Aujourd’hui plus que jamais, le développement durable est une nécessité et un enjeu majeur pour tous les acteurs du développement économique. En témoigne la concrétisation du Grenelle de l’environnement à travers tout d’abord la loi dite «Grenelle I», loi de programme qui vise à définir les grands objectifs de la France dans le domaine environnemental. Deux secteurs sont particulièrement mis à contribution : le bâtiment d’une part avec un objectif de réduction des consommations énergétiques de 38 % d’ici 2020 ; et les transports d’autre part, secteur qui devrait réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre à la même date. Cette démarche se poursuit actuellement avec l’adoption en cours de la loi «Grenelle II», loi proposant des mesures concrètes permettant d’atteindre les engagements cités précédemment.
Depuis maintenant sept ans, le CROCIS de la CCIP réalise une enquête auprès des entreprises de la région Ile-de-France afin d’évaluer leur connaissance du développement durable, les avancées de ce type de politique dans leur structure, ainsi que leurs besoins en la matière. Le baromètre du développement durable dans les PME-PMI de la région parisienne montre des dirigeants de plus en plus concernés par l’application du développement durable dans leur entreprise, et de plus en plus conscients de la nécessité d’agir, dans le domaine de l’environnement notamment. Le CROCIS constate comme en 2008, que les dirigeants d’entreprise, s’ils demeurent attentifs, sont finalement peu nombreux à s’engager résolument. Les entreprises devraient néanmoins aborder un tournant dans l’application du développement durable dans les années à venir, grâce notamment à l’impulsion donnée par les réformes législatives en cours. Une étude d’Aurélie TERLIER.La connaissance du développement durable dans les PME reste stable
Comme en 2008, la connaissance du développement durable dans les PME de la région parisienne reste stable en 2009 : 70 % des chefs d’entreprise répondent positivement à la question Savez-vous ce qu’est, concrètement, le développement durable ?, contre 68 % l’année précédente. Même constat sur la France entière où le pourcentage stagne à 67 %. L’effet de seuil déjà constaté en 2008 n’est ainsi pas remis en cause en 2009 : il semblerait que les réponses positives plafonnent autour de 70 % dans les PME. Le tissus de très petites entreprises présent en région parisienne parait ainsi particulièrement difficile à informer et donc à convaincre : les résultats varient fortement selon la taille (70 % de réponses positives dans les petites entreprises, contre 77 % dans les moyennes et 87 % dans les grandes). Il faut toutefois noter une réduction continue de l’écart entre les PME et les grandes entreprises (de 28 points d’écart en 2003 à 18 points en 2009), témoignant d’une connaissance croissante du développement durable quelle que soit la taille de l’entreprise. C’est dans les services et l’industrie que le taux de réponses positives est le plus élevé, et ce depuis 2003. Il faut néanmoins constater que le pourcentage enregistre des progressions très importantes dans tous les secteurs.Prise en compte du développement durable : les PME toujours attentistes
Selon le CROCIS, le premier élément notable, lorsqu’on les interroge sur la prise en compte du développement durable dans leur établissement, est l’«optimisme» des chefs d’entreprise par rapport à une réalité que l’on sait moins favorable. Ainsi, en 2009, 56 % des dirigeants de PME déclarent prendre en compte le développement durable, même de manière partielle, ce qui signifie qu’ils estiment avoir adopté une ou plusieurs mesures allant dans ce sens. Comme constaté les années précédentes, cela ne signifie pas que les PME ont majoritairement mené une réflexion approfondie sur ce sujet qui prenne en compte l’ensemble des piliers du développement durable. Par ailleurs, le pourcentage de réponses positives est à nouveau en baisse en 2009 dans les PME. Cet indicateur confirme les explications avancées lors du dernier baromètre : mieux informés sur le développement durable et sur la complexité de son application au sein de leur établissement, les dirigeants sont également plus prudents et donc plus réalistes quant à son application réelle. Les dirigeants de PME sont encore dans