Le Grenelle de l’environnement devra aboutir à « des décisions ambitieuses qui ne se résument pas au plus petit dénominateur commun ». C’est ce que promettait Nicolas Sarkozy, le 21 mai, en recevant, pour la première fois à l’Elysée, les associations de défense de l’environnement. Lancé en juillet, ce processus inédit de concertation entre l’Etat, les ONG environnementales, le patronat, les syndicats et les collectivités locales a permis de faire émerger des dizaines de propositions, aujourd’hui sur la table des négociations. Les réunions entamées aujourd’hui seront conclues demain par le chef de l’Etat et doivent permettre au gouvernement et au président de trancher.
Cette réunion vient clore quatre mois de débats sans précédent – 350.000 contributions recueillies via internet et une vingtaine de réunions en région – sur un large spectre de questions liant contraintes économiques et protection de la planète et du climat. Transports, bâtiment, agriculture, part du bio et sort des OGM, modes de production et politiques de l’environnement, tout ou presque a été passé en revue. Les débats seront ouverts ce matin par le premier Ministre François Fillon et clos et arbitrés jeudi en fin de journée par le chef de l’Etat qui reçoit pour l’occasion à l’Elysée de nombreux invités dont Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, l’Américain Al Gore et la Kényane Wangari Maathaï, respectivement prix Nobel de la Paix en 2007 et 2004. Au programme aujourd’hui mercredi, deux tables rondes: «Lutter contre les changements climatiques: énergie, habitat, transports, urbanisme, fiscalité et recherche» le matin, «Préserver la santé et l’environnement en stimulant l’économie: pollutions, risques, déchets, économie et fonctionnalité» l’après-midi. Jeudi, deux tables rondes encore, dans la matinée: «Préserver et gérer la biodiversité et les ressources naturelles, eau, pratiques agricoles, forêts, OGM», puis «Instaurer une démocratie écologique». Selon Libération (édition du 24 octobre), à ce jour, les acteurs disposaient d’un document d’une trentaine de pages énumérant par thèmes les propositions issues des groupes de travail, celles qui font consensus et celles qui restent polémiques, indiquées entre crochets, et qu’il faudra bien trancher lors de ces negociations finales. De son côté, le gouvernement leur a remis ce mercredi une version actualisée de ce document et une première déclinaison possible des grandes orientations retenues, qui serviront de base aux négociations. Les travaux de chaque table-ronde donneront lieu à un «relevé de conclusions», mentionnant les points d’accord et les éventuels points de divergences, qui sera transmis au président de la République. Le Monde (édition du 24 octobre) souligne cependant qu’ « au moment d’arbitrer, Nicolas Sarkozy et son ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo, auront en tête plusieurs paramètres dont n’ont pas forcément tenu compte ceux qui souhaitent voir la France prendre le leadership dans la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation des ressources naturelles. En premier lieu, la situation des finances publiques et la faiblesse de la croissance. » Le Figaro (édition du 24 octobre) conclue : « Qu’elle soit considérée ou non comme un succès, la démarche suscite l’intérêt à l’étranger. « Dans les milieux politiques, on s’intéresse de très près à ce qui se passe en France », confirme Gerd Leipold, directeur exécutif de Greenpeace international, qui a été reçu lundi par Nathalie Kosciusko-Morizet. Nicolas Sarkozy avait fait le pari du « Grenelle de l’environnement » durant sa campagne. Il en assure la clôture et les premières annonces. Pour le chef de l’État, ce devrait être aussi l’occasion d’en tirer quelques grands principes politiques tournés vers le futur dans une conjoncture un peu morose. » Au-delà des grandes orientations décidées aujourd’hui et demain, le véritable bilan du Grenelle de l’environnement ne sera tiré qu’à la fin de l’année, lorsque les programmes d’action précis et chiffrés seront connus, et qu’une loi d’orientation sera présentée au Parlement, début 2008.