Le Rassemblement pour la planète, né de la coopération de cinq ONG, Écologie sans frontières, Générations futures, Réseau environnement santé (RES), Respire et Robin des toits, a bien l’intention de s’inviter aux conférences sociale, environnementale et énergétique, annoncées par le gouvernement. Objectif : y défendre partout le lien santé/environnement.
Mi-juillet, la conférence sociale ; septembre, la conférence environnementale puis, sans date connue, la conférence énergétique. Ces grands rendez-vous annoncés par le gouvernement doivent rassembler les principaux acteurs institutionnels, économiques et syndicaux pour bâtir des stratégies dans chacun de ces domaines. Des associations citoyennes, associées dans le Rassemblement pour la planète présidé par Nadine Lauverjat (Générations futures), veulent dire leur mot et faire entendre leur expertise dans ces débats pour éviter qu’ils ne reconduisent le « modèle de prédation des ressources de la planète qui a été le modèle de développement des deux siècles passés ». La crise écologique qui en résulte est d’une « extrême gravité ». Et, aujourd’hui, au réchauffement climatique, à l’épuisement des ressources naturelles et à la chute de la biodiversité, il faut, selon ces associations, ajouter la crise sanitaire. Cancer, maladies cardiovasculaires, diabète et obésité, maladies respiratoires et maladies mentales : ces maladies chroniques sont devenues le « principal challenge auquel doit faire face l’humanité », selon l’OMS. Et, représentant 83 % des dépenses de santé en France, elles menacent notre système de protection sociale. Pour une « sortie de crise par le haut » Or « ces maladies trouvent majoritairement leur cause dans l’environnement moderne : alimentation déséquilibrée, pollutions, sédentarité, précarité sociale ». Conséquence, l’espérance de vie en bonne santé stagne en France et même diminue dans certains pays européens. Au moment où tous les pays européens décident de reculer l’âge de la retraite, ce « fait majeur, curieusement, n´a pas été mis dans le débat public ». Le Rassemblement pour la planète voit dans le changement politique en France « une formidable opportunité ». Les conférences annoncées pourraient être l’occasion d’amorcer « une sortie de crise par le haut », en n’ignorant plus le lien entre environnement, social et énergie, dont la santé est le dénominateur commun : « On veut des Français en bonne santé plutôt que mieux remboursés ! » Il faudra également, préoccupation chère à André Cicollela, du Réseau environnement santé, « revoir la place de la science pour la mettre au service des citoyens et non à celui d’un modèle de développement prédateur et mortifère ». Un objectif à défendre dans une future conférence sur la recherche et l’enseignement. – Lors d’une conférence de presse tenue le 3 juillet 2012 à Paris, l’association a présenté son Manifeste qui fixe sa philosophie, ainsi que ses premières propositions : une loi, 4 axes et 25 idées pour réformer la sécurité sanitaire. – Déçues par les maigres suites du Grenelle de l’environnement ainsi que par le flop de Rio+20, les ONG ne baissent pas les bras. Elles tenteront de se faire accepter par les débatteurs « officiels », ministères, institutions, organismes représentatifs et entreprises, qui goûtent très modérément les débats publics contradictoires. Les responsables du « changement » promis sauront-il les accueillir plus largement ? En effet, le gouvernement précédent avait singulièrement réduit les possibilités, pour les associations écologistes, de participer à la politique de l’environnement en fixant par décret (du 12 juillet 2011) une procédure d’agrément beaucoup plus sévère. Ce qui a eu pour résultat d’exclure un grand nombre d’associations d’experts qui avaient pourtant joué un rôle essentiel de lanceur d´alerte environnementale : Cniid, inf’OGM, Criirem, Criigen, Générations futures, Réseau environnement santé, etc. Plusieurs d’entre elles ont même déposé un recours contentieux devant le Conseil d’État pour demander l´annulation de ce texte. L’autre difficulté qu’aura à surmonter le Rassemblement pour la planète est la résistance que ne manqueront pas de lui opposer les associations patronales (souvent en conflit avec ces associations sur le terrain), les syndicats (qui voient d’un mauvais œil une concurrence contestataire) et surtout le lobby médical (qui fait tout pour que la moindre question concernant la santé lui soit exclusivement réservée).