Bettina Laville et Philippe Dessertine publient un édito sur la nécessité de changer urgemment de modèle que CDURABLE.info partage :Quand le Comité 21 a présenté, le 17 février dernier dans un webinaire, son document sur la sobriété, il concluait : « Intégrer la transition durable et la sobriété dans notre civilisation devient une urgence fondamentale. Elle s’impose à l’ensemble des acteurs de la société, de différentes manières : les citoyens comme moteurs d’impulsion du changement, les entreprises comme acteurs économiques qui proposent des solutions efficaces aux citoyens, et les territoires comme grands garants de la transition qui accompagnent ces acteurs et les soutiennent ». Cela s’est déroulé une semaine avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et aujourd’hui, l’impératif de sobriété a envahi le champ politique, à cause de la pénurie énergétique qui s’annonce. Aussi est-elle vécue comme une contrainte géopolitique pénalisante, alors qu’elle est d’abord le cœur de la réponse au réchauffement climatique. Or la sobriété ne sera acceptable que si elle porte du sens, qu’elle devient un mode de vie partagée, au lieu d’être une contrainte insupportable. Bien sûr, pour ce faire, il faut qu’elle épargne les plus faibles, que l’expression « sobriété désirable » agace à juste titre car elle les renvoie à une pauvreté subie. Mais il y a deux manières de considérer la sobriété : crise passagère due à la Guerre en Ukraine, ou première brique d’un monde en ordre de bataille contre le réchauffement climatique ; nous avions choisi, dans le document cité plus haut, cette dernière option. En effet, ou bien la crise énergétique relance le recours aux énergies fossiles, au-delà d’ajustements ponctuels (et l’on peut dire adieu évidemment au maintien à 1,5 degrés de réchauffement dans ce siècle, déjà illusoire en 2015, et même aux 2 degrés), ou bien on inscrit cette contrainte dans une dynamique globale où l’on fait le choix des économies d’énergie et du recours aux énergies renouvelables et au nucléaire. Le changement de modèle, sur lequel le Comité 21 travaille d’arrache pied, peut être une dynamique mobilisatrice, et pas « le pire », comme on peut l’entendre. Le pire, c’est de continuer comme avant. La planète affolée nous l’a assez dit cet été et risque de le redire en automne, avec une canicule qui s’annonce aux Etats Unis, des crues dans toute l’Europe, et des inondations dans le Sud Est asiatique. Dans ces conditions, les négociations climatiques de la COP 27 s’annoncent difficiles, car l’OUA (Organisation de l’unité africaine) a déjà rappelé que, sans les crédits annoncés depuis si longtemps, les pays du continent compteraient sur le développement de leurs ressources gazières et pétrolières… Au-delà de l’excellente nouvelle de la Loi Climat/santé de Biden, qui a comme objectif de réduire de 50% les émissions américaines pour 2030, il faudra que les Etats concilient les mesures de court terme (approvisionnement énergétique le plus « propre » possible), et de long terme (maitrise du réchauffement), qui, on le sait se joue dans les 10 prochaines années cruciales… A force d’attendre, le long terme se joue dans le court terme. Ce long terme se décline bien sûr en changement de modèle économique, mais aussi en refonte des solidarités internationales, fondées sur le respect des ODD. Pour cela l’année 2023, avec à la fois le Bilan mondial des émissions et le Sommet du Futur, sera cruciale, car les bouleversements internationaux sont géophysiques et géopolitiques, et c’est sur ces deux réalités qu’il faut rebâtir une gouvernance internationale efficace. Philippe Dessertine, Président du Comité 21 Bettina Laville, Présidente d’honneur du Comite 21
Comité 21
Le Comité 21 est le plus grand réseau français des acteurs du développement durable. Il regroupe toutes les organisations ainsi que les citoyens qui veulent avoir un impact positif sur la société. Depuis 1995, le Comité 21 fédère les acteurs du développement durable en France. Il regroupe à la fois des collectivités locales, des entreprises, des associations, des établissements d’enseignements supérieurs et des citoyens. Son action se décline au niveau national et en région, en particulier dans le « Grand Ouest » où le Comité 21 dispose d’un établissement depuis 2010. Son action contribue à transformer la société vers un modèle durable en s’appuyant sur l’Agenda 2030 et les 17 Objectifs mondiaux du Développement Durable (ODD).- Anticiper, accompagner, transformer… la mission du Comité 21 n’a jamais eu autant de sens qu’aujourd’hui. Depuis 25 ans, nous proposons une large palettes de services pour:
- Anticiper les mutations qu’elles soient environnementales, technologiques, démographiques ou réglementaires (veille, décryptage, analyses des tendances)
- Accompagner les acteurs pour les aider à adopter des démarches « proactives » face aux mutations (parcours d’accompagnement, formations, boite à outils)
- Transformer la société, à travers une série de propositions qui conjuguent le réalisme et la recherche du progrès économique, social et environnemental (think tank, réseau d’experts)
- Une veille permanente sur les actualités du développement durable (réglementation, bonnes pratiques, publications, décryptages …).
- Des accompagnements opérationnels, ainsi que des formations pour accélérer et augmenter l’impact des stratégies mises en œuvre sur le territoire :
- Le Parcours « Nouveaux enjeux de la RSE », destiné aux chefs d’entreprises, aux dirigeants associatifs et à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’impact de leurs activités.
- L’accompagnement bilan carbone pour réaliser son bilan carbone et son plan d’action climat
- Le Parcours « Agenda 2030 local », dont l’objectif est de décliner concrètement les ODD à l’échelle locale.
- Le Parcours « Adaptation aux changements climatiques » avec des méthodologies, des outils et des bonnes pratiques existantes pour intégrer l’ACC dans ses stratégies.
- Les Ateliers de la Citoyenneté Écologique, dont l’objectif est d’examiner les nouvelles formes d’expression citoyenne.
- Des travaux à dimension prospective, pour accélérer la transformation des organisations et des territoires. Le Comité 21 approfondira la question des “nouveaux modèles”, dans la continuité de nos travaux sur la sobriété, pour permettre aux organisations – publiques et privées – de se réinventer face à l’accélération des mutations (changements climatiques, épidémies, déclin de la biodiversité́ et des milieux, inégalités sociales fortes …). Il soumettra également aux candidats à l’élection présidentielle les mesures qu’il juge essentielles pour le prochain quinquennat.
- Une Université de la citoyenneté écologique, qui vise à renforcer l’implication des citoyens, en leur donnant des clés de compréhension et d’actions sur l’écologie. Le rôle des collectivités, des entreprises, des associations et des établissements d’enseignements et de recherche y sera particulièrement interrogés.
- Un Colloque international Rio+30+30 pour illuster le chemin parcouru depuis ces 30 dernières années, et le chemin à parcourir dans les 30 prochaines.