une phase de prise de conscience, la question étant de savoir si elle va se poursuivre sur une longue période ou si l’application du développement durable va progresser rapidement. Les mesures prises dans le cadre du grenelle de l’environnement pourraient constituer un déclencheur et permettre d’impulser le passage de cette phase de prise de conscience à une phase d’application dans les entreprises. Reste que la violente crise économique à laquelle doivent faire face toutes les entreprises n’est certainement pas sans effet sur leur implication dans une stratégie de long terme telle que le développement durable. Les PME sont face à des difficultés concrètes à très court terme liées au ralentissement économique (baisse de l’activité, problèmes de trésorerie, restriction des embauches,…) qui peuvent expliquer un désengagement passager. Alors qu’il est globalement en baisse, le pourcentage progresse dans l’industrie entre 2008 et 2009 (+ 7 points), résultant probablement des mesures incitatives de plus en plus nombreuses dans ce secteur : les PMI sont confrontées à une règlementation environnementale qui s’étoffe (traitement des déchets, réduction des nuisances et des pollutions, …) et les confronte davantage aux implications concrètes du développement durable dans le domaine de l’environnement. – Téléchargez au format PDF le Baromètre 2009 : Le développement durable dans les entreprises de la région parisienneLe respect de l’environnement plafonne en tête
Quatre types d’applications sont proposés aux établissements interrogés : le respect de l’environnement (rationalisation de la consommation d’énergie ou recyclage des déchets) ; l’importance d’exigences sociales (amélioration des conditions de travail, formation continue, mixité sociale, …) ; un développement des coopérations avec les acteurs du territoire d’implantation ; des exigences accrues en termes d’application du développement durable envers les clients et fournisseurs. Comme c’est le cas depuis le lancement du baromètre, la protection de l’environnement est le premier item cité par les dirigeants d’entreprise, quelle que soit leur taille. Concernant les exigences sociales et l’implication territoriale, l’écart est de plus en plus marqué entre les grandes entreprises, relativement avancées, et les PME qui apparaissent en retrait. Pour ce qui est des ressources humaines, les niveaux de réponse sont relativement élevés (60 % de réponses positives dans les PME et 73 % dans les grandes). Le décalage entre les deux taux est probablement le fruit de structures dédiées dans les plus grosses entreprises, avec des moyens en termes de réflexion et de mise en oeuvre plus performants. A l’opposé, seuls 24 % des dirigeants de PME citent la coopération avec les acteurs du territoire, alors qu’ils sont 50 % dans les grandes entreprises. L’écart est important et s’explique probablement par un manque de compréhension de ce type de mesures de la part des PME. Pour les chefs d’entreprise, l’implication territoriale reste souvent trop floue et donc difficilement applicable dans leur organisation. L’implication locale des PME a pourtant son importance : ce type de mesures a pour objectif d’ancrer l’entreprise sur son territoire, permettant ainsi de penser son développement en concertation avec les collectivités locales, les habitants, et les associations. – Téléchargez au format PDF le Baromètre 2009 : Le développement durable dans les entreprises de la région parisienneLa taxe carbone
La taxe carbone devrait être applicable en France dès le 1er janvier 2010, se basant sur un prix de 17 euros par tonne de CO². Elle s’appliquera à toutes les énergies dites » fossiles » (gaz, pétrole, charbon, GPL) en fonction de leur teneur en CO². Les entreprises, comme les ménages et les collectivités locales, seront ainsi soumises à la taxe carbone, avec des effets plus ou moins importants selon le secteur d’activité. Seuls les grands groupes seront exonérés de cette taxe, étant déjà soumis au cadre contraignant du système européen des quotas d’émission. Cette taxe a pour objectif de modifier à moyen terme le comportement des ménages et des entreprises vers des pratiques de consommation et d’achat plus sobres en énergie et en carbone. Interrogés sur la mise en place de la taxe carbone, 40 % des