Après le secteur des télécommunications, c’est au tour du marché de l’électricité de s’ouvrir à la concurrence. À partir du 1er juillet 2007, les 28 millions d’abonnés d’EDF vont avoir la possibilité de changer de fournisseur. Direct énergie, EDF, Electrabel, Enercoop, Gaz de France, GEG Sources d’énergies, Poweo et peut-être d’autres encore : entre, ces nouveaux opérateurs, la concurrence promet d’être rude. En ce qui concerne les prix, bien sûr, mais aussi par rapport au respect de l’environnement. Car les nouveaux venus sur le marché de l’électricité vont sans nul doute rivaliser d’offres dites « vertes ».
L’énergie « verte » désigne l’électricité issue de sources renouvelables, comme la petite hydraulique, l’éolien, la géothermie, le solaire ou la biomasse. Mais la plupart de ces offres « vertes » risquent d’être davantage une bonne affaire pour les fournisseurs que pour l’environnement. À l’heure où l’écologie est aussi devenue un argument marketing, il est nécessaire de débusquer les impostures… Voilà pourquoi Greenpeace propose Écolo Watt, un système de notation des différents fournisseurs. L’objectif est double : d’abord aider les consommateurs à s’y retrouver et éclairer leur choix, et ensuite mettre en valeur les opérateurs qui adoptent une démarche résolument écologique et les pousser ainsi à adapter leur politique énergétique et les services qu’ils proposent à des exigences plus fortes en matière de respect de l’environnement. Le classement Ecolo Watt Le comparatif Écolo Watt de Greenpeace révèle de fortes disparités entre les opérateurs. Enercoop apparaît de très loin comme le seul à proposer aux consommateurs une offre écologique sérieuse. À part GEG Sources d’énergies, qui atteint un niveau moyen, tous les autres fournisseurs réalisent des performances globales mauvaises, voire catastrophiques. Des résultats guère étonnants tant la France suit une politique énergétique peu durable. Plus de 70 % de l’énergie consommée provient de combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon). Le nucléaire assure la production d’environ 80 % de notre électricité (mais ne représente que 16 % de notre consommation d’énergie). Quant aux renouvelables, elles couvrent moins de 10 % de nos besoins énergétiques. Une piètre performance, qui classe la France en queue du peloton européen des utilisateurs d’énergies propres. Malgré un système de production électrique dominé par le nucléaire – et même si elles sont légèrement moins élevées que celles de nos voisins –, nos émissions de CO2 restent beaucoup trop importantes (563 millions de tonnes de CO2 en 2005). Le recours au nucléaire accroît les risques de catastrophe majeure, rend la France dépendante des pays producteurs d’uranium (principalement le Niger et le Canada) et provoque l’accumulation des déchets radioactifs, dont on ne sait que faire et qui resteront dangereux pendant des centaines de milliers d’années. Le tout-nucléaire a aussi donné aux Français de très mauvaises habitudes de consommation. Ainsi, si les Américains restent les plus gourmands en énergie, en matière d’électricité, un Français consomme plus encore qu’un Californien ! Répondre à l’urgence écologique passe par deux grandes priorités qui font aujourd’hui consensus au niveau international comme européen. Il nous faut être à la fois plus sobre et plus efficace dans notre utilisation de l’énergie et, en même temps, développer massivement les renouvelables. Seul ce scénario est à même d’assurer un avenir durable à la planète. Au niveau mondial, il est possible et réaliste de diviser par deux nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 sans recourir aux technologies dangereuses et peu respectueuses de l’environnement que sont le stockage de carbone ou le nucléaire. Il est aussi possible d’agir chez soi. Opter pour un fournisseur d’énergie bien noté par Écolo Watt, c’est faire la révolution énergétique à la maison !