Pour la FNAB, L’agriculture biologique est la solution mal-aimée du plan Ecophyto
Lors du comité d’orientation stratégique et de suivi du plan national de réduction des produits phytosanitaires du 7 Janvier 2020, une hausse de 21% des tonnages de phytosanitaires vendus en 2018 a été annoncée. Cette dynamique porte la quantité totale de produits vendus à presque 90 000 tonnes, un chiffre jamais atteint ces 10 dernières années. Alors que le gouvernement renonçait fin 2019 à mettre en place des Zones de Non Traitement (ZNT) ambitieuses et annonçait de nouveaux financements pour du matériel « économe » plutôt que pour un changement de système agricole, la FNAB ne voit aucun signal qui indiquerait que les conclusions des échecs répétés d’Ecophyto ont été tirées. Développer l’agriculture biologique, seule solution pour réduire la dangerosité des phytosanitaires« La priorité absolue aujourd’hui, c’est de défendre une agriculture qui ne nous empoisonne pas. Cette agriculture elle existe, c’est l’agriculture biologique, elle se passe totalement des produits issus de la chimie de synthèse qui sont ceux présentant le plus de risques pour la santé humaine » estime Guillaume Riou, président de la FNAB.La pratique de l’agriculture biologique est encadrée par un règlement européen qui contient en annexe 2 la liste des substances naturelles autorisées pour traiter la production. Ces substances sont soumises à des évaluations régulières par un groupe d’experts européens[[EGTOP]] qui vérifie notamment la conformité avec les principes de l’agriculture biologique, parmi lesquels figurent la protection de l’environnement et la santé des populations. L’échec d’Ecophyto va encore venir aggraver la pollution environnementale et le coût assumé par la collectivité « On dépense des milliards d’euros d’argent public pour subventionner un système agricole qui génère des externalités qui elles aussi coûtent des milliards d’euros en dépenses de santé, en perte de biodiversité, en dépollution de l’eau potable. On continue de marcher sur la tête et il semble qu’aucun chiffre, aussi alarmiste soit-il, ne fasse réagir les autorités » se désole Sylvie Corpart, secrétaire nationale environnement à la FNAB. Le plan ambition Bio 2022 n’est pas doté de moyens pour atteindre les objectifs fixés. « Pour atteindre 15% de bio en 2022 il faudrait convertir deux fois plus de surfaces par an que ce que nous sommes capables de faire aujourd’hui. Pourtant le soutien à l’accompagnement à la conversion ne se développe pas, la volonté politique n’est toujours pas au rendez-vous » poursuit Guillaume Riou. Les moyens d’Ecophyto doivent aujourd’hui être mis pour continuer à faire progresser les pratiques agronomiques en agriculture biologique et lever les freins techniques pour amener le plus grand nombre à sauter le pas de la conversion biologique et à se libérer des intrants.
Pour FNE, l’usage des pesticides qui a augmenté de 25% en France est insensé
Après un an d’attente, les chiffres 2017-2018 sur l’évolution de la consommation des pesticides de l’agriculture française viennent enfin d’être rendus publics. Ils indiquent une augmentation inédite de 20% par rapport à 2009[[Nodu zones agricoles : + 25% en moyenne triennale glissante 2009-2011 / 2016-2018]]. L’objectif initial du plan Ecophyto était pourtant de réduire de 50% l’usage des pesticides pour 2018… Pour France Nature Environnement, ces chiffres sonnent le glas du plan Ecophyto tel qu’il existe. « Au lendemain de la décision décevante en matière de protection des riverains face aux pesticides, le gouvernement ne semble pas assumer l’échec du plan de réduction de l’usage des pesticides et continue sur la mauvaise pente », réagit Claudine Joly, en charge des questions pesticides à France Nature Environnement. Pour preuve, l’infographie officielle du Ministère de l’Agriculture publiée le 2 janvier est trompeuse car l’indicateur d’utilisation des pesticides, appelé NODU (nombre de doses utiles), est masqué. « Ces faits et cette hausse alarmante de la consommation de pesticides questionnent sur le poids des lobbys dans notre pays. Plus de 600 millions d’euros d’argent public ont été investis sur 10 ans pour réduire la consommation de pesticides en France dans le cadre d’Ecophyto ! Il est plus que temps de tirer le bilan des blocages structurels dans le monde agricole et d’aller vers des solutions de soutien plus affirmées à la transition agroécologique et à l’agriculture biologique ». – www.agriculture.gouv.fr Les orientations prises pas certaines agences de l’eau suite à des ponctions du Ministère de l’économie et des finances, diminuant les aides allouées à l’agriculture biologique, ne vont malheureusement pas dans le sens de la transition. Les résultats des fermes expérimentales du plan Ecophyto et les travaux récents de l’INRA sur des pratiques agricoles alternatives aux herbicides ont pourtant prouvé qu’il est possible de changer, techniquement et économiquement. Cela constitue des attentes fortes de la société, et pourrait être le socle d’un nouveau contrat entre agriculteurs et consommateurs. Le plan Ecophyto doit être revu très rapidement et fortement. France Nature Environnement est la fédération française des associations de protection de la nature et de l´environnement. C´est la porte-parole d´un mouvement de 3500 associations, regroupées au sein de 71 organisations adhérentes, présentes sur tout le territoire français, en métropole et outre-mer. France Nature Environnement, partout où la nature a besoin de nous. – www.fne.asso.fr