Dans son dernier ouvrage, Lester Brown dresse l’état d’une planète en péril, mais surtout propose de construire un autre futur via un programme d’actions chiffrées censé rectifier la «trajectoire d’effondrement» prise par nos sociétés. Il redéfinit une économie durable à la fiscalité redéployée, repense le rôle de la cité. Un livre essentiel préfacé par Nicolas Hulot.
Comment présenter ce pionnier du développement durable ? Laure Noualhat dans Libération (édition du 7 novembre 2007) parvient à le faire : « Le Washington Post l’a classé parmi les 100 penseurs les plus influents de la planète ; le quotidien indien The Telegraph l’a qualifié de gourou du mouvement écologique mondial. Il est moins connu qu’Al Gore et – chez nous – Nicolas Hulot, mais il les influence tous. Fondateur du Worldwatch Institute en 1974, et d’un think tank écolo de haut vol, le Earth Policy Institute en 2001, Lester Brown écume toute la planète depuis plus de trente ans pour convaincre économistes, dirigeants de tous les pays, technocrates… qu’il faut changer. » Depuis toujours, il est convaincu que c’est à l’échelle planétaire que nous devons agir pour répondre aux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés, et que ces actions auront des répercussions géopolitiques et économiques majeures. Dans une démarche qui n’est pas sans rappeler, à l’échelle globale, ce que proposait Pour un pacte écologique dans le contexte de l’élection présidentielle française, Lester Brown dresse dans Le plan B la liste des actions à entreprendre au niveau global, sur tous les plans : restauration des écosystèmes, stabilisation du climat, sécurité alimentaire mondiale, recul de la pauvreté, stabilisation de la démographie, adaptation de l’urbanisme, réforme du fonctionnement économique… Il insiste sur la paupérisation qui guette en premier lieu le tiers monde du fait de l’érosion des sols, de la déforestation, du pillage des ressources et de la surpêche, et sur la responsabilité qui incombe au monde industrialisé, celle de mettre en œuvre son savoir-faire technique et industriel, mais aussi ses moyens financiers, pour changer le cours des choses. Pédagogue exceptionnel, Lester R.Brown truffe ses explications d’exemples concrets et parlants. Saviez-vous par exemple que : – Si les automobiles américaines affichaient la même consommation que leurs homologues européennes, les États-Unis pourraient se passer du pétrole arabe ?; – La forêt haïtienne, jadis luxuriante, ne couvre plus que 2 % du territoire, préfigurant ce qui pourrait arriver au reste du monde si nous ne mettons pas un frein à la déforestation ?; – Un malade ayant vue sur jardin a statistiquement une convalescence plus rapide qu’un malade avec vue sur cour ?; Loin des habituelles visions « catastrophistes » et culpabilisantes, il montre que la nécessaire mise en cause de certaines valeurs de nos sociétés modernes est non seulement possible, mais surtout extrêmement motivante et mobilisatrice. Pouvons-nous éviter la catastrophe ? lui demande-t-on souvent. Sa réponse, invariable, est : cela dépend de moi et de vous… De passage mercredi à Paris pour présenter son dernier ouvrage, Le plan B, Lester Brown, a été également reçu par la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet. Il a souhaité que « l’expérience du Grenelle de l’environnement puisse s’exporter aux Etats-Unis dans les mois à venir », selon un communiqué du ministère de l’Ecologie. Le plan b, pour un pacte écologique mondial de Lester R. Brown -Préfacé par Nicolas Hulot. Editions Calmann-Levy – 400 pages – Prix public : 20 € Pour aller plus loin : – Lester R. Brown a accordé un entretien à Télérama – Visionnez