forte volonté à s’engager dans le développement durable. La Honda Insight sera disponible en version 5 portes et 5 places avec hayon. Le véhicule est doté d’un nouveau Moteur d’Assistance Intégrée (IMA – Integrated Motor Assis) privilégiant, selon Honda, la conduite propre avec une baisse significative de la consommation. En plus de ses qualités écologiques, annoncées par le constructeur, Honda Insight est défini comme accessible au public. Cependant, les tarifs ne sont pas encore connus. Mais Honda affirme que ce sera l’hybride le moins cher du marché afin de concurrencer le Toyota Prius Hybrid. – Mitsubishi I-Miev : rechargeable à la maison La marque japonaise nous livre sur le Salon de Paris 2008 sa propre vision de la voiture 100% électrique. Elle s’appelle I- Miev pour « Mitsubishi Innovative Electric Vehicle » et fonctionne sur batteries lithium-ion. Ses atouts? Elle se recharge en 7 heures sur prise 220 volts standard, offre une autonomie allant de 120 km à 160 km selon utilisation, et comme vous l’aurez compris rejette zéro émission! En terme de gabarit c’est une petite citadine 5 portes, 4 places, d’un peu plus de 3 mètres de long. Avec sa bouille sympathique et son profil tout en rondeur, elle reprend finalement exactement les traits de la microcar « I » commercialisée au Japon. C’est d’ailleurs dans son pays d’origine et dès l’année prochaine, que les 2000 premiers exemplaires de l’I-Miev seront vendus. Pour les européens, le calendrier est fixé à 2010. – Smart Fortwo Electric Drive Devenue la coqueluche des grandes villes, la petite Smart passe à l’électricité. Le président du directoire de Daimler AG l’a annoncé : « A partir de la fin de l’année 2009, la Smart Electric Drive sera produite en petite série avec une batterie lithiumion ». Avec son moteur électrique de 41 ch, elle peut atteindre la vitesse de pointe de 112 hm/h. Son autonomie est de 115 km. Pour la recharger, il suffit de la « brancher » sur une prise de 220 V – compter huit heures pour une recharge totale. Et afin d’honorer la production prévue fin 2009, la Fortwo ed inaugurera un dernier essai grandeur nature Outre-Rhin, dans le cadre du programme « e-mobility Berlin ». Là, une centaine de Fortwo ed se fonderont dans la circulation sans émettre la moindre particule de CO2. – Une Hyundai i20 plus écologique Voici la i20 Blue, la deuxième née de la gamme écologique de Hyundai. Equipée d’un 1.4 diesel de 90 ch, la citadine dont l’aérodynamique, le châssis et la boite ont été revus, ne consomme plus que 3,75 litres/100 km. Côté émissions de CO2, le niveau tombe à 99 g/km, de quoi la faire bénéficier d’un bonus écologique de 1000 €. Précisons que l’auto est équipée du système stop and start, qui coupe automatiquement le moteur lors d’arrêts prolongés et de pneus à faible résistance au roulement. La Hyundai i20 sera commercialisée en Europe à la fin de l’année 2008. Son prix n’a pas encore été dévoilé. – Suzuki SX4 FCV : le dessus de la pile Le ministère japonais de l’infrastructure, du transport et du tourisme a accordé à Suzuki l’autorisation de faire des essais sur route de la SX4-FCV. Cette voiture à pile à combustible alimentée à l’hydrogène est développée en collaboration avec General Motors (GM). Suzuki étudie cette technologie depuis 2001 déjà, notamment avec des Wagon R. La SX4-FCV est dotée d’un réservoir d’hydrogène à haute pression (70 MPa). La puissance de la pile est de 80 kW, le moteur en dispose, lui, de 68 kW (92 ch). La batterie haute tension est un condensateur compact léger. L’autonomie maximale est de 250 km et la voiture peut rouler à 150 km/h. Les ingénieurs nippons ont également intégré un système de régénération de l’énergie au freinage. – Citroën C-Cactus : miniconso Avec C-Cactus, Citroën relève le pari ambitieux de proposer une berline écologique au style attractif et ludique, équipée d’une chaîne de traction hybride HDi au prix d’une C4 d’entrée de gamme. Pour parvenir à résoudre cette équation complexe, la Marque explore de nouvelles voies de conception et prend le parti de renoncer à certains équipements non essentiels au bien-être des occupants, en faveur d’une technologie, d’un style et d’équipements écologiques, valorisants et valorisés par les utilisateurs. Ainsi la planche de bord a été supprimée, toutes les fonctions sont regroupées sur le moyeu du volant et sur la console. Les panneaux de porte sont constitués de deux pièces alors que, sur une berline classique, il en faut douze. Grâce à sa technique hybride, le C-Cactus affiche des niveaux de consommation et d’émission de C02 de l’ordre de 2,9 l aux 100 km et 78 g/km en cycle mixte. En cycle urbain, le mode électrique donne zéro émission. – Le prototype Kia Sportage FCEV à l’hydrogène Le constructeur Kia va vous faire découvrir en première européenne son prototype Kia Sportage FCEV actuellement en cours de développement et de tests. Il s’agit d’un véhicule disposant d’un moteur électrique, d’une pile à combustible (100 kW, 136 ch), d’un réservoir d’hydrogène et de batteries lithium-ion polymère (152 V). Il bénéficie d’une autonomie de 300 km et il peut démarrer à des températures inférieures à zéro degré. L’objectif : développer un véhicule zéro émission d’ici 2010 qui soit viable commercialement.
