La modestie de ce budget contraste avec le discours du président Jacques Chirac et celui du président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, qui, récemment, envisageait de « résoudre tous les problèmes d’environnement en France d’ici à une génération » . Aujourd’hui, des membres de la majorité rejoignent l’opposition dans la critique. Philippe Rouault (UMP, Ille-et-Vilaine), rapporteur spécial du budget de l’écologie, plaide pour que l’Etat « rebatte les cartes » . « Les dotations de certaines missions, hier encore importantes, ne trouvent plus leur pertinence » , affirme-t-il. Sont visés : les crédits de l’équipement et des transports, et ceux de l’industrie ou de l’agriculture.
SUPPRESSION DES EMPLOIS-JEUNES
Selon M. Rouault, les crédits de paiements du ministère sont passés de 636 millions d’euros en 2005, à 615 millions en 2006, soit une baisse de 3,31 %, à périmètre constant. Les sommes consacrées à la gestion des risques naturels et des crues, la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité, sont en baisse. Cependant une rallonge de 33 millions d’euros, prélevés sur le fonds de prévention des risques naturels majeurs, devrait être votée. Pour sa part, Nelly Olin, ministre de l’écologie, évoque un budget « en croissance opérationnelle » et chiffre la capacité financière de l’Etat dans son secteur à plus de 3 milliards d’euros. Elle inclut notamment dans ce périmètre les 2 milliards d’euros gérés par les agences de l’eau décentralisées, et 219 millions de moyens nouveaux attribués, sous la forme de taxes affectées, aux établissements publics placés sous sa tutelle. En parallèle au débat sur la capacité d’action du ministère, monte une forte inquiétude dans les associations de défense de l’environnement. Elles doivent à la fois faire face à la baisse des moyens du ministère qui les finance en partie et à la fin du dispositif emplois-jeunes. Selon France Nature Environnement (FNE), qui fédère quelque 3 000 associations en France, la « survie » de ce réseau fort de 1 000 salariés est en jeu. Les aides de l’Etat aux associations ont chuté de 33 % entre 2002 et 2005, et 50 % de ces emplois sont menacés, estime la FNE. « Nous sommes de plus en plus sollicités par l’Etat pour assurer des missions de service public, mais nous n’aurons bientôt plus les moyens de fonctionner », résume Bernard Rousseau, président du réseau Eau de FNE. Outre leur fonction d’alerte, les associations sont présentes sur de nombreux fronts : gestion d’espaces naturels, représentation de la société civile dans les instances de concertation de l’Etat ou des collectivités locales, etc. Et leur capacité d’expertise est très sollicitée. « Nous, bénévoles, avons besoin de salariés pour nous appuyer face à des groupes qui ont beaucoup de moyens pour défendre leurs intérêts, comme les industriels ou les agriculteurs sur la gestion de l’eau », rappelle M. Rousseau. Mais ajoute-t-il aussitôt, « qui fera le boulot si nous ne sommes plus là ? ». Or, affirme France Nature Environnement, une enveloppe supplémentaire de 10 millions d’euros est nécessaire pour assurer « le maintien de l’activité du réseau ». Source : Le Monde – Gaëlle Dupont Article paru dans l’édition du 09.11.05