À 21 ans, Théo Hareng a mis ses études en pause pour réaliser un tour de France en auto-stop et sans argent à la rencontre d’initiatives écologiques et solidaires. Un voyage de 6 300 km au cours duquel il a rencontré de nombreux projets inspirants pour bâtir une société durable. Au programme : la ferme du Bec-Hellouin, la Frênaie, la Bascule Argoat, etc. Pour chaque destination, il présente son fonctionnement et ses enjeux, relate les expériences qu’il y a vécues et rend compte des réflexions qu’il a menées. Un récit de vie qui condense des propositions et actions, et qui suscite curiosité, espoir et joie !
Je fais partie de la génération Z qui sait que son avenir est en jeu.
Après les Z, ce seront les Alpha. L’alphabet grec reprend. Nous revenons au commencement, aux fondamentaux. Tout pousse à dire que les Z sont précurseurs d’un nouveau départ.
Nous bouleversons les codes, à l’instar de ces étudiants d’AgroParis Tech qui dénoncent des formations qui participent « aux ravages environnementaux et sociaux en cours ». Dans un discours mémorable, ils ont appelé leurs camarades de promotion à rejoindre des luttes écologiques ou paysannes, à s’installer en groupements agricoles ou à s’impliquer sur des zones à défendre plutôt que d’accepter un de « ces jobs destructeurs » pour lesquels ils sont formés.
Nous sommes des milliers chaque année a être destinés a de grandes études, des milliers à réaliser que cette voie pour « réussir sa vie » nous mène vers l’échec personnel et collectif et en conséquence, des milliers à choisir des modes de vie en rupture avec les injonctions sociétales.
Les mentalités changent. Des initiatives, qui conduisent à une métamorphose profonde de notre société, se développent et prouvent leur efficacité, notamment les nouveaux systèmes agricoles qui intègrent pleinement la faune et la flore.
Les lieux de « vivre ensemble », modèles d’égalité sociale et de respect environnemental, essaiment un peu partout. De nombreuses actions citoyennes tentent de faire barrage aux intentions expansives et climaticides des multinationales.
Pour continuer à vivre, nous devons inverser la tendance. « Sois le changement que tu veux voir dans le monde », disait Gandhi. La balle est dans notre camp. Autrement, qui le fera pour nous ?
J’en suis conscient depuis des années. Aussi, chaque geste de ma vie est réfléchi pour limiter les conséquences négatives de ma présence sur Terre. Pour autant, j’ai le sentiment que ce n’est plus suffisant, je stagne.
Cette certitude me pousse à passer à l’étape supérieure, je dois voir plus grand et collectivement. le décide de partir à la rencontre d’initiatives écologiques et solidaires, de me rendre sur ces lieux qui composent avec le vivant et de dialoguer avec les personnages qui les font vivre. Je ne doute pas que cela me permettra d’évoluer.
Au moment où naît ce désir de me lancer à la recherche des clés du changement, je suis en fac de biologie, écologie et développement durable. Je ne me vois pas interrompre mes études. Il me faudra trois ans pour mettre en œuvre ce projet, pendant lesquels je me documente sur le monde alternatif : agroécologie, écoconstruction, militantisme, spiritualité, vie en collectif.
Les livres, revues, films, vidéos et cartes représentent une source inépuisable d’inspiration. J’y rencontre virtuellement mes futures destinations. Cela entretient ma volonté d’entreprendre ce voyage autour de la France.
Licence en poche en juin 2021, je ne peux plus attendre pour vivre cette aventure. Une année de césure m’est accordée avant mon master. Je suis prêt pour le FReecolo Tour !
Mais où aller ? Comment ? Pourquoi ? Avec quel argent ?
J’ai recensé approximativement trois cents initiatives qui correspondent à mes critères de recherche et surtout à ma philosophie. Bien trop pour une année. Après quelques échanges par téléphone et mail, la liste s’est affinée. il m’en reste cinquante. À chaque réponse positive, je m’empresse de positionner une petite punaise sur la grande carte installée dans ma chambre. De quoi en rêver toutes les nuits !
Cette représentation spatiale des lieux m’est très utile pour m’organiser. Spatiale oui, mais pas temporelle. Comment la consulter et la mettre à jour lorsque je serai sur la route ? Bingo, le mouvement des Colibris‘ et le Permacooltour ont déjà conçu une openstreetmap : une carte disponible sur Internet à tout moment ou presque par toute personne intéressée. Je m’attelle à faire ma propre carte sur le même principe. Quelques clics et plusieurs journées de labeur me suffisent pour l’élaborer et rendre le tout esthétique.
Je rentre les coordonnées des lieux, je définis partiellement mon programme avec les mois de passage dans certaines régions en fonction du nombre d’alternatives. Cette disposition laisse ouverte la possibilité d’ajouter en chemin de nouvelles adresses dénichées grâce au bouche-à-oreille.
Je préviendrai chaque destination deux ou trois semaines avant mon arrivée. On ne peut pas débarquer comme ça à l’improviste !
Théo Hareng est « éco-aventurier » : il voyage de façon alternative, en France, pour nourrir son engagement en faveur d’un monde durable. Il est aussi engagé aux côtés de l’association Kokopelli, pour militer en faveur d’une autonomie paysanne et d’une alimentation saine et durable.
Préface de Patrick Baronnet, fondateur de la Maison Autonome, qui promeut l’autosuffisance écologique par des solutions innovantes et durables pour l’habitat.