Les voitures hybrides : la solution écologique à la hausse du pétrole ? Par Pierre Tenaud
La voiture hybride devient un véritable phénomène. Les ventes de véhicules dotés de ce système de propulsion (c’est-à-dire un véhicule fonctionnant avec deux moteurs, un à essence, un électrique) s’envolent. Aux États-Unis, 160 000 voitures hybrides se sont vendues depuis le début de l’année. C’est cinq fois plus que durant les premiers mois de 2004.
Selon le cabinet spécialisé JD Power, quatre des dix modèles qui s’écoulent le plus rapidement chez les concessionnaires américains sont hybrides. Le marché automobile américain a rapidement retourné sa veste, et la doublure est verte. Selon la Banque royale du Canada, 82 % des Américains envisagent l’achat d’un véhicule hybride au moment de renouveler leur voiture.
Les consommateurs et les constructeurs d’hybrides sont d’ailleurs encouragés par de nombreux gouvernements. Le phénomène ne se cantonne pas aux États-Unis. Le Japon a prévu d’investir 1,2 Md€ en cinq ans pour aider ses constructeurs à produire ce type de voiture. Le gouvernement de Shinzo Abe espère ainsi qu’ils arriveront à mettre sur le marché des voitures moins chères que leurs homologues à essence. Le gouvernement allemand a aussi lancé un programme visant à encourager le développement des voitures hybrides. L’enveloppe reste toutefois plus modeste qu’au Japon : Berlin a promis d’injecter 15 M€.
(…)
Automobile : investir économique ou écologique ? Par Ingrid Labuzan
Faut-il obéir à des principes économiques ou écologiques ? L’investisseur que vous êtes préfère la première solution, mais en tant qu’être humain, la seconde semble plus raisonnable.
À Bruxelles, le même dilemme se pose. L’Union européenne a de grandes ambitions en matière de réduction de gaz à effet de serre (GES). L’industrie automobile a d’autres impératifs, à l’heure où le marché décroche. En août, sur seize pays d’Europe occidentale, quinze ont vu les immatriculations de véhicules neufs reculer, avec des baisses à deux chiffres pour de grands pays comme la France, l’Allemagne, l’Italie ou l’Angleterre. Le seul à tirer son épingle du jeu est le Portugal.
Les constructeurs en guerre
Alors, évidemment, la nouvelle réglementation européenne de réduction des émissions de GES pour les véhicules neufs suscite un tollé général chez les constructeurs. Son objectif : les contraindre à fabriquer des véhicules émettant en moyenne moins de 130 g de CO2/km dès 2012 et infliger une pénalité de 20 € par véhicule et par gramme de CO2 supplémentaire.
Les premières critiques sont nationales, car ce système se base sur la taille des véhicules, le seuil de pollution autorisé serait proportionnellement plus bas pour les petites voitures que pour les grosses cylindrées. Le Sénat français avait crié à l’injustice en mai dernier, persuadé que le seuil serait plus favorable aux constructeurs allemands, spécialistes des grosses cylindrées, qu’aux français.
(…)