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La guerre au sac à commissions bio est ouverte

par élisabeth eckert dunning

Débat – La Suisse se demande si le sac biodégradable est vraiment écologique ! • Depuis un mois, Carrefour Suisse ne distribue plus que des cabas, fait de maïs, biodégradables. • Or, selon l’Office fédéral de l’environnement, la fabrication des sacs «bio» nécessite trop d’énergie pour être écolos. • Migros et Coop s’en tiennent pour l’heure aux sacs à commission en papier ou en plastique.

Carrefour Suisse – qui a repris les supermarchés Jumbo – vient de s’offrir un gros coup de pub. Exit, depuis juin dernier, les cabas en plastique jugés trop polluants. Voici venu le temps du sac à commissions «biodégradables», fabriqué à partir d’amidon de maïs. Sorti dernier d’un récent classement des grandes surfaces les plus vertes, le géant français se devait de réagir, comme il l’a déjà fait en France, en Italie et en Scandinavie. Carrefour Suisse propose donc aujourd’hui des sacs bretelles gratuits à base de maïs, mais que le client doit demander à la caisse. Et pour cause: leur coût de fabrication s’élève à quelque 10 centimes l’unité, contre 3 centimes pour un cornet en plastique traditionnel. Polémique estivale A côté de cela, le consommateur a également le choix entre un cabas de taille moyenne à 50 centimes pièce (contre 30 centimes le sac à commissions en papier de Migros) ou un cabas grande taille, à 2 francs 50. Comme en témoigne un des responsables de Carrefour-Meyrin, «depuis que nous avons introduit cette nouvelle offre, nous avons réduit la distribution des sacs bretelle de 90%, nos clients se reportant sur les cabas payants et biodégradables que nous remplaçons lorsqu’ils sont usagés.» Or, ce qui devait à la fois être une excellente opération d’image et un geste valeureux envers la nature – les Suisses consomment annuellement 40 kilos de plastique par habitant – est en train de tourner à la polémique estivale. L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) vient ainsi de monter au créneau, pour pointer ce «pseudo-sac bio» du doigt. «Pour fabriquer ces nouveaux sacs en amidon de maïs, accuse ainsi Rolf Keller, collaborateur scientifique à l’OFEV, une quantité non négligeable d’énergie est nécessaire. Le risque est alors de ne pas avoir de réel profit écologique.» Condamnation en France En France déjà, la contestation est grande. Et pourtant: les consommateurs de l’Hexagone utilisent plus de 15 milliards de sacs plastiques par an (soit 1000 sacs par seconde!), distribués gratuitement et parfois reconvertis en cornet poubelle, mais dont un sur dix finit dans les mers françaises. L’intérêt d’une démarche écologique s’impose donc urgemment. Las, le cabas en maïs n’est pas vraiment apprécié. Comme l’affirme l’Agence nationale de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), «le produit à base d’amidon de maïs ne présente pas un bénéfice environnemental global par rapport au sac jetable en polyéthylène.» Hormis ses avantages en cas d’abandon dans la nature (notamment sur la faune marine), «pour les autres indications d’impacts, il est soit équivalent au sac jetable (consommation d’énergie non renouvelable, pesticides, consommation d’eau, production de déchets), soit plus impactant (effet de serre, acidification, eutrophisation).» Voilà donc notre cabas bio déjà rétrogradé au rang de vilain, même si sa décomposition n’excède pas 40 jours, alors qu’un sac en plastique nécessite… 400 ans. La Fédération romande des consommateurs (FRC), elle-même, ne regarde plus le cabas bio avec les yeux de l’amour. Elle craint en effet un second effet pervers: celui de la confusion entre un sac biodégradable et un cornet plastique traditionnel, dont les apparences sont relativement similaires: «En confondant les sacs, affirme ainsi Aline Clerc de la FRC, les clients risquent de mettre des cabas en plastique dans les composts et cela n’est pas très écologique». Il se trouve également que certains consommateurs, certes bienveillants, mais étourdis, jettent leur cabas dans des composts à l’air libre. Or, avec le vent, ces derniers peuvent s’envoler. S’ils sont en amidon, l’impact environnemental n’est pas trop grave. Mais s’ils les ont confondus avec des cornets plastiques usuels, les dégâts sont d’importance. Pierre Gerber, responsable des déchets à l’Office fédéral de l’environnement, va même plus loin, défendant carrément le plastique: «Ce dernier, à base de pétrole, restitue une grande partie de son énergie lorsqu’il est incinéré correctement, ce qui est le cas partout en Suisse. En fin de compte, il est donc moins dommageable pour l’environnement». Migros et Coop : non au maïs Chez Coop, jugé pourtant le distributeur le plus écolo de Suisse, on ne veut entendre parler de cette innovation biodégradable: «Nous sommes restés fidèles au cabas en papier et aux sacs plastiques», affirme ainsi Karl Weisskopf, porte-parole de Coop. La confusion des genres qui pourrait se produire dans les composts a conduit la chaîne alimentaire alémanique à renoncer à l’introduire. Même son de cloche à la Migros: «Nous allons également conserver notre stratégie actuelle, affimre Martina Bosshard, porte-parole du géant orange. Nos sacs en papier peuvent être utilisés jusqu’à 10 fois et ils sont, pour la plupart, munis du label FSC, qui est synonyme d’une gestion forestière durable». Martina Bosshard reconnaît toutefois que la Migros a songé à cette alternative: «En collaboration avec des responsables des stations de compostages, nous avons étudié cette possibilité. Cependant, nous ne pouvons pas exclure un risque de déséquilibre écologique dans les composts», d’où le renoncement final du groupe. De son côté, Michel Donath, porte-parole de Carrefour réfute toutes ces critiques: «Nos cabas, affirme-t-il, sont biodégradables; je ne vois pas, dès lors, où est le problème. De plus, si la fabrication de ces sacs à commissions nécessitait autant d’énergie, nous ne les aurions pas mis sur le marché.» Enfin, le risque de confusion est, selon lui, très minime: une mention «Biodégradable» est clairement affichée et la texture du cabas – qui sent le biscuit – est très particulière au toucher.

 

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