Le Réseau Environnement Santé (RES) salue l’initiative du gouvernement danois d’interdire 4 phtalates de son marché national. La Ministre danoise de l’environnement, Ida Auken, a communiqué jeudi l’intention de son gouvernement d’interdire 4 phtalates (DEHP, DIBP, DBP et DBP) dès cet automne dans les produits de consommation susceptibles d’entrer en contact avec la peau ou les muqueuses (Les dispositifs médicaux et les médicaments ne sont pas couverts par cette interdiction).
Alors que le Danemark vient de quitter la Présidence de l’UE, sous laquelle ont été initiés les travaux réglementaires sur les perturbateurs endocriniens, cette déclaration est un geste de défi envers l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et la Commission européenne. « Nous ne pouvons pas attendre » a affirmé la Ministre, convaincue que la protection de la santé publique impose l’application immédiate du principe de précaution. Le RES se félicite de cette décision et de sa portée politique. « Les parlementaires français ont eux aussi, à trois reprises, pris la mesure des enjeux sanitaires des perturbateurs endocriniens et bravé la lenteur exaspérante des processus européens » rappelle Yannick Vicaire, chargé de mission au RES, « le gouvernement français doit apporter un soutien inconditionnel à l’initiative danoise et le meilleur moyen de le faire, c’est d’enfin sanctionner le projet de loi sur les phtalates voté le 3 mai 2011 par l’Assemblée Nationale » [[La loi du 3 mai 2011 sur les phtalates, les parabènes et les alkylphénols, initiée par le groupe Nouveau Centre, a été votée par une courte majorité gauche-droite contre l’avis du gouvernement Fillon qui en avait aussi bloqué les amendements pertinents par l’utilisation de l’article 44-3.]]. Les 4 phtalates de la future loi danoise font déjà l’objet de restrictions européennes dans les articles pour enfants de moins de 3 ans depuis plusieurs années mais le feuilleton de l’interdiction des phtalates dure depuis plus de 2 décennies. Les travaux scientifiques récents ont élargi le spectre des impacts potentiels des phtalates des seules atteintes à l’appareil de reproduction à plusieurs autres maladies chroniques en augmentation constante, notamment l’obésité. Par ailleurs, les études sur les effets de mélanges de phtalates [[Pour plus d’informations sur l’évaluation des risques à partir de mélanges, voir le rapport, « State of the Art report on Mixture Toxicity », par Andreas Kortenkamp, Thomas Backhaus, et Michael Faust, contractée par la Commission européenne DG Environnement.]] , à des doses couramment rencontrées dans l’environnement, montrent que c’est bien l’ensemble de cette famille chimique qu’il faut définitivement proscrire. Des cosmétiques aux dispositifs médicaux, ils sont encore omniprésents dans les produits de consommation ou comme contaminants de l’air intérieur. « Les phtalates ne sont pas persistants, et toute mesure de précaution aura des résultats immédiats pour la santé publique » commente Yannick Vicaire « c’est aussi le cas de nombreux autres perturbateurs endocriniens. C’est pourquoi le RES presse le gouvernement d’agir de manière holistique en adoptant au plus vite une loi générale de protection de la population contre les perturbateurs hormonaux ». Le RES rappelle que l’alliance France-Danemark a déjà libéré les nourrissons de toute l’Europe de l’exposition au BPA via les biberons en polycarbonate, la Commission européenne ayant du s’aligner malgré l’avis de l’Autorité européenne de santé des aliments (EFSA). « C’est d’une telle dynamique dont les européens ont besoin pour que la part des maladies et des dépenses de santé imputable aux perturbateurs endocriniens – et donc évitable – soit ramenée à zéro » conclut Yannick Vicaire.