dirigeants de PME de la région parisienne se disaient favorables au projet en septembre 2009. Le taux de réponses favorables varie en fonction du secteur, les entreprises étant plus ou moins exposées à la taxe selon leur activité. Selon l’enquête, c’est dans la construction que les dirigeants sont les plus dubitatifs (seulement 20 % de chefs d’entreprise favorables), suivis des transports et des industries de biens de consommation. Il est également intéressant de constater que seules 3 % des PME, tous secteurs confondus, disent ne pas connaître le projet de taxe carbone, ce qui témoigne de leur intérêt pour cette mesure qui impacte directement leur activité. Afin de limiter les effets financiers de l’instauration de cette taxe, les PME peuvent réduire le contenu en CO² de leur activité, et donc leur contribution à la taxe carbone. Interrogées à ce sujet, les PME de la région parisienne se prononcent majoritairement pour la mise en place d’une politique simple d’économies d’énergies (66 %) ou pour la sensibilisation et la mobilisation de leurs salariés (57 %), deux mesures qui constituent un faible engagement de leur part, notamment financier, avec néanmoins des résultats souvent rapides et convaincants. Les dirigeants interrogés sont globalement en phase avec le prix fixé de 17 euros par tonne de CO² : 51 % d’entre eux se prononcent pour un prix de départ inférieur ou égal à 17 euros. Reste que les entreprises doivent se préparer à une augmentation rapide du prix, celui-ci devant être croissant dans le temps pour atteindre l’objectif de division par quatre des émissions d’ici à 2050. – Téléchargez au format PDF le Baromètre 2009 : Le développement durable dans les entreprises de la région parisienneLe manque d’information premier obstacle pour les dirigeants de PME
Le manque d’information est à nouveau le principal obstacle évoqué par les chefs d’entreprise qui n’appliquent pas le développement durable dans leur entreprise. Près de la moitié des dirigeants de PME avance ainsi cet argument, devant le manque d’incitation et le manque d’accompagnement, respectivement cités par 37 % d’entre eux. Il est assez étonnant de constater que le pourcentage s’élève avec la taille de l’entreprise (47 % dans les petites, 53 % dans les moyennes et 64 % dans les grandes), probablement du fait d’une plus forte exposition des plus grandes entreprises aux incitations règlementaires liées au développement durable dans l’entreprise (principalement dans le domaine de l’environnement). Ce constat est d’ailleurs également applicable aux deux autres obstacles cités par les chefs d’entreprise, le manque d’accompagnement et le manque d’incitation. Depuis 2003, première année de parution du baromètre, les trois principaux freins (manque d’information, manque d’incitation et manque d’accompagnement) sont de moins en moins cités. Ils restent néanmoins la préoccupation première des PME et donc les axes de progrès majeurs sur lesquels s’appuyer pour impulser une réelle évolution dans le domaine du développement durable. Autre point rassurant, le pourcentage de dirigeants se déclarant non convaincus par le concept est en forte baisse, même s’il reste 20 % d’irréductibles au sein des PME de la région parisienne. – Téléchargez au format PDF le Baromètre 2009 : Le développement durable dans les entreprises de la région parisienneLe Baromètre du développement durable : précisions sur l’enquête
Le baromètre du développement durable est réalisé depuis 2003. Les résultats de ce baromètre sont issus de l’enquête d’opinion de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris sur la conjoncture qui est réalisée par téléphone 1 fois par an, à l’automne. Cette enquête, menée par l’Institut Médiamétrie, a été réalisée auprès d’un échantillon de: – 3 900 dirigeants d’établissement de moins de 500 salariés dans les départements de Paris-petite couronne (Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) ; – 1 456 dirigeants d’établissement de moins de 500 salariés dans les autres départements ; – 200 dirigeants d’établissement de 500 salariés et plus. CROCIS de la CCIP, 27 avenue de Friedland – 75382 PARIS cedex 08 – Tél. : 01 55 65 82 00 – Fax : 01 55 65 82 62 – E-mail : crocis@ccip.fr – Retrouvez toutes les publications du CROCIS sur www.crocis.ccip.fr