La revue XXI passe le cap difficile de sa première année d’existence et relève ainsi un pari plutôt osé. Sans publicité et diffusée seulement en librairie, elle est devenu le rendez-vous trimestriel d’un lectorat avide d’informations décryptées en profondeur. Dans ce nouveau numéro, XXI poursuit sa mission, celle de proposer un regard neuf sur le monde avec toujours au sommaire des documentaires, des reportages à travers le monde et un grand dossier consacré à la France du milieu.
Depuis un an, XXI propose un regard neuf sur le monde
Editorial de Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry Avec ce numéro de janvier, XXI fête sa première année. C’est un cap important : moins d’un tiers des revues et des magazines existent encore un an après leur lancement. Le pari était osé : offrir le meilleur du journalisme, prendre le temps de ciseler des enquêtes, vivre du seul soutien des lecteurs, sans publicité. A l’heure du bilan, plus de 140.000 exemplaires de XXI ont déjà été vendus. La livraison d’automne, Destins d’Afrique a été réimprimée, comme l’avait été notre premier numéro Russie : le dollar ou le marteau. Le coffret de fin d’année, rassemblant les quatre volumes, est un succès. Au final, la diffusion moyenne s’établit à 35.000 exemplaires dont 2.000 abonnements. Le pari est réussi. Cette aventure tranche avec les diktats du moment. Elle est riche d’enseignements. Un premier constat : même s’il n’est pas ce consommateur décrit par les régies publicitaires avec sa « segmentation socioprofessionnelle », ses « attentes », ses « désirs » et sa « consommation d’infos », le lecteur existe. Nous discutons avec vous, nous vous écoutons, nous lisons vos courriers et courriels… Aucune règle ne se dégage : hommes et femmes, étudiants comme retraités, sans études et surdiplômés, membres d’un vélo-club de l’Ain comme les professeurs de l’Université de Washington, expatriés, francophones… Vous êtes passionnés, critiques, picoreurs, curieux, monomaniaques, généreux, sensibles. A chacun son caractère, son histoire, sa raison de nous lire. XXI est une drôle d’aventure pour des lecteurs singuliers. Et cela nous va bien comme ça. Deuxième enseignement, un journal est une histoire qui s’écrit ensemble. L’amitié, la confiance et la fidélité ne se décrètent pas, elles se construisent. Dans la vie comme sur papier, pour trouver du plaisir à se voir, il faut avoir quelque chose à se dire. La légitimité d’un titre se conquiert à chaque parution. C’est notre rendez-vous avec vous. Nous avons encore beaucoup à explorer, à inventer. Mais déjà un pacte de liberté nous lie : la vente d’un numéro de XXI est réinvestie dans la création du numéro suivant. C’est le prix de notre échange, le gage de notre indépendance. Nous n’avons de comptes à rendre qu’à vous. Troisième sentiment : mieux vaut porter au paroxysme ce que l’on sait faire plutôt que courir derrière des chimères. Beaucoup de rédactions misent leur avenir sur le multimédia. Comme s’il suffisait d’équiper les reporters d’une caméra-téléphone-micro dernière génération et d’un clavier high-tech, pour que ces nouveaux Shiva à cent bras alimentant à jets continu des « consommateurs d’info » rivés à leurs écrans. Illusion : les meilleurs outils du monde ne remplaceront jamais un regard, ni le temps pris à rencontrer les protagonistes d’une histoire, ni la patience de vérifier. Il faut des années pour apprivoiser les émotions humaines. Encore plus pour les restituer avec vérité. Ce talent est un travail. Il est rare et précieux. Le reportage à la pointe sensible de Sylvie Caster sur les patients du Docteur Maure serait-il plus fort avec trois vidéos et une cinquantaine de liens Internet ? Dans quel « module multimédia » rentreraient les images de Balazs Gardi sur la vallée la plus dangereuse du monde ? L’impressionnante enquête de Jean-Pierre Perrin sur Arkadi Gaydamak, le seigneur de la guerre au cœur du pouvoir français avait-elle besoin de son et d’images? Nous ne le pensons pas. Il est des récits qui se lisent mieux en silence, le cœur tranquille, dans leur écrin de papier. Cela tombe bien : ils sont dans XXI. – Consulter le blog de la revue XXI