En 1999, lors d’une manifestation, l’auteur entend une étudiante demander à son auditoire s’il sait où et dans quelles conditions ont été fabriqués les tee-shirts qu’il a l’habitude de porter. Professeur de commerce international et de finance, Pietra Rivoli la prend au mot et décide de suivre le parcours d’un de ces tee-shirts depuis la production du coton jusqu’à la confection et à la commercialisation.
Au cours de son périple, qui l’emmène au Texas, en Chine et en Afrique, elle découvre que la réalité des marchés mondiaux est assez différente de ce qui est enseigné dans les cours d’économie. Alors qu’en vertu de la loi des avantages comparatifs la production de coton devrait prospérer dans le tiers-monde, c’est le pays le plus riche de la planète, les États-Unis, qui en est le leader depuis deux cents ans. Ce même pays, qui s’autoproclame champion du libre marché, est aussi extrêmement protectionniste pour son industrie textile.
Plus largement, la plupart des entreprises mondiales de ce secteur cherchent non pas à concourir sur les marchés, mais à les éviter grâce à des barrières obtenues par lobbying dans des tractations politico-économiques. Et, finalement, les seuls marchés libres sur lesquels atterrisent les tee-shirts sont les marchés africains de vêtements usagés.
En suivant ces aventures tumultueuses, Pietra Rivoli retrace également l’histoire de la révolution industrielle en Grande-Bretagne et celle du développement économique du sud des États-Unis – grâce, malheureusement, à l’esclavage.
Ce livre passionnant, très documenté, éclaire les mécanismes réels du commerce international et arrive à point nommé pour nourrir les débats actuels sur l’ordre économique mondial.
« Une saga captivante et lumineuse. Rivoli suit son tee-shirt tout au long de ses voyages, mais c’est comme de dire que Melville suit sa baleine. […] Ce livre a toutes les caractéristiques d’un classique économique. » New York Times.
« Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée »
de Pietra Rivoli est publié aux Editions Fayard – 360 pages – Prix public : 20 €
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Suivez le parcours du T-shirt
Via le parcours de son tee-shirt acheté 5,99 dollars en Floride, Pietra Rivoli plonge le lecteur de la manière la plus concrète qui soit dans la mondialisation. En voici quelques extraits :
Lubbock, Texas, « ville la plus cotonneuse de la planète »« Contrairement aux vins de France ou aux oranges de Floride, le coton du Texas ne se vante pas de ses origines », remarque Pietra Rivoli. Pourtant, c’est dans ce « paysage quasiment lunaire » que réside l’industrie du coton numéro 1 dans le monde. C’est là, à Lubbock, « ville la plus cotonneuse de la planète », qu’habite Nelson Reinsch, 81 ans, dont les 400 hectares peuvent produire 250 tonnes de coton brut, soit suffisamment pour fabriquer 1,3 million de tee-shirts. Les Américains sont restés leaders du coton face aux pays à bas coûts grâce notamment aux « institutions et mécanismes gouvernementaux qui, aux Etats-Unis sont considérés comme allant de soi, mais qui sont inexistants dans bien des pays pauvres ».Du Texas à la Chine
Pour exporter leur coton, les planteurs du Texas passent par la Coopérative de Compression des Fermiers (FCC). C’est elle qui assure et organise le transport du coton notamment vers la Chine. La FCC traite plus de 10% du coton américain. En cinq ans, écrit Pietra Rivoli, « elle a reversé plus de 150 millions de dollars de dividendes à ses actionnaires ».Dans une filature de coton à Shanghai
A Shanghai, « la filature de coton Numéro 36, (…) c’est d’abord le bruit infernal, le fracas métallique assourdissant de vraies machines, au lieu du vrombissement électronique ou des bips que l’on entend dans les usines américaines (…) L’assaut sensoriel le plus violent (…) est la couleur à l’intérieur de l’usine. On pourrait l’appeler vert communiste. »Dans une usine collective de vêtements
Le coton filé se retrouve ensuite dans une des 40 000 usines chinoises de vêtements…
L’export du T-shirt vers les Etats-Unis
Une fois fabriqué, le t-shirt est exporté via notamment Tricots de Shanghai, qui sert d’intermédiaire entre les producteurs chinois et les importateurs américains. En 2000, selon Pietra Rivoli, « cette société a expédié environ 2 millions de tee-shirts vers les Etats-Unis, au prix moyen de 13 dollars la douzaine ».
L’impression du T-shirt à Miami
Miami, port exportateur du coton texan vers la Chine, port importateur des t-shirts chinois, est aussi la ville où est imprimé le tee-shirt de Pietra Rivoli. Parmi les entreprises, la Sherry Manufacturing Company se fournit essentiellement en Chine mais s’approvisionne également au Mexique, au Salvador, en République Dominicaine, au Costa Rica, au Bangladesh, au Honduras, au Pakistan, au Botswana, en Inde… Le tee-shirt venu de Chine, lui, aura coûté 1,42 dollar à Gary Sandler, dont 24 cents de tarifs douaniers.
Une fois vendu 5,99 € en commerce, la vie du T-Shirt continue…Le marché de l’occasion
Les Américains donnent à tour de bras des vêtements aux associations caritatives. De quoi offrir une nouvelle vie économique au tee-shirt de Pietra Rivoli, récolté par l’entreprise Trans-Americas Trading Company de Brooklyn, qui achète chaque jour plus de trente tonnes de vieux vêtements. A elle la difficile tâche de trier tout cela pour le marché de l’occasion.
Entre 1990 et 2003, les Etats-Unis ont exporté environ 3 milliards de tonnes de vêtements d’occasion et d’autres produits usagés. Le pays détient ainsi 40% du marché des exportations de vêtements d’occasion. Ce qui ne peut être revendu tel quel est transformé en chiffons d’essuyage, en étant d’abord vendu à des chiffonniers moyennant 10 cents le kilo.
En Tanzanie, le tee-shirt devient mitumba
Le tee-shirt de Pietra Rivoli, « multicolore » et « joyeux », est « bien adapté au marché africain », où deux tee-shirts peuvent se vendre un cent. Il a donc des chances de se retrouver sur le marché de Manzese, long de deux kilomètres, plus grand marché de Tanzanie de mitumbas, le nom donné aux vêtements d’occasion occidentaux. Pour Pietra Rivoli, ce n’est que dans « ce dernier chapitre de la vie d’un tee-shirt », celui du marché de l’occasion, « que les échanges mondiaux sont régis par les lois de l’économie plutôt que par les considérations politiques ».
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